CHAPITRE 79

20h06

De la cuisine, Young-sun observe Pam installée dans le canapé. Elle est réveillée et ne détourne pas le regard de la télévision. Après une heure, elle a repris conscience. Pour l'aider à rester actif, Young-sun lui a mis un film de Noël sur Netflix. Mais depuis, son visage est fermé. Ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Se faire rejeter, engueuler et jeter dehors le soir du réveillon de Noël, ça ne laisse pas de marbre.

Après avoir mis la table, il se rapproche doucement du salon. En vérité, il a peur de sa réaction. Il appréhende beaucoup.

— Tu viens manger ? La dinde est presque prête. Ça nous laisse le temps de manger l'apéritif et les entrées qu'on a préparés tout à l'heure...

Pam ne réagit pas. L'ignore-t-elle ? Il ne lui en voudrait pas.

— Il faut manger. Ton corps reprendra des forces, conseille-t-il.

Au bout d'un moment, Pam pousse un long soupir. Elle lève la télécommande et met le film sur pause, sans pour autant oser le regarder.

— De toute manière, à quoi ça sert ? Ne vous forcez pas. Vous détestez Noël.

— C'est faux.

Elle tourne finalement la tête vers lui. Young-sun remarque qu'elle a les larmes aux yeux. Il s'en veut énormément. Il ne veut pas qu'elle déteste Noël par sa faute...

— Arrêtez de vous mentir à vous-même... Vous détestez Noël. Vous détestez que je sois venue jusqu'ici... Et vous me détestez moi.

— Non, c'est faux !

Il se rapproche de Pam et se met à genoux face à elle pour pouvoir la regarder.

— Je ne te déteste pas. Si tu fais allusion au fait que je t'ai jeté dehors... Je ne savais pas que tu n'avais rien sur toi. Sinon, je ne l'aurais jamais fait, jamais, j'ai... J'ai réagi sur le coup de l'émotion. Et j'ai eu tort... Parce que j'ai failli te perdre, encore une fois.

Pam l'écoute attentivement. Une larme coule le long de sa joue. Puis, elle finit par déglutir.

— Vous m'aviez dit que vous ne me jetteriez plus dehors. 

— Je sais... Je m'excuserai éternellement pour ça.

Young-sun pousse un petit soupir en baissant la tête. Il la redresse aussitôt.

— Ce n'est sûrement pas le Noël dont tu rêvais... Mais il n'est pas terminé, loin de là. Il ne fait que commencer. Et... Tu as réussi à me faire apprécier Noël. Pour de vrai. Et j'aimerais profiter de cet instant entièrement... Sans cris, sans larmes, sans colère.... Juste toi et moi.

Les sourcils de la jeune femme se froncent légèrement.

— Arrêtez de me tutoyer.

Young-sun sourit lentement.

— Tu peux faire de même.

— Pourquoi ferais-je ça ? grommelle-t-elle.

Elle retire les couvertures et pose lentement ses pieds au sol. Puis, elle attend quelques secondes et se lève, une légère grimace affichée sur le visage. Young-sun veille à ce qu'elle ne s'écroule pas.

— Tu as mal ? questionne-t-il.

— Ne me touchez pas ! Je me lève parce que j'ai faim. Et parce que j'ai cuisiné la plupart des plats.

Elle lance ses cheveux en arrière, lève le menton et passe à côté de Young-sun d'un air royal. Young-sun reste sur place quelques secondes, souriant de plus en plus. Pam est de retour, ça ne fait aucun doute. C'est plutôt bon signe concernant sa santé ! Quand il se retourne, Pam s'installe sur une chaise et observe la table dressée par Young-sun.

Le jeune docteur attrape une guirlande, qui traînait dans le caddie de Pam, et la met autour de son cou comme une écharpe. Il se rapproche de Pam d'un air qui se veut blagueur.

— Comment tu me trouves ?

Elle se retourne et le juge de haut en bas d'un air aigri.

— Fou à lier et ridicule. C'en est presque gênant.

Young-sun se racle la gorge et retire lentement la guirlande autour de lui. Il s'installe à table à son tour.

— Champagne ? propose-t-il.

En guise de réponse, Pam hausse les épaules sans la moindre émotion. Il se lève malgré tout pour prendre la bouteille dans le frigo. Il fait péter le bouchon et verse le liquide doré dans deux flûtes.

— Vous avez mis des bougies ? s'indigne presque Pam.

Il prend les verres et se tourne vers la table de la cuisine. Pam tient une bougie dans ses mains et lance un regard rempli de jugement à Young-sun. Il pose les verres sur la table.

— Euh, oui... Je voulais une ambiance... Romantique.

— « Romantique » ? répète Pam, confuse.

Il hoche silencieusement la tête et lui fait signe de lever la sienne au-dessus d'elle. Pam s'exécute. Elle découvre le gui qu'il a installé pendant qu'elle dormait. Pam lui jette un regard surpris. Young-sun s'assoit sur la chaise près d'elle et se rapproche un peu. Il prend ses mains et la regarde dans les yeux.

— Voilà comment je vois les choses. Je ne peux pas te dire que j'ai eu des sentiments pour toi dès qu'on s'est rencontré. Mais... J'ai ressenti cette attraction entre nous, je ne peux pas le nier. J'ai tenté de renier ce sentiment. Je t'ai identifié à Poppy Clarke. Je t'ai rejeté tant de fois. Je pensais qu'en restant seul au monde, je pourrais te sauver. Je pensais survivre sans personne. Mais j'ai eu tort. Vraiment tort. Tu es une femme merveilleuse, Pam. Tu es audacieuse, indépendante et forte. Je ne t'ai jamais détesté. C'est moi-même qui me répugnait pour ce que j'ai fait. La culpabilité et la peur me dévoraient... Mais ce temps est révolu. Tu m'as montré que j'étais quelqu'un de bien et que je n'étais coupable de rien. Tu m'as redonné goût à la vie, alors que je l'avais perdu depuis le début de mon existence. Paméla Cosson, je ne te lâcherai plus la main. Plus jamais.

— Young-sun... souffle Pam, émue.

À la place d'une réponse orale, le jeune docteur se rapproche doucement de la jeune femme. Il pose ses lèvres délicatement sur les siennes, en signe de question ouverte. Il se détache deux secondes après et ancre ses yeux dans les siens. Son regard coloré est rempli de gratitude et de tendresse. Young-sun n'hésite pas une seconde de plus. Il happe les lèvres de la jeune femme et ferme les yeux. Il entreprend de faire valser leur langue dans une dance sensuelle, mais lente, sans être brutal ou pressé. Pam répond à son baiser. Il sent que ses lèvres sont étirées dans un sourire. Young-sun se détend alors et sourit doucement à son tour. Il serre un peu plus ses mains.

Quand il se détache de ses lèvres, il observe la réaction de Pam. Elle ouvre lentement les yeux et ne semble pas en revenir. Il lui donne une flûte de champagne et trinque avec la sienne. Il boit quelques gorgées sans la lâcher des yeux. Pam l'observe d'un air abasourdi. Young-sun manque de s'étouffer en riant face à cette réaction. Il pose son verre et pince tendrement la joue de Pam.

— Tu ne rêves pas, non.

Il lui donne un baiser rapide et lui sourit.

— Joyeux Noël, Pam.

Elle rougit légèrement et se met à rire sous le coup de l'émotion. Puis, elle boit quelques gorgées de champagne... Non, en fait... Le verre entier. Elle a une sacrée descente ! Elle repose lourdement son verre sur la table puis, elle tourne son regard vers Young-sun.

— Recommence pour voir ?

Il rit légèrement et se penche pour lui donner un énième baiser. Quand il se détache d'elle, Pam lâche un petit rire satisfait. Elle se racle la gorge et se redresse en se touchant les joues.

— Tu vas devoir t'y habituer maintenant... Et pour un sacré moment ! acquiesce Young-sun. 

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