1. Béa
En cette fin de matinée, Béa avait un gros dilemme à surmonter : choisir entre le petit top rouge qui allait trop bien avec sa veste Jennyfer, mais pouvait s'avérer un peu léger par le temps plutôt frisquet de mars, ou le gilet noir acheté à Barbès, dont les deux C entrecroisés lui faisait se sentir immanquablement belle et en confiance. Elle changea ainsi plusieurs fois de tenues devant son miroir, passant de l'un à l'autre sans arriver à se décider.
Alors qu'elle se retrouvait pour la dixième fois en sous-vêtement, elle soupira en apercevant son grain de beauté qu'elle jugeait particulièrement disgracieux. En fait, elle n'aimait pas son corps qu'elle jugeait vraiment hideux, avec ses trois kilos en trop et son derrière trop plat. Elle s'était pendant un temps mis au sport, mais une nature horriblement sadique lui faisait prendre des muscles uniquement au niveau des bras, la transformant en gymnaste Est-Allemande après seulement cinquante burpees et trente squats. Le seul élément de son corps qui trouvait grâce à ses yeux était sa bouche, qu'elle gardait généralement entrouverte quand elle rencontrait un garçon qui lui plaisait. Ce tic, qu'elle avait piqué à Kristen Stewart, aurait dû selon ses estimations lui apporté rapidement le grand amour. Elle attendait encore.
Au fond d'elle-même, elle savait que son caractère était le frein principale à sa vie sentimentale. Sa meilleure amie, Manon, lui avait pourtant bien dit : « Bestie Béa, arrête de faire ton intelligente. Cela fait peur aux mecs. » Tout d'abord, elle ne l'avait pas crue, hypnotisée par l'allitération en b, se demandant si ses parents avaient choisies son prénom pour cette raison. Mais finalement elle devait se faire une raison : elle était trop rebelle pour supporter la vie de couple. Déjà lorsque Chahine avait été cueillie à la fin du cours pour être renvoyé dans son obscur village moyen-oriental, elle s'était exprimé à voix haute : « Quand-même, c'est dégueulasse ! » et elle était sur que le rang derrière elle l'avait entendue. Cela n'empêcha pas cette ingrate de ne jamais lui envoyé une carte postale du Kurdistan Syrien, diminuant ainsi drastiquement les ambitions humanistes de notre sauveuse blanche. Surtout elle avait l'impression que ses amies l'évitaient comme une pestiférée depuis l'incident, et que le nombre de mec qu'elle rencontrait avait diminué.
Elle soupira en s'imaginant comment expliquer à sa mère qu'elle risquera de finir jeune fille. Elle avait décidé que le temps était finalement trop froid, et l'occasion trop faible pour qu'elle mette quelque chose de moins enveloppant qu'un gros pull en laine beige à col mao, qui lui cachait intégralement le corps. La suite était toute trouvée : elle enfila finalement un blue jean skinny, le même que tout les jours qui était tellement près du corps qu'il transformait ses cuisses plutôt menues en de beaux jambonneaux. Ne pas oublier sa ceinture en cuir véritable qu'elle adorait pour sa boucle argentée, de hautes bottes également en cuir, car avec son mètre soixante-douze, elle ne pouvait décemment par sortir sans talons, et surtout son bracelet contre l'exploitation animale, dont elle se séparait jamais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top