Chapitre 13


Dans ses souvenirs, le loft était gigantesque et sa hauteur de plafond, vertigineuse. Pour autant, Stiles s'y sentait étrangement à l'aise. La taille dantesque de l'appartement ne le dérangeait pas outre mesure alors que sa petite maison le comblait d'angoisses. Sans doute la présence de Derek changeait-elle les choses, parce que l'hyperactif se sentait... Apaisé, dans un sens. Forcément, l'idée d'habiter quelques jours ici le préoccupait, mais ça allait. Parce que pour la première fois depuis son retour à Beacon Hills, Stiles se sentait en sécurité. Il savait qu'ici, le bruit ne lui ferait pas peur, qu'ici... Il n'y aurait personne qui pourrait s'introduire à son insu : le système d'alarme du loft était fort sophistiqué et bien caché. Si l'on ajoutait à cela que Derek lui avait stipulé qu'il resterait avec lui... Oui, ça allait. D'ailleurs, il l'entendait. Depuis qu'ils étaient arrivés, Stiles attendait patiemment dans le salon, assis sur le canapé. Quoi ? Il ne savait pas. Il attendait, juste et n'osait pas le moins du monde parler, demander à Derek ce qu'il fabriquait. Parce que le loup allait et venait entre l'étage et le rez-de-chaussée de son loft. Parfois, Stiles l'entendait aller dans une pièce puis revenir, pour ensuite repartir en haut. Du reste, il ne comprenait pas son parcours et ne se voyait pas lui demander ce qu'il fabriquait, pour la simple et bonne raison qu'il trouvait cela passablement impoli. De manière générale... Même si savoir Derek présent lui faisait du bien, cela n'enlevait rien à sa gêne particulière.

Pour la première fois de sa vie, Stiles ne savait pas où se mettre. En temps normal, il aurait valsé à son tour entre les pièces, trouvant de quoi s'occuper et... Il aurait fait sa vie, tout simplement. Le problème, c'était que son handicap avait fait naître chez lui une timidité certaine, indéniable : quelque chose qui le poussait à vouloir rester silencieux, en retrait. Stiles voulait se faire oublier et même si c'était impossible dans la situation présente, il faisait de son mieux. Ne disait pas un mot. Respirait le plus doucement possible. Contrôlait comme il le pouvait les battements un peu désordonnés de son cœur.

Alors, il lutta contre son hyperactivité et s'empêcha de gigoter sur le canapé. Parce que bouger, c'était la seule chose qu'il pouvait réellement faire et s'il voulait éviter de déranger Derek... Il valait mieux qu'il soit sage comme une image. Par chance, il avait pensé à le prévenir de prendre son Adderall. Ainsi, il n'aurait qu'à doubler la dose et ainsi, ce serait plus facile. Son médecin ne le lui avait jamais conseillé, mais... Il avait déjà essayé, curieux d'en voir les effets et il n'avait rien constaté de particulier à part l'effet irrémédiable qu'il recherchait malgré tout. En doublant son traitement, Stiles serait simplement un peu mou. Ce n'était pas une sensation des plus agréables, mais l'hyperactif était prêt à la supporter. S'il ne passait qu'un après-midi chez Derek, sans doute n'aurait-il pas réfléchi à cela. Puisque son séjour devait durer quelques jours, il se dit qu'il s'agissait d'une bonne solution à son problème d'hyperactivité qui, il en était bien conscient, était peu agréable pour autrui. Stiles mentirait s'il disait ne pas se souvenir des remarques qu'on lui faisait régulièrement, autrefois : ce serait pire encore s'il disait que cela ne le touchait pas. Parce que c'était faux. Chaque pique lui faisait un mal indescriptible qui le poussait à user d'un vieux réflexe.

Ignorer le problème jusqu'à ce qu'il disparaisse.

En l'occurrence, son hyperactivité resterait toujours telle quelle, néanmoins... Certains de ses amis avaient fini par se lasser et arrêter de lui dire quoi que ce soit puisque de toute manière, Stiles ne pouvait pas changer. Il le voulait, parce que la chose n'était ni simple à gérer, ni agréable pour lui non plus. Certains avaient tendance à penser qu'il le faisait exprès, mais un trouble, ça n'était pas volontaire et Stiles avait toujours peiné à se contrôler.

Cette fois-ci ne faisait pas exception.

Stiles prenait sur lui à un point tel qu'il finirait bien vite épuisé. Cela se compterait bien évidemment en heures et ladite fatigue serait uniquement mentale, mais l'hyperactif devait bien cela au loup qui lui épargnerait la solitude pour ces prochains jours. Il fallait avouer qu'en le prenant chez lui, Derek lui enlevait plusieurs épines du pied. Celle d'avoir quelqu'un à qui parler une fois de temps en temps était agréable bien que le châtain n'irait pas faire discuter avec lui chaque fois qu'il en aurait besoin.

Et puis le temps passa. Combien ? Stiles ne saurait le dire. Ne rien y voir lui donnait toujours l'impression que chaque minute s'étirait à son maximum jusqu'à passer à la suivante. Puisque l'hyperactif ne pouvait pas faire grand-chose d'autre que penser, sa perception de ce concept des plus abstraits se retrouvait altérée. A force d'attendre il ne savait quoi, Stiles oublia que Derek allait et venait, montait et descendait, sans arrêt. Son principal challenge se résumait à une réflexion intensive de sorte à réduire au maximum ses tocs et cette envie difficilement répressible de bouger, de parler. Ainsi, il faisait abstraction de tout le reste.

Une main chaude posée sur son épaule le fit sursauter. Légèrement apeuré, Stiles revint brutalement dans le monde réel et attrapa cette main, sur laquelle ses doigts passèrent rapidement.

- Derek, rassure-moi, c'est bien toi ? L'appela-t-il, inquiet.

Il reconnaissait un peu ces callosités, oui, mais n'était pas réellement habitué à toucher le loup. Toutefois, il n'avait pu s'en empêcher.

- Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Lui répondit le loup dans un soupir qui semblait agacé.

- Bordel, tu sais toujours pas faire de bruit ? S'enquit Stiles, le cœur battant tant sa frayeur avait été réelle.

- Je t'ai appelé trois fois, tu ne m'as pas répondu.

Ah. Stiles oubliait parfois à quel point sa concentration pouvait être profonde et l'isoler du monde extérieur... Il s'excusa alors rapidement.

- Peu importe, viens, fit alors Derek sans avoir l'air de l'avoir écouté, ni même entendu.

Stiles se tendit. Se lever ne fut pas un problème : il avait beau ne pas voir quoi que ce soit, il parvenait à sentir son propre corps et, ainsi, à garder un certain équilibre. Loin d'être le meilleur, il restait néanmoins suffisant pour réussir à tenir debout. Son souci concernait la direction à prendre et les potentiels obstacles à passer. L'hyperactif fit de son mieux pour se remémorer l'aménagement du loft le plus précisément possible. Hélas, la vision mentale ne fut pas aussi claire qu'il l'espérait... Comme s'il avait déjà oublié une partie de ce qu'il avait l'habitude de voir autrefois. Embêté, il se mordit la lèvre inférieure sans savoir que son souci s'était peint sur son visage.

Doucement, une main chaude prit la sienne. Cette fois, Stiles parvint à ne pas sursauter et laissa le loup le tirer dans une direction qu'il ne saurait deviner. Peu à l'aise, l'hyperactif n'osa pas aller vite tant sa stabilité était relative. C'est alors que Derek prit son autre main pour mieux le soutenir. Il faisait comme lorsqu'ils avaient pénétré dans l'immeuble. Le souffle de l'humain se coupa une seconde.

- On y va doucement, à ton rythme.

Si la voix de Derek n'était pas vraiment douce et tenait plus du bougonnement qu'autre chose, elle eut au moins le mérite de rassurer un minimum l'hyperactif. Alors, il se laissa guider, tandis que la chaleur des mains de l'alpha s'infiltrait en lui de manière si agréable que Stiles se détendit. Cette fois, il fut plus à l'aise et progressa un peu plus rapidement que précédemment. Il y avait plusieurs raisons à cela : la manière dont Derek le tenait, veillant à l'aider à conserver son équilibre, mais également le fait que l'hyperactif... Lui faisait confiance. Dans un sens, il n'avait pas vraiment le choix, mais le fait était qu'il se sentait tranquille à ses côtés, alors... La chose se révélait fort simple à ses yeux. Et puis, il connaissait suffisamment Derek pour savoir que celui-ci ne chercherait ni à lui faire du mal, ni à le piéger. Plus que le lien de meute, Stiles savait que le Big Bad Wolf n'avait rien de méchant malgré cet air bougon qu'il se donnait la plupart du temps. Il s'agissait d'une façade, une image qu'il entretenait pour éviter qu'on essaie de le tromper. L'hyperactif était au courant de cela depuis bien longtemps. Analyser Derek Hale avait autrefois fait partie de ses passe-temps favoris.

- Je... Je reste combien de temps ici ? Demanda-t-il, brisant le silence ambiant.

Parler, même peu, l'aidait à éviter de penser à cette marche vers l'inconnu, d'autant plus qu'au final... Derek ne lui avait pas dit grand-chose à ce sujet-là.

- Le temps qu'il faudra, finit par répondre le loup-garou.

Et cette réponse, aussi floue soit-elle, satisfit l'hyperactif. Etrangement, ne pas connaître la durée précise de son séjour au loft le rassurait, peut-être parce que dans un sens... Il s'y sentait déjà bien.

Concentré sur la direction que lui imposait le loup, Stiles fut surpris de le sentir s'arrêter. De le sentir ses mains migrer, passer sur ses bras, d'effleurer ses épaules avant de se poser au creux de ses reins. Le cœur de l'hyperactif rata un battement tandis qu'il se retrouva presque collé au loup qui... L'aida à s'assoir sur une surface extrêmement basse. Ses fesses entrèrent en contact avec quelque chose de moelleux. Et sans même le voir, il sut que Derek venait de s'accroupir face à lui.

- Pour t'éviter les escaliers, je t'ai installé un lit ici. Je m'occuperai du sommier plus tard. En attendant tu as un bon matelas, les draps, les oreilles, la couette...

Et alors que Stiles commençait à perdre le fil tant la prévenance de Derek lui allait droit au cœur, les mains caleuses revinrent agripper les siennes avec une douceur étonnante. Le contact, léger, l'aidait à le situer. A lui montrer qu'il n'était pas seul. A lui signifier un « je suis là » des plus clairs. L'émotion le gagnant doucement, il resserra ses doigts sur ceux de son alpha. Un alpha qui se montrait bien plus doux avec lui qu'il ne l'aurait imaginé, tout en gardant son ton habituel.

Et encore, Stiles serait bien étonné s'il pouvait voir son visage.

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