CHAPITRE 63
Un monde bien vivant. C'est la première pensée qui traverse l'esprit de la jeune femme en arrivant sur son campus. Les élèves se promènent innocemment avec des cahiers en main. Des groupes se sont installés sur les bancs avec leur café. On se croirait presque en été s'il ne faisait pas aussi froid.
Ses pas la mènent dans l'amphithéâtre des premières années. Elle arrive par le haut et s'installe discrètement au dernier rang. Le professeur Sung leur donne un cours sur « la rubrique des chiens écrasés ». C'est ce cours qui a donné à Pam l'envie de s'occuper des « petites affaires » et de les mettre en avant dans son reportage sur KISJM TV.
Elle observe les élèves présents dans la salle. Un sourire nostalgique se dessine sur ses lèvres. Il y a cinq ans, elle était à la fois paniquée et excitée en arrivant ici. Elle ne connaissait personne, se demandait si elle avait fait le bon choix... Puis, elle a rencontré Sang-kyu et Harin. Elle voudrait revivre sa première journée encore et encore. C'était la meilleure journée de sa vie.
— Bien, nous en terminons là pour aujourd'hui. Je vous souhaite une bonne journée, déclare le professeur Sung en éteignant sa présentation.
Le départ des élèves provoque un vacarme dans l'amphithéâtre. Il y a des bruits de sacs qui se ferment, des manteaux qui tapent contre les chaises... En partant vers les différentes portes de sorties, des élèves jettent des regards intrigués à Pam. Évidemment, ils ne savent pas qui elle est, ils ne l'ont jamais vu dans leur classe. Pam se lève à son tour, quand il y a moins de monde, et fait un signe au professeur Sung. Il parait heureux de la voir. Elle descend pour le rejoindre.
— Hagsaeng Pam, quelle surprise ! Vous avez déjà rendu votre travail ?
Pam sourit lentement en secouant la tête.
— Non, j'ai encore pas mal de travail jusqu'à Juin.
— Que faites-vous ici, alors ?
— Je viens, me ressourcer, disons.
Le professeur lui rend un sourire compatissant.
— J'ai vu le sujet que vous allez nous présenter... Sujet difficile. Je comprends pourquoi vous êtes venue ici.
— Pour être honnête, voir des personnes vivre, tout simplement... Ça m'avait manqué.
Le professeur prend sa mallette. Pam le suit en dehors de l'amphithéâtre.
— Dans notre carrière, on fait souvent face à des accidents, des faits de meurtres... Mais, personne n'a jamais été aussi proche de la Mort que vous.
— Je n'arrête pas de me poser sans arrêt les mêmes questions : est-ce que j'ai fait le bon choix de sujet ? Est-ce que je vais dans la bonne direction ? Est-ce que c'est normal d'avoir déjà ouvert un cadavre à mon âge ?
Ils montent des marches et sortent du bâtiment.
— Faire une pause, c'est bien de temps en temps, suggère le professeur.
— Croyez-moi, j'en fais très souvent.
Il s'arrête, et se tourne vers elle.
— Faire une pause en enquêtant, ce n'est pas une pause, agassi.
Pam sourit lentement.
— Vous me connaissez trop bien, professeur !
— Je suis votre évolution depuis cinq ans, c'est normal !
Pam lâche un léger rire.
— Vous voyez souvent mademoiselle Kim ?
— Pas en ce moment. Elle est très occupée, répond la jeune femme.
— Mh...
Il y a un bruit derrière eux. Pam se retourne, curieuse, mais elle ne voit rien.
— Je vous aurais bien payé une boisson chaude, mais j'ai un cours avec les troisièmes années dans dix minutes.
Pam revient vers son professeur. Elle secoue la tête.
— Ce n'est pas grave, ne vous inquiétez pas ! Ça m'a fait plaisir de vous voir, seonsaengnim.
— Moi aussi. Revenez si vous avez besoin et, sinon, on se revoit le 15 Juin.
Elle s'incline légèrement, par politesse, quand il s'éloigne. Quand elle se redresse, un autre bruit la met en garde. Derrière elle se trouve une haie... Si elle fait le tour, elle chopera le petit malin qui veut lui faire une blague ! Elle se baisse, comme un lion chassant une gazelle, et fait le tour discrètement. Elle surgit de l'autre côté.
— Je vous ti...
Mais il n'y a personne. Elle refait le tour pour s'assurer que la personne ne fait pas comme elle... Mais rien. Elle s'éloigne de la haie maudite, d'un air suspicieux. Ça lui rappelle les bruits de l'autre soir. Elle ne réfléchit pas une seconde de plus et s'éloigne en trottinant, tout en jetant des regards en arrière pour s'assurer que personne ne la suit.
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"Hagsaeng" est la traduction d' « élève / étudiante »
"Agassi" est la traduction de « mademoiselle »
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