Chapitre 3

Bon.
On va pas se mentir.
Aujourd'hui je suis de très mauvais poil.
J'ai envie d'exploser la tête de mon patron contre le sol en mettant tout mon poids sur son dos puis, après qu'il soit mort d'asphyxie en ayant la colonne vertébrale détruite, jeter son corps dans la Seine.
Son cadavre vivra heureux avec les poissons et les déchets, et il nous foutra la paix.

Je reconnais aller un peu trop loin.
Mais il faut dire qu'il a fait un vrai coup de saligaud à Adrien et à moi ;
Ayant appris que le gamin avait un trou dans son emploi, il avait décidé de mettre un essayage de vêtement.
Alors que le blondinet était censé goûter avec sa classe au Jardin des Tuileries.
Et qu'il avait prévu de prendre des parts de gâteau pour moi...
Bon, en vrai je blague, ça ne me fait presque rien de ne pas avoir un beignet au chocolat et une part de tarte aux fraises.
Mais j'ai de la peine pour lui et la brune aux yeux bleu, ... Marine ? non, Marinette !
Ils avaient l'air d'être de plus en plus proches tous les deux.
Et ce goûter leur aurait peut-être permis de s'avouer leurs sentiments.
(Le petit gars est en train de passer du déni à l'acceptation de ses sentiments ; je l'ai vu en train de contempler le porte bonheur de la p'tite en disant « Aaaah, Marinette... », l'air rêveur pendant qu'il révisait ses cours de chinois.)

Enfin bref, j'espère sincèrement pour la survie de Gabriel Agreste que ce dernier n'a pas fait exprès de remplacer le goûter par un essayage en voyant la relation de Marinette et Adrien devenir de plus en plus fusionnelle.
Sinon, je le défonce.
Et je suis certain que le sadisme peut être un motif de légitime défense devant la Cour et dans le Code Pénal.

Bon, Serge, calme-toi... Inspire, expire... Tout va absolument bien.
Gabriel Agreste est ton patron.
Et c'est une des raisons pour lesquelles tu ne dois pas le trucider.
Même si ça t'aurait fait très plaisir.
Mais calme-toi quand même, parce qu'aller en prison, ce n'est pas aussi sympathique qu'aller au Pays des lapins roses et des licornes.
Quoiqu'avec mon allergie aux lapins et ma haine contre toutes les couleurs qui ressemblent plus ou moins à du rose peut-être que je devrais revoir mon avis.


Bon, revenons au sujet principal.

En rentrant chez moi, après qu'Emilie m'ait avouée qu'elle ne pouvait pas me retourner mes sentiments, je n'avais pas arrêté de pleurer en silence.
J'avais l'impression de ressentir tout et rien, de n'être plus présent en étant conscient.
Puis j'étais finalement arrivé chez moi, ouvrant la porte d'entrée et la refermant par automatisme.
Ma mère, assise sur une chaise, était devant notre petite télévision qui affichait des films en noir et blanc.
Elle contemplait cet homme qui s'était mis à genoux devant cette femme pour lui chantonner son amour.

Ma mère était comme moi.
Elle aurait aimé que tout se passe autrement.
Elle aurait aimé que papa soit avec nous.
Elle n'était comprise que par lui.

Ma mère était muette et lui seul comprenait la langue des signes.
D'après les photos qu'elle m'avait montré il était orthophoniste.
Il avait assimilé la langue des signes, cette langue si compliquée, rien que pour elle.
Il l'aimait et lorsqu'il avait appris qu'elle était enceinte, maman me signait qu'il s'occupait d'elle, qu'il la dorlotait, qu'il la choyait.
Il essayait d'imaginer avec maman quelle tête j'aurais, à qui je ressemblerais le plus, tout en caressant avec douceur son ventre.
Mais il était mort avant ma naissance.
Mort à cause d'un stupide accident de voiture.
Mort à cause d'un crétin qui avait bu au volant.

Détournant la tête, je m'étais dirigé sans faire de bruit dans ma chambre, la rage et la tristesse m'oppressant la poitrine.
Les films romantiques nous mentaient, à ma mère et à moi.
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant », quelle bonne blague !
Et on en faisait quoi des « tu n'es juste qu'un ami, désolé(e), je ne pourrais jamais t'aimer comme toi, tu m'aimes » ? Ou encore des « Madame/Monsieur, votre femme/votre mari est mort » ? Hein ?! On en faisait quoi ?!

Rentrant dans ma chambre, j'avais contemplé mes petites figurines de super-héros, posées et ordonnées par taille sur ma petite étagère.
Elles, elles n'avaient jamais connu le malheur de ne pas ou plus être aimé en retour.
Non, elles, elles avaient connu la belle vie.
Des méchants à combattre, des combats toujours réussis, des « bien joués » en veux-tu en voilà, toujours suivies d'une foule qui les adorait.
En m'étant fait cette réflexion, j'avais alors pris une à une mes figurines et je les avais lancés contre le sol, sur les murs, vers le plafond.
Un cri de rage et de désespoir était sorti du fin fond de ma gorge, ce cri que j'avais retenu durant tout le trajet.

Je pleurais tout mon soûl, le cœur en miette.
Qui aurait pu comprendre ce que je vivais ?

J'avais mal.
Si mal.

Roulé en boule sur le sol, les figurines dispersées dans ma chambre, je sanglotais.
La porte de ma chambre s'ouvrit, faisant un petit grincement.
Ma mère avait tout entendu.

Sanglotant, les yeux rivés vers le sol, je l'entendais s'avancer vers moi.
Deux bras vinrent alors m'entourer doucement, sans bruit.
Je sentais son cœur qui battait lentement comme pour m'apaiser, tandis qu'elle me berçait.
Me raccrochant à elle, je lui avais rendu son étreinte.
J'avais faux en disant que personne ne me comprenait.
Une seule personne sur Terre pouvait comprendre ce que je ressentais.
Et cette personne était ma mère.
Blotti tout contre elle, je me laissais bercer, laissant le sommeil venir me chercher.

Le lendemain, j'avais pris la décision de ne pas aller au collège, pour ne pas recroiser Emilie.
M'enfermant dans ma chambre, je parlais un peu avec ma mère, je jouais avec mes figurines.
C'était devenu ma bulle, mon cocon.
Cette situation avait duré une bonne semaine.
Ma mère essayait de me convaincre de reprendre les cours, sans pour autant y parvenir.
Je devais rester dans ma chambre.
Je devais me tenir éloigné d'Emilie.
Je devais faire ça si je voulais être protégé.
Et mon confinement aurait duré toute une année si une personne n'était pas venue pour me chercher.

Roh purée !
Le p'tit gars a terminé son essayage et je viens de recevoir un SMS du patron qui m'ordonne de l'emmener dans un shooting qu'il a organisé il y a à peine dix minutes.
Bon, j'arrête d'écrire, il faut que je fasse mon boulot de conducteur.
Monsieur le patron, si vous saviez combien j'ai des envies de meurtre contre vous.
Enfin, bref, je dois lâcher le carnet. 


Coucou tout le monde !

Voici donc la suite des Confessions d'un Gorille ;)

(Avec beaucoup, beaucoup de retard, je sais ^^')

J'espère qu'elle vous aura plu !

A la revoyure ! ^^

Miel ^^

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