CHAPITRE 60
17 Novembre 2023
Depuis plusieurs jours, l'équipe du docteur Kang travaille à la fois sur les deux cadavres et sur la voiture. Selon les dernières conclusions, le squelette de la fille montre qu'elle a été poignardée à mort au niveau du thorax. Quant au squelette de l'homme, il révèle de nombreuses fractures liées à de probables coups, mais ce n'est pas ce qui l'a tué. Comme ils étaient tous les deux attachés, il est fort probable que l'homme ait été noyé vivant... Mais, difficile à prouver sur un squelette. Les vêtements sont en train d'être analysés.
Par ailleurs, l'enquête sur l'ex-lieutenant Moon est encore en cours. Le lieutenant Baek a mentionné une « source anonyme » pour fouiller dans le bureau de Moon Yu-jin, la femme qui leur a apporté les documents. Elle s'est révélée être sa cousine, mais la perquisition chez elle n'a rien donné. Est-il tout seul en cavale ou est-il avec Nam Joo-ri ? Se connaissent-ils tous les deux ? Pam est surmenée mentalement. Elle comprend maintenant pourquoi les policiers, les avocats ou encore la police scientifique sont parfois en dépression. Il y a tellement de problèmes à gérer, tellement de détails à se souvenir, tellement d'histoire à ne pas mélanger...
Dans le hangar, la jeune femme observe le docteur Kang, Young-sun et Hyun-su s'occuper de la voiture. Cette fois-ci, elle reste bien derrière le carré jaune pour éviter d'effrayer Young-sun. Sang-kyu filme la scène à ses côtés. Dès qu'il n'y a pas d'histoire de cadavre, il filme avec joie le documentaire. Le lieutenant Jung discute avec ses collègues.
L'une des portes coulisse, rompant ainsi le calme, et les visages présents se tournent vers l'origine du bruit. Pam découvre un homme. Le docteur Kang lui a parlé d'un certain procureur Jeon. Ça doit être lui. Il marche vers l'équipe d'un pas déterminé. Sang-kyu filme son entrée avec intérêt.
— Avez-vous trouvé l'arme du crime pour la fille ? questionne-t-il subitement.
Pas de formules de politesse. Il est ici pour attaquer.
— Non. Il n'y a rien dans la voiture et on n'a rien retrouvé dans le lac, signale le docteur Kang.
— Il me faut des réponses ! Une voiture a été repêchée dans le lac de Tangeum, il y a quatre heures de ça.
— Quoi ? lâchent-ils presque tous en même temps.
L'atmosphère s'alourdit. Le cœur de Pam bat un peu plus vite. C'est quoi encore cette histoire ? Le procureur brandit des documents en l'air. Il les tend à Hyun-su.
— Il s'agit d'une Hyundai des années quatre-vingt. Deux corps retrouvés à l'intérieur, attachés également. La voiture appartiendrait, elle aussi, à Ran Kang-goo. Je crois qu'on a affaire à un tueur en série, déclare-t-il.
Pam se décortique le cou pour essayer d'apercevoir la réaction de Young-sun, mais il est caché derrière la voiture.
— C'est le procureur général de Chungju qui se charge de l'affaire. Mais celle-ci et la nôtre se ressemblent beaucoup, alors, il se peut que vous collaboriez avec les enquêteurs de là-bas. Je demande une coopération exemplaire. Envoyez-leur tous les documents que vous avez réunis sur les disparus du pays entre les années quatre-vingt et les années quatre-vingt-dix.
Le procureur regarde chaque personne une à une pour fortifier ses propos. Ce qui n'était qu'une affaire communale devient une affaire nationale...
— Aussi, je vous demande à tous de ne rien ébruiter dans la presse. Je ne veux pas qu'une paranoïa s'installe dans le pays. N'est-ce pas jeunes gens ? appuie-t-il en regardant les deux étudiants.
Pam hoche silencieusement la tête et fait signe à Sang-kyu d'éteindre sa caméra.
— La première fuite ne vient pas d'eux, défend Il-wan.
— C'est encore à prouver, siffle le procureur.
Il se retourne et commence à s'éloigner vers la sortie du hangar.
— Mais c'est impossible ! Le lac Tangeum est bien plus connu que le pauvre lac où on a retrouvé la première voiture. Ça ne va pas passer inaperçu... Les gens ne sont pas idiots, lâche Sang-kyu.
Pam lui donne un coup sur le bras. Le procureur Jeon s'arrête en chemin. Il pivote lentement et sourit à Sang-kyu. Il revient vers eux. Quelque chose dit à Pam qu'il ne fait pas ça pour se montrer amical...
— Vous restez à votre place d'étudiant et vous laissez faire les grandes personnes, c'est clair ? menace-t-il.
Sang-kyu déglutit mais il ne lâche pas pour autant le regard du procureur. Pam mordit sa lèvre intérieure, sous les nerfs. Le procureur place les mains derrière son dos. Il se tourne une énième fois vers l'assemblée présente.
— Je veux en savoir plus sur ce Ran Kang-goo, trouvez-le-moi, il devient notre principal suspect, ordonne-t-il aux autres.
Il est si méprisant. Pam ne peut plus se taire.
— En fait, on a découvert qu'il était mort d'une crise cardiaque en 1984, intervient Pam.
Le représentant judiciaire lui lance un regard noir.
— C'est écrit dans le rapport pourtant... Vous aviez l'air si sûr de vous, mais apparemment, votre « place » ne fait pas tout, monsieur le procureur, provoque la jeune femme.
Il y a des soupirs offusqués dans le hangar. Il-wan se retient de rire. Un silence s'installe parmi la petite assemblée. Le procureur fait un pas vers elle, souriant lentement. Le docteur Kang fait barrage avant qu'un drame se produise et s'incline respectueusement devant le jeune procureur.
— Nous sommes désolés, monsieur le procureur, nous travaillons nuits et jours sur cette affaire, nous commençons tous à être fatigués, je crois bien...
— Oui, je crois aussi, siffle-t-il.
Il fait volte-face et s'éloigne d'un pas énervé vers la sortie. Sang-kyu lève son pouce en l'air quand il disparait à l'extérieur.
— Ya, Noona, t'es trop cool.
— Mademoiselle Cosson, vous avez tendance à toujours provoquer les mauvaises personnes, signale le docteur Kang d'un air inquiet.
Elle lui sourit doucement et pose une main sur son bras pour le remercier.
— Vous savez que je ne peux pas m'en empêcher.
Les conversations fusent dans tous les sens. Pam fait le tour du carré jaune pour se mettre du côté de Young-sun. Elle veut voir comment il se sent. Deux voitures ont déjà été remontées. Et si ce n'étaient pas les seules ? Ce malade qui a sévi pendant vingt ans dans le pays... Il n'était peut-être pas à ses premiers essais... Et si c'était ce Hwa Jungsook ?
— Youngsun-shi, appelle-t-elle en chuchotant.
Il réagit tout de suite à son appel en se tournant vers elle. Il est tout blanc. Merde. Elle lui fait un signe de tête et s'éloigne vers l'autre sortie pour discuter tranquillement avec lui. Une fois dehors, elle le tire doucement vers lui et le regarde droit dans les yeux.
— Est-ce que ça va ?
Il secoue lentement la tête en ne la quittant pas des yeux. Comme toujours il ne dit rien, mais Pam comprend qu'il souffre. Elle prend son visage dans ses deux mains et caresse doucement ses joues.
— Vous n'êtes pas tout seul... Je suis là aussi, OK ? réconforte-t-elle.
Il acquiesce. Elle pose ensuite une main derrière sa tête et l'amène à elle pour lui faire un câlin. Il en a besoin même s'il le nie. Comme il est plus grand qu'elle, sa tête est posée maladroitement sur l'épaule de Pam. Elle sent qu'il pose une main hésitante sur son dos. Elle fait une moue triste et lui tapote affectueusement le dos.
— Ça va aller, chuchote-t-elle, ça va aller.
Elle ne peut pas lui parler de Hwa Jungsook après ça, ce serait cruel. Elle se contentera de lui apporter son soutien émotionnel. Ses gestes affectueux entre eux paraissent tellement... Familier.
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