18 : « Maillot. »

-Enlever quoi ? je fronce les sourcils, me concentrant du mieux que je peux sur le visage de Victoria, qui semble blessée.

-Ton maillot. T'arrives même plus à me regarder depuis que je l'ai enfilé et je comprends, elle hausse les épaules, voir son maillot porté par quelqu'un comme moi, ça doit pas être la meilleure vue au monde.

Elle commence à quitter la cuisine, mais je suis plus rapide qu'elle. J'abandonne mon frigo ouvert pour lui attraper la main.

-Attends.

Elle relève les yeux vers moi et là, je ne peux vraiment plus rien faire.

J'essaie de me souvenir à partir de quand la situation a dérapé comme ça. À partir de quel moment je me suis retrouvé avec cette fille au milieu de ma cuisine, mon maillot sur le dos. J'essaie de me souvenir à partir de quel moment j'ai commencé à me dire que j'avais envie de la porter jusqu'à mon lit et de lui enlever ce maillot.

-Quoi ? elle dit, agacée, et je retrouve un peu la Victoria que je connais. La forte tête qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et que j'agace juste par ma présence.

-Garde-le, s'il te plaît. Il te va mieux qu'à moi.

-Si t'avais pas fait carrière dans le foot, t'aurais pu être loveur, elle hausse un sourcil, et je ne peux pas m'empêcher de sourire.

-Ouais ? Tu serais tombée sous mon charme ?

-Pas volontairement.

-Mmh. Un peu comme quand tu t'es évanouie.

Elle me fusille du regard, fidèle à elle-même. Mais parler de cet incident me fera toujours plaisir.

-Tu veux m'aider ? je lui propose en sortant les tranches de pain de mie du sac, et elle se mord la lèvre.

-Bah, oui, mais je...je sais pas faire.

Je souris avant de lui expliquer, et elle hoche la tête avant de s'y mettre, concentrée. Dix minutes plus tard, je les mets au four, et elle se tourne vers moi.

-T'es sûr que tu veux pas que je te le rende ? elle me demande en me parlant du maillot, et je secoue la tête.

-Je te l'ai dit, il te va mieux qu'à moi.

-Pourquoi t'es gentil ?

-J'ai toujours été gentil. C'est toi qui es anormalement gentille.

-Je sais, elle fait la grimace. Je suis sympa avec Pavard, elle dit d'un air tragique. Mais tu m'accueilles chez toi alors c'est pas comme si je pouvais faire la maligne. Mais t'inquiètes pas, Victoria la cynique sera bientôt de retour.

-Hey, je t'ai lavé tes vêtements, il me dit, et je hausse un sourcil en voyant qu'il reste planté devant la porte.

-Tu peux entrer, tu sais.

Il s'approche et me tend mon jean et mon tee-shirt, et je le remercie. Quand il m'a demandé mon linge sale la veille, je me suis dit que lui filer mes sous-vêtements à laver était une mauvaise idée, alors je les aie lavés à la main.

-Tiens, il dit, et je me fige en voyant qu'il me tend un billet de 50 €.

-C'est pas à moi, je dis, posant mes vêtements sur mon lit.

-Je sais bien, mais je te les donne. Je me suis dit que tu voulais peut-être t'acheter des vêtements ou quelque chose, il hausse les épaules.

Automatiquement, mon esprit repense à ce que cette femme dans la boutique de parfum m'a dit. Pavard m'a défendu, mais est-ce qu'au fond, il était d'accord avec elle et c'est pour ça qu'il me file son argent ?

-Tu penses que je devrais apprendre à me maquiller ? je demande sans réfléchir, et il fronce les sourcils.

C'est la question la plus pétée que je n'ai jamais posée. Il a clairement autre chose à faire qu'avoir un avis sur ça, ou quoi que ce soit d'autre concernant ma minable vie.

-Pourquoi faire ?

Je plisse les yeux, prise de court.

-Pour être plus...présentable. Potable.

Il hausse les épaules.

-Si t'as envie de le faire, pourquoi pas. Mais...je trouve que ce ne serait pas vraiment du Victoria.

-C'est quoi du Victoria, alors ? je demande, amusée.

-C'est quelqu'un qui porte pas de maquillage parce que ça l'intéresse pas. Et elle est très jolie comme ça. Et puis c'est quelqu'un qui se fiche bien de la remarque puérile sur son physique qu'a pu lui faire une vendeuse frustrée.

J'aurais dû savoir que le suivre chez lui me mènerait à ma perte. Je commençais à m'attacher à lui avant, mais là, c'est de pire en pire. Non seulement il n'arrête pas de dire des trucs mignons--qu'il ne pense pas forcément, mais il essaie de me remonter le moral, j'imagine--, mais en plus, il commence à me cerner.

Et si l'ancienne Victoria aurait tout fait pour résister, celle-ci ne veut pas lutter. Parce que ça lui a manqué, d'avoir l'attention de quelqu'un.

-T'es pas obligée de l'utiliser, il dépose le billet sur la commode près de la porte, mais je te le laisse. Et j'en ai d'autres des comme ça si t'as besoin.

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