15 : « Rembourser. »
Mon arrivée une semaine avant la fin de mes vacances n'a pas fuitée, alors on arrive tranquillement à l'aéroport. Heureusement, parce que je me voyais mal expliquer à Victoria que tous ces gens étaient là pour me voir et qu'on allait devoir prendre un bain de foule pour rejoindre notre voiture.
Mon chauffeur nous dépose devant le portail qui protège ma maison, et je jette un coup d'œil vers Victoria. Elle est recroquevillée sur elle-même, comme si elle essayait de disparaître du mieux qu'elle pouvait. On entre, et là, je crois qu'elle réalise vraiment ce qui se passe.
-Tu habites avec combien de personnes ? elle demande, et je ris.
-J'ai un cuisinier et une femme de ménage, mais ils ne vivent pas ici, alors...je vis tout seul. Avec toi, maintenant.
Elle regarde partout autour d'elle, comme un enfant, ce qui me fait sourire.
-Viens, je vais te montrer ta chambre.
Je l'emmène vers les chambres d'amis et lui ouvre la porte de celle qui donne sur le jardin. C'est une chambre des plus basique, pourtant, Victoria semble absolument émerveillée.
-C'est un clin d'œil au parc et à mon arbre, la vue ? elle regarde par la fenêtre, et je ris.
-On peut dire ça, je dis, profitant du fait que pour le moment, elle est tellement perturbée par les changements qu'elle n'est plus aussi cynique avec moi. Après une bonne nuit de soleil, elle redeviendra la Victoria froide et distante, alors autant en profiter un maximum.
Je lui fais visiter le reste de la maison rapidement avant de la laisser dans une des salles de bain--celle à côté de sa chambre--pour qu'elle puisse prendre sa douche. Quant à moi, je retourne dans mon salon et envoie un message à mes parents et dans les deux groupchats où sont respectivement mes coéquipiers en club et en équipe nationale pour les prévenir que je suis bien arrivé. Évidemment, j'omets de mentionner Victoria. Non pas parce que j'ai honte de l'avoir ramené avec moi, mais parce que pour le moment, ça ne les regarde pas.
-C'est bon.
Je me retourne et fronce les sourcils en voyant Victoria.
-Déjà ?! T'es super rapide ! je dis, et elle hausse les épaules. Victoria...tu sais que c'est pas comme au gymnase, ici. Tu peux rester sous l'eau pendant trente minutes si ça te chante. Puis tu as la salle de bain avec la douche massante et tout ça.
-C'est juste une douche dont le but est d'être propre, elle hausse les épaules, et je hoche la tête.
Il va lui falloir un moment pour réapprendre des choses basiques de la vie dans une maison.
-Et voilà le ciné, il me montre lorsqu'on passe en voiture, et je hoche la tête.
J'ai accepté--après un long débat--de monter dans une des voitures de Pavard pour qu'il me montre un peu les environs. Il m'a convaincu en me faisant remarquer que 1. Je ne serai pas complètement perdue la prochaine fois, quand je prendrais le bus, et 2. Il pourrait me montrer où se trouvait les endroits de mes offres d'emploi.
-Alors ? Tu penses quoi de la ville ?
-On dirait la France mais tout le monde parle Allemand.
-J'aurais pas dit mieux, il sourit, concentré sur la route, et même si tout à coup, j'ai follement envie de le regarder, je me concentre sur le paysage devant moi.
-Demain matin, j'irai me présenter à la boulangerie et j'accepterai le boulot. Enfin, la période d'essai qu'ils me proposent.
-C'est une super nouvelle, Pavard dit, et je n'ai pas besoin de le regarder pour savoir qu'il sourit.
Une fois de retour chez lui, je suis toujours aussi impressionnée par l'ampleur de cette maison. Je n'arrive pas à croire que je vais vivre ici pendant quelques mois--le moins longtemps possible--, je me sens comme dans un hôtel ou je n'ai même pas ma place.
-Mon cuisinier est toujours en vacances alors qu'est-ce que tu voudrais manger ?
Je ne réponds rien et attrape une vieille feuille qui traînait dans mon sac à dos.
-Combien ça t'a coûté, à peu près, de me faire faire le tour de la ville ?
-Quoi ? il rit. Le plein était déjà fait.
-J'ai juste besoin d'une fourchette. Et je vais avoir besoin de connaître les prix de tout ce que je vais manger pour pouvoir te rembourser dès que je le pourrais. Je ne me doucherai qu'à l'eau froide pour faire des économies.
Et là, il me regarde comme si j'étais une Martienne. Il n'a quand même pas cru que j'avais accepté de le suivre ici et que j'allais me transformer en personne qui prend tout ce qui vient à elle ?
-Je suis riche, Victoria, il me dit, et je hoche la tête.
-Ah oui oui, et moi, je suis pauvre. Chacun ses problèmes. On peut manger des pâtes, ça coupe la faim et c'est pas cher. Et je ne me souviens pas de la dernière fois que j'en ai mangé, j'ajoute, et il sourit.
Ça doit être épuisant, d'être Benjamin Pavard. Un rien le fait rire ou sourire.
-Très bien, va pour des pâtes. Je peux ajouter du poulet ou ça va être chaud ? il se moque, et je le fusille du regard.
Il est peut-être un minimum attachant, mais il n'en est pas moins pénible.
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