CHAPITRE 64

En entrant dans l'ambassade du Royaume-Unis, Pam vérifie son portable au cas où. Elle n'a aucune notification, aucun message. Elle grimace et range l'appareil d'un air mécontent. Young-sun ne s'excuse même pas ? Quel toupet ! C'est dans cette humeur cassante qu'elle se rapproche du comptoir d'accueil. Elle reconnaît aussitôt la femme qui l'a aidé à sortir tous les documents l'autre jour. Un sourire soulagé s'affiche sur son visage.

Good morning !

La femme pose les yeux sur Pam. Elle roule des yeux et s'éloigne du comptoir avec son thé en main. Pam fronce des sourcils.

— Hey, attendez ! continue-t-elle en anglais.

Elle rattrape la femme et se met à face à elle.

— J'ai encore besoin de vos services, c'est vraiment urgent.

— Non ! J'ai pris du retard dans mon travail à cause de vos histoires.

La femme se décale et se dirige vers des escaliers accessibles que pour le personnel. Pam la suit de près.

— Si vous me laissez chercher moi-même, vous ne prendrez pas de retard...

— Je ne peux pas faire ça. Il faut des autorisations, que vous n'avez pas, et je ne veux pas me faire virer pour vos jolis yeux !

Elle monte les premières marches.

— S'il vous plait, c'est une question de vie ou de mort ! Peter Hawkins a cherché une femme ici pendant presque cinquante ans ! Je veux juste trouver ses descendants et les contacter pour voir s'ils savent des choses ou non à propos de cette femme.

Pam vient de viser juste. La femme s'est figée dans les escaliers. Elle se tourne lentement vers l'étudiante.

— Vous avez dit « Hawkins » ?

Pam sourit lentement. 

Quelque temps après, elle se retrouve à l'étage avec la femme. Cette dernière est en train de chercher quelque chose dans des tiroirs remplis de vieux dossiers.

— J'ai une collègue, qui est à la retraite maintenant, qui s'appelle Grace. Pendant tout le temps qu'elle a travaillé ici, ce Hawkins n'arrêtait pas d'appeler ici ou d'envoyer des courriers recommandés. Ça la tracassait. Je crois qu'elle culpabilisait. Je suis arrivée il y a dix ans ici, et elle m'en a tout de suite parlé, explique-t-elle.

Elle finit par sortir un dossier vert et corné. Elle le tend à Pam.

— C'est devenu une sorte de légende ici. Ils l'ont appelé « Mister Sobman », en référence à la chanson des Chordettes. J'étais curieuse alors, je suis montée ici pour découvrir le fin mot de l'histoire.

Elle fait signe à Pam d'ouvrir le dossier. La jeune femme s'exécute. Elle commence alors à lire les différents documents.

— Ce pauvre monsieur est mort en 2009. Il a cherché toute sa vie cette femme. Si ce n'est pas une histoire triste ça... commente l'employé administratif. 

Pam ne sait pas pourquoi, mais elle sent une pointe de tristesse dans son cœur... Alors qu'elle ne connaît même pas cet homme.

— Est-ce qu'il manque des documents ? Je ne vois pas d'acte de mariage ou de livret de famille.

— Il n'y en a pas. Il ne s'est jamais marié et n'a jamais fondé de famille.

La tristesse remplace rapidement la culpabilité. C'est vraiment gênant, elle ne comprend pas ce qui se passe.

— Je sais juste qu'il a une sœur, Mary, déclare la femme.

— Oui, elle a de la famille ici, informe Pam.

Pam doit retrouver cette famille. C'est la seule piste qu'elle possède. Elle redonne le dossier « vide » à la femme.

— Et au sujet de cette femme, Poppy Clarke, vous savez qui elle est, ce qu'elle est devenue ?

La femme secoue la tête.

— J'ai vu dans un dossier que cette Poppy était la meilleure amie de Mary et que, d'après elle, Poppy s'est enfuie avec un homme. C'est ce qu'elle a déclaré aux enquêteurs de l'immigration. J'ai cru comprendre qu'ils se sont adressés à elle, car le visa de séjour de Poppy avait expiré.

Pam fait les gros yeux. Elle avait lu, dans le dossier de Peter, qu'il pensait que Poppy avait été enlevée. Mais, il n'avait jamais été question de fugue jusqu'à aujourd'hui.

— Par hasard, avez-vous fini par trouver le nom de cet homme avec qui elle se serait enfuie ?

— Non. Je crois que Mary le savait, mais pour les protéger, je suppose, elle n'a jamais rien dit. C'est ce que j'aurais fait pour couvrir ma meilleure amie et son mec, en tout cas. Vous ne pensez pas ?


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"Mister Sobman" veut dire « L'homme qui geint »

Les Chordettes est un groupe féminin américain ayant chanté « Mr.Sandman » en 1954. 

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