3 - Préparatifs

Nina

Je le regarde, un peu perdue, et d'instinct il vient mettre ses bras protecteurs autour de moi. Je me love contre son torse ferme. La fine épaisseur de son T-shirt blanc laisse passer une douce chaleur réconfortante ; j'entends son cœur battre à un rythme régulier, tandis que le mien semble s'accélérer, comme s'il voulait sortir de ma poitrine. C'est fou l'effet qu'il produit sur moi. Même angoissée, j'ai envie de lui.

Qu'est-ce qui m'arrive, il faut que je rentre chez moi !

Il soulève mon visage vers lui, maintient mon menton entre son pouce et son index, puis, lentement, s'incline délicatement vers le mien. Je sens alors la caresse de son souffle sur mes paupières que je tiens mi closes. Dans l'attente de son baiser, mes lèvres s'entrouvrent, puis arrive cette boule de feu qui grandit au creux de mon bas-ventre lorsque les siennes se posent sur ma bouche.

Une étreinte douce, chaude et sensuelle, qui aurait dû nous transporter jusque dans son lit au milieu de sa chambre. Mais il y met fin si soudainement qu'un hoquet, mi surprise, mi déception, s'échappe de ma gorge. Ses yeux bleus sont parsemés d'éclats verts alors que je sais, après avoir passé tant de temps à mater ses photos, qu'ils devraient être d'un bleu limpide. Puis, il prononce d'une voix rauque dans laquelle semble flotter un soupçon de regret :

- Allez, file, Nina. Rassemble tes affaires, je crois qu'on se passera du déjeuner de quatorze heures. Le plus urgent, c'est que tu ne loupes pas ton train.

Punaise ! L'horloge de sa cuisine m'indique qu'il est quatorze heures quarante ! Je ne file pas, je détale. Dans ma précipitation, je manque de trébucher dans les quatre marches qui délimitent le salon du couloir qui mène au coin nuit. Aussitôt, je surprends son rire moqueur dans mon dos, ce qui, bizarrement, déclenche une vague de désir au creux de mes reins. Non mais ! Je me retourne, lui lance un regard noir, puis lui tire la langue, ce qui a pour effet de redoubler son hilarité.

Bon sang, j'aurais donné cher pour prolonger mon séjour et passer quelques jours supplémentaires en sa compagnie. Ce mec me fait fondre. Il est tellement sexy avec son jogging, descendu bas sur ses hanches, son T-shirt qui moule ses biceps et son air de bad-boy.

Nathan n'a pas un visage parfait ni symétrique d'ailleurs. Il m'a expliqué dans nos innombrables conversations sur MB.Y qu'il devait sa cicatrice à l'arcade sourcilière - carrément craquante - à de nombreux chocs reçus lors d'entraînements ou de rencontres sportives. Quant à sa cloison nasale légèrement déviée, elle fait suite à un accident de baie vitrée quand il était enfant.

Donc, cascades et rugby ont aidé à façonner cette plastique de rêve. J'ai lu dans une revue féminine que « les imperfections font le charme d'une personne » et je réalise qu'avec son nez cassé et sa plaque de ferraille à l'arcade - note à moi-même, ne jamais passer de portique de détection avec lui -, Nathan illustre parfaitement bien cet article.

Heureusement, il n'a pas les oreilles abîmées comme certains joueurs que j'ai pu voir à la télévision. Il fait du rugby depuis l'âge de treize ans. En amateur d'abord, puis en semi-professionnel maintenant. Tu m'étonnes qu'il soit autant musclé. Un véritable athlète, "un beau poulet élevé au grain" comme dirait mon père, plus fana de football que de rugby.

Mes parents ! Élise m'a appris que, même, l'outre-mer était concernée par le confinement.

Je redescends de mon nuage, contemple une fois encore Nathan, qui m'observe d'un regard sombre, énigmatique, puis je tourne les talons pour filer faire mon sac comme me l'a conseillé mon Dieu du stade.

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