4. Réveil brûmeux

Jerry avait dû passer une belle soirée, bien que ces souvenirs étaient trop altérées pour qu'il puisse le certifier. Lorsqu'il se réveilla en ce mardi matin, l'odeur de sa sueur aromatisé à la bière bon marché s'était en partie dilué dans une pièce plutôt grande et aérée pour la région parisienne (plus de douze mètres carrés et une fenêtre, un véritable luxe). Lorsqu'il comprit que la propriétaire de l'appartement n'était pas à côté de lui, et qu'il y avait donc potentiellement plusieurs pièces, il se crût dans la demeure d'une grande héritière.

Sans vraiment vouloir quitter la couette blanche, il tâtonna sur les bords du lit pour trouver ses vêtements. Il sourit en mettant la main sur son téléphone, et grogna quand il s'aperçut que celui-ci n'avait plus de batterie. En désespoir de cause, il chercha la prise la plus proche dans l'espoir d'emprunter le chargeur de la personne avec qui il avait passé la nuit. Sur la table de nuit était posé un joli Iphone, qui devait coûter un rein. Impossible d'espérer une moindre compatibilité.

Tandis que Jerry grognait, imaginant la rencontre inopportune entre une batte de base-ball trempée dans la harissa et les orifices des ingénieurs de la Pomme, il essaya machinalement d'ouvrir le téléphone de la belle, ce disant qu'une vague information sur ne serait-ce que son nom, valait bien le non respect de sa vie privée. Si le mot de passe permis de protéger l'historique de la belle, notre gentlemen avait pu voir une photo de trois filles qui le dévisageait en faisant le duckface le plus outrancier qu'il n'ait jamais vu. Encore un peu et les amygdales se trouvaient devant.

Une blonde, une brune et une rousse. Jerry leur aurait mis au minimum 17 sur 20, ce qu'il considérait comme une bonne nouvelle vue que ses récentes cuites lui avait fait baisser méchamment sa moyenne. Oui, c'était le genre de mec qui avait un tableur. La mauvaise nouvelle, c'est qu'aucun des trois visages ne lui semblait familier. Ayant peur de commettre une boulette quand il faudra reparler à la personne, il se leva en grognant à cause de son mal de crâne et décida de ranger le plus silencieusement ses affaires. Sa seule inquiétude en ce moment était de déterminer sa position, et donc celle du RER le plus proche.

Il tomba sur Béa en ouvrant la porte. La brune donc. Avec son short moulant et son t-shirt rose, légèrement penchée sur sa gazinière, elle mêlait l'innocence de la girl next door avec la perversité de Megan Fox – enfin... Megan Fox il y a près de quinze ans, filmé par le libidineux Michael Bay. Elle l'avait observé l'admirer du coin de l'œil, attendant secrètement qu'il veuille bien quitter l'appartement. Le physique du mâle dominateur prenant un sacré coup après une méchante cuite, elle n'était même pas sur de le ranger dans le top 10 de ces meilleures coups. Comme il ne partait pas, elle finit par lui sussurer :

« Bon ? Qu'est ce que tu attends pour te casser ? »

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