CHAPITRE 9

23 Septembre 2023

— Puisque je te dis que c'est une mauvaise idée ! Je n'aime pas ça du tout. J'ai déjà la trouille ! On ne peut pas faire les métiers dans les égouts, comme on avait décidé hier ? se plaint Sang-kyu en sortant du van.

Pam est déjà sortie. Elle observe le bâtiment d'un air curieux.

— Non, je préfère ici. Le sujet est bien plus intéressant.

— Mais quand même...

Elle entend Sang-kyu faire coulisser la grande porte et la claquer. Il a pris sa caméra et les micros. Pam, quant à elle, tient une chemise à élastique dans ses bras. Sang-kyu la rejoint.

— Les morts, sérieusement Pam ?

— J'ai eu cette idée cette nuit. Soudainement.

— T'es vraiment bizarre ! Qui te dit qu'ils vont accepter ?

Pam cligne des yeux pour pouvoir dévier le regard du bâtiment. Elle se tourne vers son ami et lui sourit.

— J'ai appelé la réception hier. J'ai même eu le propriétaire au téléphone, et il m'a dit que tout était OK !

— Génial...

Pam pose une main sur son épaule.

— T'es pas curieux de savoir comment ils font pour résoudre des crimes avec les cadavres ?

— Franchement ? Non.

— Bon, allons-y. Ne fais pas l'enfant... Restons professionnels !

— T'as intérêt à me payer une thérapie après ça.

— Je te paierai tout ce que tu voudras quand je serai riche.

— Vendu !

— Chut, chut !

Ils montent des petits escaliers. Pam se retrouve face à une porte en verre. Elle frappe doucement pour attirer l'attention d'un jeune homme tatoué à l'accueil et ouvre la porte.

— Bonjour !

— Bonjour, bienvenu ! Vous devez être Pam et Sang-kyu, c'est ça ?

— Effectivement, répond la Française.

Le jeune homme vient leur serrer la main. Il plairait beaucoup à Harin, pense Pam.

— Je m'appelle Hyun-su. Je vais chercher les autres, j'en ai pour deux minutes, ça vous va ?

— Très bien, répond Pam.

Hyun-su s'éloigne vers une double porte et prend des escaliers. Pam joint ses mains derrière elle et balaie du regard le petit hall. Il y a une pièce ouverte à côté avec un ordinateur et des vitrines contenant des plaques funéraires. Pam remarque que Sang-kyu a la bouche grande ouverte.

— Qu'est-ce que t'as ?

— T'as vu ce mec ?

Pam sourit en coin.

— Hyun-su ? Il est grave sexy, je trouve.

Sang-kyu pousse un soupir.

— J'en étais sûr ! Pourquoi ça ne m'étonne pas de toi ?

Elle hausse innocemment les épaules. Sang-kyu se racle la gorge et se rapproche lentement.

— Mais tu n'as pas tort ! Il va me faire de l'ombre, tu ne crois pas ?

Ils rient tous les deux. La double porte s'ouvre à nouveau. Ils reprennent alors leur sérieux. Un homme, d'une cinquantaine d'années et portant des lunettes, sourit en les voyant. Il est suivi d'une troisième personne que Pam ne distingue pas encore, cachée par la masse musculaire de Hyun-su.

— Vous êtes les étudiants de la KISJM ?

— C'est ça.

Il se rapproche et tend la main. Pam la serre en premier.

— Je suis le docteur Kang Dae-hyun.

— Pam Cosson, la journaliste, et...

Elle se tourne légèrement pour désigner son ami. Monsieur Kang vient serrer la main de Sang-Kyu.

— Voici Park Sang-kyu, mon caméraman.

Monsieur Kang se recule et pivote à son tour. Pam peut enfin voir le visage de la troisième personne. Il s'agit d'un homme. Il est... Assez beau, pour être honnête. Mais, sa couleur de peau lui paraît étrangement pâle, même pour un Coréen. Serait-il malade ? On dirait qu'il va s'évanouir.

— Vous avez déjà fait la connaissance de Hyun-su. Il s'occupe de l'accueil et de tout ce qui concerne la partie funéraire.

Pam sourit à Hyun-su. Elle pose ensuite son regard sur le palot.

— Et voici le docteur Kwan Young-sun, nous sommes tous les deux médecins légistes. Nous travaillons en bas.

Pam se rapproche avec un sourire qui se veut rassurant et réconfortant. Ce type n'a clairement pas l'air dans son assiette. Elle tend sa main.

— Enchantée, je suis ravie de travailler avec vous.

Mais Young-sun ne réagit pas. Il la regarde, mais Pam a l'impression qui ne le fait pas vraiment... Hyun-su lui donne un coup d'épaule.

Hyung ! murmure-t-il.

Il semble enfin se réveiller et serre la main de Pam, puis celle de Sang-kyu. On dirait qu'il fait ça automatiquement. En plus, sa main était moite. Est-elle la seule à voir que cet homme ne va pas bien ? Elle tente de questionner Sang-kyu du regard, mais apparemment, il est trop occupé à parler avec Hyun-su.

— Mh... Alors... Vous allez tous les trois bien, hein ? La forme ? interroge la jeune femme.

Elle regarde un à un les trois hommes, mais s'arrête un peu plus longtemps sur Young-sun, qui vient de repartir dans un autre monde. Décidément, ce type a un problème... Est-ce qu'ils sont traumatisés par tous les corps qu'ils voient ici ? Peut-être que Sang-kyu avait raison... Peut-être que c'était une mauvaise idée, tout compte fait.

— Excusez-moi mademoiselle Cosson, mais vous êtes.... interrompt monsieur Kang.

Pam pose son regard sur lui. Évidemment, elle devait s'y attendre à celle-là. Des Coréens lui font la remarque au moins six fois par jour quand elle fait des exercices d'interview. Elle voit Sang-kyu serrer la mâchoire.

— Française ? anticipe la jeune femme.

Il lâche un petit rire et secoue la tête.

— Non, je veux dire...

Il montre ses yeux. Pam se met alors à sourire. Elle se sent rassurée.

— Ah ! Hétérochromique ?

— C'est fascinant...

Il se tourne vers ses jeunes collègues.

— Ce que vous voyez les enfants, c'est une particularité génétique très rare...

Il se retourne vers Pam.

— Vos yeux mademoiselle, on voit leurs couleurs très distinctement ! C'est magnifique.

— C'est vrai que c'est joli ce bleu et ce marron, remarque Hyun-su.

Sang-kyu et elle s'échangent un regard fier pendant un bref instant.

— Merci pour vos compliments. J'ai l'habitude qu'on me compare à un Husky, alors, ça fait toujours plaisir un commentaire positif.

Le docteur Kang et Hyun-su restent sans voix. Pam se racle la gorge, imperturbable. Elle pose son regard sur sa chemise à élastique. 

— Bien, je vais vous expliquer ce qu'on va faire pendant ces neufs mois à vos côtés...

Young-sun, quant à lui, est loin dans ses pensées... 

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