Chapitre 26
Longue, cette nuit le fut effectivement. Stiles la sentit passer – une bien piètre façon de dire qu'il l'avait bel et bien subie. Parce qu'il ne réussit pas à se diriger suffisamment bien pour trouver cette maudite salle de bain malgré de très nombreux essais. Prisonnier de ses ténèbres perpétuelles et d'une angoisse bien particulière, Stiles avait rapidement perdu le peu de repères qu'il pensait avoir dans sa tête... Si bien qu'il ne fit pas que ne pas trouver la salle de bain.
Il se perdit tout simplement dans ce loft dont il n'arrivait plus à situer la moindre pièce. Et cela le fit tant angoisser – un miracle qu'il n'ait pas souffert d'une crise de panique – qu'il ne pensa même pas à longer les murs pour retrouver le salon.
Non, à la place, il se laissa simplement glisser contre l'un d'eux et il resta là, assis, les jambes ramenées vers sa poitrine et entourées par ses bras. Si la lumière était allumée, l'on pourrait décrire la pâleur de sa peau, rendue encore plus claire par son stress, lequel le faisait se sentir complètement vulnérable.
Presque autant que lorsqu'il s'était retrouvé dans ce laboratoire sordide. Malheureusement, comme pour tout le reste, ses souvenirs à ce sujet perdirent en clarté, en netteté... Et en couleurs. Quoiqu'il n'en était pas grandement pourvu à la base. Le fait est que Stiles n'avait pas pu s'empêcher de faire la comparaison et le voilà qui s'imagina mille et unes choses... Un genre de scénario complotiste, au point que cela l'occupa le reste de la nuit. Bien sûr, il changea de position à plusieurs reprises mais resta dans son petit coin sans quitter le mur contre lequel il s'était retranché. Une solution de facilité qu'il n'avait pas envie de remplacer par une autre. Il était trop déboussolé, stressé. Capable de se contrôler, mais pas de réessayer de retrouver son chemin.
C'est pourtant endormi, allongé le dos contre ce fameux mur, que Derek le trouva en se levant... Car oui, Stiles avait fini par céder à l'épuisement. Angoisser et lutter contre une crise de panique, ça fatiguait grandement.
Bien sûr, Derek se précipita vers lui une fois qu'il le vit et la peur qu'il lui fit dans cette position le poussa à s'assurer qu'il allait bien... Ce qui fit que Stiles se réveilla en sursaut, les yeux exorbités, le cœur battant à un rythme des plus irréguliers. Derek l'avait surpris au point qu'il ne ressentit, sur le coup, pas la moindre courbature suite à ces quelques heures passées à dormir sur le plancher du loft.
- Mais qu'est-ce que tu fous là, maugréa le loup-garou en le prenant dans ses bras.
Ses mots suggéraient une question, au contraire de son ton mêlant le râlement et l'inquiétude. Puisque pour lui, il ne pesait pas bien lourd, Derek le souleva sans effort et se dirigea vers le salon. Non mais quelle idée de dormir dans le couloir...
- Lâche-moi, fit Stiles en grimaçant, je pue.
Derek leva les yeux au ciel sans répondre. S'il pensait vraiment que c'était ça qui le dérangeait, il se mettait le doigt dans l'œil. Stiles choisit toutefois de se débattre un peu, en vain : la poigne du loup-garou resta ferme. Et puis, d'un coup d'un seul, il retrouva le confort du canapé – visiblement, son retour dans son lit attendrait.
- Tu pourrais m'expliquer ce que tu faisais à dormir par terre ? Lui demanda Derek d'un ton sévère en croisant les bras sur son torse.
Il n'était pas mécontent au sens propre du terme. Disons qu'effectivement, le fait que Stiles se soit retrouvé dans cette situation lui déplaisait... Parce que cela signifiait qu'il s'était passé quelque chose dont il n'était pas au courant, et il n'aimait pas ça. Puis à côté de cela, il y avait cette inquiétude qu'il avait ressentie en le voyant : au départ, il l'avait cru en très mauvaise posture... Il avait même imaginé qu'il s'était évanoui là – et s'en était par extension voulu de n'avoir rien entendu. En résumé, il lui avait fait peur.
- J'ai paniqué, lui avoua Stiles sans détour.
Derek haussa un sourcil devant l'étonnante honnêteté de son invité qui laissa éclater dans son odeur quelque chose de vicieux – mais très parlant.
Il avait honte. Était-ce en rapport avec ce qu'il lui avait dit quand il le portait, à savoir qu'il puait ? D'ailleurs, Derek n'ayant pas incommodé par la fragrance qu'il dégageait, il eut bien du mal à comprendre pourquoi il lui avait dit cela.
- Et je peux savoir pourquoi ? S'enquit-il, perplexe.
- Je me suis perdu.
Derek avait si peu l'habitude d'un Stiles aussi coopératif qu'il mit un temps monstrueux à assimiler ses mots – et à trouver quoi lui répondre. Puis ce qu'il lui disait n'avait pas de sens au premier abord.
- Comment ça, perdu ?
Il n'en croyait limite pas ses oreilles. Ses yeux non plus, d'ailleurs. Le fait que l'hyperactif avait dormi par terre et cette idée le rendait malade. Et ce fut pire lorsque Stiles lui raconta sa mésaventure nocturne. Dans son histoire, rien n'allait – mais il comprenait tout de même mieux sa remarque quant à son odeur. Sauf que depuis, sa sueur avait séché et elle ne se sentait pas beaucoup, Stiles faisant partie de cette catégorie chanceuse de la population à ne pas souffrir de l'odeur qui pouvait survenir dans ce genre de moments. Par contre, l'inconfort qui résultait de sa sudation, il pouvait le ressentir sans problème... D'où son initiative de prendre une douche. Sur le principe, Derek le comprenait parfaitement, en revanche...
- Stiles, tu sais que tu possèdes des cordes vocales ? Lui demanda-t-il lentement, un sourcil haussé.
Il parlait à l'hyperactif comme si celui-ci avait des difficultés de compréhension alors que ce n'était pas le cas. D'ailleurs, il ne le faisait pas exprès, il était juste... Consterné. Le problème de l'hyperactif aurait pu être réglé en quelques minutes à peine : il suffisait qu'il l'appelle. Même sans crier, Derek l'aurait entendu et serait tout de suite venu l'aider. Mais dans sa promenade involontaire, Stiles avait eu la chance – ou la malchance, selon le point de vue que l'on désirait adopter –, de ne rien faire tomber, pas même le cadre représentant Laura, sur la commode. Même ça, ça aurait suffi à le réveiller.
- J'ai paniqué, lui avoua Stiles sans détour. J'arrivais pas à savoir où j'étais et... Je ne pouvais pas me repérer alors dans ma tête, ça faisait comme une espèce de cercle vicieux.
Et il le lui répéta chaque fois que Derek lui demanda – de multiples façons – pourquoi il ne l'avait guère appelé. Mais cette réponse, toujours la même, était bien malheureusement vraie. Parce que le loup-garou aurait aimé qu'il s'agisse d'un mensonge. Ainsi, il aurait pu obtenir de lui qu'il lui dise autre chose. Sauf que la vérité, c'était bien celle-là. Elle n'était toutefois pas complète mais ça, Derek ne pouvait pas le savoir.
Stiles avait passé la pire des nuits parce que la panique l'avait empêché de l'appeler – et qu'il avait également en grande partie eu peur de le déranger.
Alors Derek passa un temps monstrueux à lui expliquer que tant qu'il serait ici, il pourrait le « déranger » à sa guise. Il était hors de question pour lui qu'un épisode comme celui-ci se reproduise. Et tout cela, il le lui dit avec le ton le plus posé qu'il put sortir, parce que Stiles en avait besoin. Il n'était pas un enfant que l'on rabrouait à cause d'une bêtise qu'il aurait faite, mais un jeune homme perdu et, contrairement à ce qu'il voulait bien lui faire croire, pas encore totalement habitué à sa condition.
Derek prit alors sur lui et l'aida, toute la journée, à tenter d'apprendre à se repérer dans le loft en s'aidant de la configuration faite de tapis qu'il lui avait créée.
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