11 - Quiproquo

     Nathan

     Je lui tends l'ordinateur et l'écoute m'expliquer de quelle manière elle peut entrer en contact avec sa famille. Au lieu de me réjouir, ça me donne l'impression qu'elle va disparaître. Étrange comme sensation, alors que, ce matin même, je détestais l'idée de son squattage ici. Je ne sais pas pourquoi je pense ça. Je n'ai découvert Nina qu'hier, et pourtant, ce sentiment d'abandon qui m'étreint est perturbant, comme si...

     Non ! Ce n'est pas ma petite copine et trois mois de tchats n'y changent rien. Mais quitte à rester coincé les deux semaines, autant les passer avec elle. Après tout, c'est plus agréable que de tourner en rond tout seul dans l'appart. D'ailleurs, en y réfléchissant, je ne vois pas comment elle pourrait partir si il n'y a aucun moyen de circuler sur une grande distance, d'après ce qu'ils disent à la télé.

     Première chose, lui dénicher des vêtements... facile ! J'imagine que les filles ne m'en voudront pas.

     — Tu trouveras tout pour t'habiller dans la chambre de Mathilde. Elle fait à peu près ta taille. Je la préviendrai au cas où, mais je suis sûr qu'elle ne refusera pas de t'aider.

     La tête de Nina quand je dis ça ! Son visage devient hostile, une lueur de colère flamboie dans ses yeux. Si elle avait une mitraillette à la place de ses pupilles rétrécies, elle me trouerait le corps d'une dizaine d'impacts, c'est sûr. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

     J'attends une explication à son brusque changement d'humeur, mais Nina demeure silencieuse, fermée et boudeuse. Tiens donc, "Princesse" fait sa précieuse et refuse de porter les fringues d'une autre fille. Elle ne donnait pas cette impression sur MB.Y. Ou alors, si ça se trouve, j'abrite une dangereuse déséquilibrée mentale qui communiquait avec moi depuis un asile psychiatrique ?!

     C'est tellement déconcertant que j'entrevois cette explication comme quasi plausible ! Finalement, ce n'est peut-être pas si mal si son véto vient la chercher dare-dare. Je ne vais pas rester deux semaines avec une zinzin, aussi sexy soit-elle, qui a de telles sautes d'humeur. 

     — Bon, tu m'expliques ou il va falloir que je devine ?

     Avec un petit air pincé, elle commence par m'accuser d'être un menteur. Non seulement un menteur, mais doublé d'un vrai salopard ?! Alors là, soit elle développe, soit je la mets dehors. Je ne vais pas me laisser traiter de la sorte sans réagir. Je bous de colère, serrant les poings pour éviter de tout balancer, l'ordinateur en premier.

     — Que tu aies une nana, ça te regarde, mais que tu profites de son absence pour baiser sous son toit, franchement, faut pas être très net ! C'est toi qui a choisi la date de notre rencontre. Excuse-moi mais je trouve ça pitoyable.

     Ça y est, je comprends ! Elle a dû m'entendre quand je parlais au téléphone avec Thomas du voyage de Mathilde et de Jessica. Elle n'envisage tout de même pas que mes colloques sont avec moi. Quoi, on formerait un trouple ?! Devant l'incongruité de la situation, ma colère redescend d'un coup. J'ai presque envie d'en rire, mais, face à l'explosion de Nina, je me sens obligé de lui donner de suite des explications claires afin de stopper ce quiproquo.

     — Écoute, on vit à trois dans mon appartement. En co-lo-ca-tion. Une des piaules est occupée par deux filles super canon qui, bien qu'elles soient des amies proches, n'apprécieraient pas du tout que je squatte leur lit. Aucune place pour un homme. Et même si je n'ai pas à me justifier, Princesse, je peux te jurer qu'elles sont lesbiennes jusqu'au bout des ongles. Voilà pourquoi, je sais qu'il y a dans cette pièce une armoire qui déborde de fringues qui iront plus à toi qu'à moi. 

     Nina reste silencieuse, mais je constate à sa mine déconfite qu'elle est morte de honte, et je ne peux m'empêcher d'enfoncer un peu plus le clou.

     — Donc, si ça ne gêne pas Sa Majesté de s'habiller avec des vêtements déjà portés, tu devrais trouver ton bonheur dans leur repère qui se situe à l'extrémité du couloir, côté gauche. Et pour ton information personnelle, la chambre en face de la mienne est inoccupée, elle est dédiée aux amis. Ne va surtout pas t'imaginer que j'y installe mon harem.

     Je sais, j'abuse de la mettre dans cette situation, mais elle l'a bien cherché et, franchement, ça m'amuse de lui clouer le bec. Je dois bien avouer qu'au fond de moi, je suis perturbé. Si ce n'était pas une crise de jalousie, certes mal placée, ça y ressemblait fortement. J'ai conscience que Nina met de l'importance à notre ébauche de relation et cela me dérange.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top