告解 - part 2

Yibo me guida jusqu'à un vestiaire comportant seulement une dizaine de casiers et commença à se déshabiller entièrement devant moi. Je le regardai avec de gros yeux.

— Donc, l'activité que tu veux faire c'est... à poil ? ricanai-je nerveusement, de plus en plus perplexe.

Il secoua la tête en soupirant.

— Ai yo... tu peux pas me faire confiance deux minutes ? Sérieusement, Zhan ge.

— Je... j'ai pas envie de me mettre nu...

— Garde ton caleçon, alors. Il n'y a pas d'obligation.

Il prononça ces mots tout en retirant le sien. Je détournai un regard gêné et déglutis. Lui faire confiance, lui faire confiance... Je me gravai en tête l'idée que cette soirée ne se reproduirait pas et que je devais lui prouver ma bonne foi – c'était la moindre des choses après l'avoir pris pour un pervers...

J'ôtai mon survêtement, enfilai les claquettes blanches déposées soigneusement dans le casier, et enroulai ma taille dans l'un des draps de bain propres qui se trouvaient à disposition sur les étagères, situées à l'entrée d'un couloir à la faible lueur bleutée. J'imaginais déjà où il m'emmenait...

Devant nous se dévoila un bain à remous au ronronnement apaisant. À droite, un point d'eau circulaire, semblable à une petite piscine chauffée. La salle, totalement déserte, était plutôt grande, mais l'éclairage tamisé créait une ambiance intimiste très agréable. Dans l'air chloré planaient de doux effluves floraux, de ceux dont on se régale durant un massage. Un cadre idyllique pour se détendre, il ne m'avait pas menti.

Je le suivis avec joie dans le bain à remous, prêt à goûter à la chaleur de l'eau. Avant d'entrer, j'hésitai à retirer mon caleçon. Il n'y avait personne, aucune clarté, et Yibo était de dos... pourquoi supporter la sensation désagréable du tissu mouillé ? Sur un élan de confiance, j'abandonnai ma serviette et mon sous-vêtement en un éclair et pénétrai dans le bain à la hâte.

À l'instant où je fus immergé jusqu'au cou, je poussai un long soupir de bien-être ; je ne regrettai pas d'avoir accepté son invitation. Mon sourire béat amusa Yibo, qui venait de s'assoir face à moi sur le banc du jacuzzi. Je compris qu'il cherchait à ne pas me mettre mal à l'aise en se plaçant là-bas, mais, bien que j'apprécie son geste, cette distance me déplut... Ou peut-être n'était-il pas intéressé par moi, comme je l'imaginais ?

Je devais le laisser parler en premier pour ne pas me retrouver en mauvaise posture.

— Ge, je t'écoute, dis-moi tout.

— Euh... tu ne veux pas plutôt commencer ? Je pense que ce serait mieux...

— Tu ne vas pas te défiler ensuite ?

— Me défiler ? Ya ! Je tiens parole.

Je me flagellai mentalement pour avoir affirmé une telle chose. Yibo prit une profonde inspiration. Visiblement, ce qu'il avait à me dire le rendait anxieux, lui aussi.

— Ge ge, je suis pas encore très diplomate, dit-il en se frottant la nuque, mais je voulais que tu saches que...

Une voix retentit depuis le couloir. Je lus la stupéfaction dans son regard lorsqu'il découvrit le quinquagénaire gras et chauve aux traits caucasiens qui pénétrait dans la salle. Le connaissant, il avait dû privatiser les lieux pour nous deux. Le non-respect de sa requête passait donc très mal.

— Cet endroit est réservé jusqu'à deux heures, s'écria-t-il, agacé. Il y a un écriteau à l'entrée, vous ne savez pas lire ?

En effet, toujours aucune diplomatie. L'étranger remarqua nos deux têtes à la surface de l'eau.

— Oh, mais je ne suis pas seul ! s'enthousiasma-t-il.

Son accent trahit ses origines européennes. Yibo frôla la syncope quand l'intrus nous rejoignit. Entièrement nu. Je dois avouer que sa réaction me fit sourire, bien que la nudité du nouveau venu soit embarrassante. Il s'installa entre nous deux, aussi jovial qu'un homme en manque de convivialité pouvait l'être ; le pauvre avait bien mal choisi ses compagnons de soirée.

— Alors, les jeunes, vous devez avoir plein de choses à raconter !

Yibo s'assombrissait d'instant en instant, trop irrité pour prononcer le moindre mot. La bonne nouvelle était que l'Européen ne risquait pas de nous connaître. La moins bonne était qu'il ne semblait pas conscient de sa maladresse ni de son inconvenance.

— Allons, ne soyez pas timides, ça me plaît de rencontrer de nouvelles têtes lors de mes voyages.

— Vous... êtes un homme d'affaire ? tentai-je par obligeance.

Que n'avais-je pas fait en répondant...

— Oui ! Dans le textile !

Ravi d'avoir enfin quelqu'un pour discuter, il se rapprocha de moi avec un sourire jusqu'aux oreilles. Yibo me foudroya d'un regard qui me hurlait en silence « pourquoi tu lui as répondu, sombre crétin ! ». L'étranger remua près de moi, en plein monologue, s'agitant par de grands gestes. Le bain devint soudain bien trop petit... Son bras velu toucha le mien et s'y pressa. J'ouvris des yeux ronds et m'écartai aussitôt.

— Vous n'êtes pas d'accord ? Cette marque est la meilleure en matière de chemises, c'est pour ça que je l'ai choisie. Les jeunes Chinois sont branchés, vous devez le savoir, renchérit-il en supprimant à nouveau la distance entre nous.

Les Européens étaient connus pour être chaleureux, mais ils étaient bien trop tactiles à mon goût.

— On veut être seuls ! vociféra Yibo.

Je crus un instant que son ton ferait fuir l'intrus. Que nenni !

— Mais pourquoi s'isoler, jeune homme ? s'exclama-t-il joyeusement. Chez nous, on a un dicton : « plus on est de fous, plus on rit » !

Il me tapota amicalement l'épaule et étala ses bras le long du rebord. Un bras derrière moi. Yibo vit rouge. Je n'eus pas le temps de m'écarter à nouveau, il s'était déjà levé. Il me tira brusquement par le poignet pour me déplacer vers lui.

— Vous êtes du genre aveugle ? fulmina-t-il. Vous aimez déranger les gens, dans votre pays, c'est ça ?

— Yibo... lui murmurai-je dans l'intention de le calmer.

— Je vous dérange juste en voulant papoter ?

— Ouais !

Sa voix tonna dans la salle.

— Je ne pensais pas que deux amis seraient...

— Qui vous dit que nous sommes amis ?!

Je le fixai, ahuri. Suggérait-il... ce que je pensais ?

— Oh, des frères ?

Yibo serra la mâchoire, un rictus mauvais aux lèvres. Il glissa une main autour de ma taille et m'attira près de lui. Mon visage vira au rouge lorsque mes parties frôlèrent sa cuisse.

— On a l'air de deux frères ? feula-t-il entre ses dents, se retenant d'ajouter une insulte.

L'étranger resta interdit.

— Oh... Oh, je vois... Mille excuses pour la confusion, balbutia-t-il sans pour autant bouger.

Il ricana, taquin, et poursuivit son monologue enjoué. Yibo n'en supporta pas davantage. Il quitta le bain en me tirant derrière lui par le bras. Au moment de sortir de l'eau, je me cachai l'entrejambe de mon unique main libre. Avant même que je n'ouvre la bouche, Yibo récupéra ma serviette et l'enroula autour de ma taille avant même je ne le fasse. Je le regardai, pris de cours, et le laissai me traîner jusqu'à la petite piscine sans discuter. Je frissonnai en entrant dans l'eau plus fraîche. La différence de température n'était pas franchement agréable.

Yibo grommela dans sa barbe tout en me frictionnant les bras.

— Je suis désolé. Ce gros con...

— Ça va, Bo di, t'inquiète pas, le rassurai-je en souriant.

Cette fois, il s'installa tout près de moi. Son attitude avait changé. Il n'avait plus de réserves et était fort contrarié. Pour ma part, la question me brûlait la langue.

— À quoi tu pensais quand tu as dit que nous n'étions pas...

— Xiao Zhan.

Il se tourna vers moi, très sérieux.

— Je ne veux plus être ton ami. Je veux être plus.

2/3

La partie 3 arrive dans la journée :3

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