9 - Débriefing
Nathan
Nina a le don de me faire sortir de mes gonds. J'ai pris mon pied comme rarement il m'a été donné de ressentir avec une fille et, parce que Madame est complexée, elle me fait une scène d'une grande puérilité. Et elle ose me parler de maturité, elle est gonflée ! En plus, je ne comprends vraiment pas pourquoi elle fait une fixette sur son ventre, il n'est pas gros, elle exagère. Même, je le trouve plutôt adorable, moi, son petit ventre sexy... voire bandant !
Quand je repense au moment qu'on vient de partager, j'ai envie de la basculer sur mon épaule et de la jeter sous la douche. Moi, accroupi entre ses cuisses, on verra bien si elle préfère cacher son ventre ou occuper ses mains à appuyer sur ma tête pour que je la lèche plus activement.
Absorbé par cette charmante idée, je suis soudain alerté par l'air paniqué que prend Nina en regardant sa montre. Putain, mais quelle heure il est ? Avec tout ça, j'ai complètement zappé le débriefe de seize heures. Si j'ai loupé le créneau, le coach va me tuer. Je délaisse ma belle boudeuse et me précipite sur mon iPhone : seize heures quarante-cinq.
Visiblement, Thomas a cherché à me contacter, mais mon téléphone était en silencieux. Je ne prends pas le temps d'écouter ses messages et rappelle aussitôt mon ami. Il m'explique que tous les entraînements sont annulés et que les matchs de championnat sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. On doit rester en confinement, d'autant que Rico, joueur de l'équipe B, a été testé positif au Coronavirus. Comme pour tous les gens malades, tant qu'il n'y a pas de complications pulmonaires, il devra demeurer chez lui, en quarantaine, enfin... quarantaine de quatorze jours.
— J'espère qu'il est l'unique malade du groupe et que ce couillon ne nous a pas tous contaminés, renchérit Thomas. Hugo est optimiste, vu qu'il ne l'a pas fait participer au dernier déplacement. N'empêche, surveille de ton côté si tu ne ressens pas des symptômes, on n'est jamais trop prudent. Apparemment, le pauvre Rico morfle pas mal. C'est dingue comment un petit microbe peut avoir comme répercussion sur un athlète aussi gaillard que lui. Donc méfiance, mec, reste bien isolé.
Thomas m'explique aussi que le coach a détaillé ses consignes et transmis tout un programme de maintien en condition physique par mail.
— Au fait, je te conseille de faire le plein de bouffe. On ne sait pas combien de temps ça va durer.
Je dois avoir l'air bizarre au bout de la ligne, car il s'inquiète soudain de ma santé, et quand je le rassure, il me demande si je suis entré en hibernation à l'issue de l'entraînement d'hier matin, vu que j'ai l'air de débarquer d'une autre planète.
Thomas et son don pour mettre les pieds dans le plat ! Je commence à bafouiller une excuse lorsqu'il me stoppe net, semblant subitement se souvenir de mon rencard. À force de trouver des prétextes pour éviter les soirées, il a bien fallu que je lui parle un peu de Nina. Je décide donc de ne rien lui cacher – enfin uniquement ce qui est racontable. Quand je finis mon bref exposé de la situation, un rire tonitruant s'échappe de l'appareil pour venir transpercer mon tympan.
J'adore ce type, une vraie force de la nature, authentique basque au cœur sur la main. Le genre de mec que tu peux appeler à deux heures du matin et qui répondra toujours présent pour t'écouter ou t'aider. Une solide amitié nous lie depuis plusieurs années maintenant sans un seul accroc pour venir la ternir.
— Bon courage, Nathan. Toi qui n'as pas l'habitude de ramener un flirt chez toi, ce n'est pas trop pénible de te retrouver bloqué avec cette nana ? C'est un truc de fou ce confinement quand même ! Au fait, comment se passe la cohabitation avec les filles, du coup ?
— Ça va, je te rassure sur Nina, sa compagnie est loin d'être une torture, répliqué-je en baissant la voix pour éviter que la principale intéressée n'entende mes propos. Quant à Mathilde et Jess, elles ont eu le nez fin sur ce coup là. Tu sais pour leur voyage à l'île Maurice, et bien, elles ont décollé samedi dernier et doivent être sur une plage de carte postale, les doigts de pieds en éventail.
— Le coup de chance ! Pour un peu, elles ne pouvaient pas quitter la France. Bon, je te laisse. Tu leur passeras le bonjour à l'occas' si tu les as au téléphone. La bisette, mon poulet. Et surtout, amuse-toi bien, chanceux. Bon sport en chambre !
Il raccroche, hilare, satisfait de sa plaisanterie.
Nina
Au moment où je souhaite solliciter l'aide de Nathan pour trouver des numéros, je le vois se précipiter sur son iPhone et entamer une conversation passionnante ayant le rugby pour sujet principal . Je décide donc d'aller me savonner - seule ! - sous la grande douche italienne comme il me l'a si bien conseillé. J'espère que cela va me détendre.
Si je résume le contexte, pendant que je batifolais hier avec un charmant et néanmoins agaçant jeune homme, le monde s'écroulait et m'empêchait de rentrer chez moi en m'interdisant de poser mes fesses dans un train. Puis mon sac à main s'est mystérieusement volatilisé, me privant, cette fois-ci, de toutes possibilités de communication avec ma famille et mes amis. Le tout saupoudré de parties de jambes en l'air, coup de poing, course, et perte de tous papiers d'identification et de moyens financiers.
Tu m'étonnes que j'aie besoin de me détendre. Je n'ai jamais été dans ce genre de situation, mais Nathan a raison, il faut rester optimiste... Euh, oui, je veux bien, mais là, en fait, je ne vois pas trop où est le côté optimiste de la chose. Je finis d'ôter mes vêtements. Ça va vite, un chemisier entièrement déboutonné, une petite culotte déjà dans la main.
Juste avant de me placer sous le pommeau de douche, mon radar se met en alerte en entendant Nathan prononcer les prénoms de Mathilde et Jess.
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