CHAPITRE 56
Plusieurs questions défilent dans la tête de Young-sun quand il sort du commissariat. Qu'ont-ils fait de la voiture de Kim Yae ? Qu'ont-ils fait de l'arme du crime ? Est-ce que c'était prémédité ? À l'époque, Yae ne comprenait pas l'anglais, mais aujourd'hui, Young-sun si. Il se souvient que Poppy parlait d'une voiture qui les avait suivis... Et dire qu'ils venaient à peine de se rencontrer ! La Vie est trop cruelle.
D'ailleurs, pourquoi Jungsook n'a pas déclaré la disparition de Yae ? Était-il aussi dans le coup ? Non, impossible... Jungsook était une bonne personne. Mais oui ! C'est ça ! Il doit rechercher des informations sur Hwa Jungsook. C'est la seule piste concrète qu'il a pour le moment. Mais avec ses compétences et seul, il n'y arrivera pas...
Où est passé Pam ? À cinq minutes d'intervalle, elle ne doit pas être bien loin. Il lui faut surement un moyen de transport... Elle veut aller quelque part ! Il faut qu'il trouve une station pas loin d'ici... La ligne 2 du métro ! Non c'est trop loin. Les lignes de bus ! Il se presse pour aller au niveau de la route principale. Au même moment, il aperçoit Pam entrer dans le bus 750A. Il pique un sprint et arrive avant que les portes ne se referment en trébuchant sur les marches. Il entend des rires au-dessus de lui. Essoufflé, il se redresse vers le chauffeur. Il fouille dans ses poches et sort un billet pour payer son ticket.
Il se tourne vers le couloir et fait face à Pam qui le juge fortement. Elle secoue la tête, roule des yeux, se retourne – en faisant voler ses cheveux blonds – et se déplace pour trouver une place libre. Le bus démarre. Young-sun reprend son souffle un instant, prend son ticket et la rejoint. Mais un enfant vole sa place. Il s'installe donc juste derrière Pam. Il n'ose pas lui faire signe pour qu'elle se retourne.
Après une bonne demi-heure de route, elle descend au niveau de l'Université nationale de Séoul. Il la suit de près. Elle traverse trois rues et elle décide de se retourner en haut des marches de la station de métro. Il se recule pour ne pas envahir son espace vital.
— Bon, vous avez fini de jouer au pervers attardé ?
— C'est que, je...
— Au moins, maintenant, vous êtes au courant. J'dis ça pour votre bien.
Elle commence à descendre les marches. Il fait quelques pas, paniqué. Il craint qu'elle s'enfuie avant qu'il ait eu le temps de dire quoi que ce soit.
— Mademoiselle Cosson ! Je... Je voulais m'excuser. Profondément.
Elle s'arrête sur son chemin et baisse la tête un petit moment. Elle se retourne et lève les yeux vers lui. Il n'y a pas de colère dans son regard, ni de peur. Il descend petit à petit les marches pour arriver à sa hauteur.
— Je suis tellement désolé. Je ne voulais pas vous effrayer ou vous brutaliser... C'est que...
Il baisse la tête. Il ne sait pas comment expliquer son terrible geste. À sa place, il ne se pardonnerait pas.
— Vous aviez dit que vous ne me jetteriez plus dehors, informe Pam au bout d'un moment.
Il se redresse pour la regarder droit dans les yeux.
— Je pourrais m'excuser mille fois... Pour toujours même ! Si je le pouvais, je reviendrais en arrière... Jamais je n'aurais de mauvaises intentions à votre égard, jamais... Je... Je ne suis pas quelqu'un de violent. Je ne vous ferai jamais de mal, je vous le promets.
Il a une envie soudaine de la toucher. Il tend sa main vers elle et vient caresser délicatement sa joue. Il pensait que Pam allait se reculer, mais elle ne le fait pas. Ce geste devrait les surprendre tous les deux, et pourtant, ce n'est pas le cas. Maintenant, il sait pourquoi il a tant de tendresse envers elle... Et pourquoi il se déteste autant. Il connait Pam depuis longtemps, en fait. Et au fond d'elle, peut-être qu'elle le ressent aussi. Mais il culpabilise tellement qu'il la rejette aussi parfois... C'est tellement... Injuste. Est-ce que ça fait partie aussi de sa punition ? De la voir tous les jours et de souffrir autant parce que jamais, elle ne ressentira ce qu'il ressent ? Est-ce qu'il est déjà mort et en Enfer ? Mais il doit bien se l'avouer, malgré tout ce qu'il subit, Pam est l'une des rares sources de chaleur qui réveille son humanité, ses émotions.
— Pour toujours, c'est terriblement long, lâche Pam un sourire en coin des lèvres.
Young-sun écarquille lentement les yeux.
— Gwaenchana, rassure-t-elle.
Il est stupéfié. Pourquoi le pardonne-t-elle aussi facilement ? Pourquoi elle ne le rejette pas ? Pourquoi elle ne lui fait pas la même chose ? Il la laisserait faire sans broncher.
Elle retire la main de Young-sun et la baisse, sans la lâcher pour autant.
— C'est un choc, n'est-ce pas ?
Il fronce des sourcils.
— Comment...
— Je veux dire, ce n'est pas tous les jours qu'on retrouve deux personnes dans une voiture engloutie. Vous avez eu peur, ça se comprend. Moi-même, j'étais terrifiée. On s'imagine facilement à leur place, hein ? Ça pourrait tomber sur n'importe qui... C'est un sort tellement injuste.
Comment fait-elle ? Quel pouvoir a-t-elle sur lui ? Qui est-elle ?
— Oui... souffle-t-il.
Elle sourit lentement, lâche sa main et descend les escaliers. Il se remet à la suivre.
— Où allez-vous en fait ?
— J'en sais trop rien.
Il en doute fort mais ne fera pas de remarque.
— J'ai besoin d'aller à l'hôtel de ville. Je vais avoir besoin de vos talents, déclare-t-il.
— Pourquoi voulez-vous aller là-bas ?
Elle s'arrête en chemin pour le regarder.
— Je recherche quelqu'un, avoue-t-il.
— Est-ce que ça concerne l'enquête actuelle ?
Elle l'interroge du regard. Son instinct lui dit qu'il peut lui faire confiance. Peut-être qu'il a eu tort. Peut-être qu'elle ne se moquera pas de lui. Peut-être qu'elle ne le prendra pas pour un fou. Mais pour le moment, il ne peut pas lui dire. Il peut juste lui avouer ce qu'il compte faire.
— Oui, mademoiselle Cosson. Ça concerne l'enquête actuelle. Mais on ne peut pas en parler aux autres. Ça doit rester entre nous.
Elle hausse un sourcil intéressé.
— Vous voulez dire... Qu'on va faire une enquête en off ?
— Oui. Est-ce que vous me faites confiance ?
Ils se contemplent dans les yeux pendant de longues secondes. Young-sun oublie qu'ils se rendent dans une station de métro.
— Bien sûr. Je vous fais confiance, Youngsun-shi. Dites-moi tout ce que vous savez sur la personne que vous recherchez.
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