CHAPITRE 45

— Mademoiselle Cosson et son vassal... Comme on se retrouve ! interpelle le lieutenant Baek.

Pam est assise sur une chaise dans le couloir. Young-sun discute avec un collègue médecin-légiste d'un autre département. Le bureau de monsieur Won est en train d'être photographié de fond en comble. Young-sun congédie son collègue en le remerciant quand il aperçoit le lieutenant se rapprocher. Pam déglutit en le voyant. Elle sait qu'il ne l'apprécie pas. Elle se lève et croise les bras contre sa poitrine pour l'accueillir.

— Lieutenant Baek. Vous êtes chargé de l'enquête ?

— Vous avez l'œil, mademoiselle Cosson, ironise-t-il.

Ils se jugent l'un et l'autre un long moment. Le lieutenant finit par se tourner vers Young-sun.

— Docteur Kwan, je voudrais m'entretenir avec mademoiselle Cosson un instant. Vous pouvez vérifier si les plantes ont besoin d'être arrosées ?

— C'est un interrogatoire ? répond-il, les dents serrées.

— Non, assure le lieutenant avec un faux sourire.

Young-sun lâche un dernier regard à Pam avant de s'éloigner un peu plus loin. Pam ne le quitte pas des yeux.

— J'imagine que vous n'avez pas un trouble de l'identité et que l'une de vos personnalités s'appelle Séraphine Dolly, je me trompe ?

Pam relève son regard pour le considérer.

— Non.

— Alors, pourquoi avoir menti ?

— C'est un interrogatoire ?

— Certainement.

Elle roule des yeux.

— Je voulais juste lui parler.

— Pour quelle raison ?

— Ça ne vous regarde pas.

— Je vais être plus clair. Il y a un cadavre dans ce bureau et vous êtes la dernière personne à être venue le voir... Surtout en vous faisant passer pour quelqu'un d'autre. Vous savez ce qu'un lieutenant idiot et sans cervelle conclurait ?

— Je me doute, mais vous savez aussi bien que moi que c'est faux. On est allé le voir, mais il était déjà mort quand on est arrivé. Les seules empreintes que vous aurez de moi seront celles sur la poignée de porte, explique-t-elle calmement.

Le lieutenant Baek continue de sourire.

— Pas de panique. Je vous testais.

— Je ne panique pas. Je me défends toujours quand on m'accuse à tort, c'est tout.

Elle secoue la tête d'un air exténuée. Le lieutenant Baek continue son enquête.

— Alors, comment le connaissez-vous ?

— Je l'ai rencontré hier soir à la soirée d'Halloween de mon école. Il était avec la sous-directrice Park. J'ai cru comprendre qu'ils allaient ensuite voir le directeur Sung... Vous devriez vérifier sur les caméras de surveillance extérieure.

— J'y comptais bien. Vous avez l'adresse ?

— Euh oui, une seconde.

Elle fouille dans son sac à main et lui tend le flyer de la soirée. Le lieutenant le saisit. 

— Vous savez pourquoi il était là ?

— Il voulait investir dans l'école.

Le lieutenant Baek hausse les sourcils.

— Vraiment ? lâche-t-il d'un air étonné.

— Apparemment. Ça vous surprend ? Vous le connaissiez ?

— C'est pour ça que vous êtes venue le voir ? enchaîne-t-il.

— Non c'est...

Elle regarde autour d'eux et hésite un instant. Est-il digne de confiance ?

— J'étais venue le voir pour lui parler de sa montre.

— Sa montre ?

— Oui... Une montre en or. La même que le Père Ahn en fait. Je m'en suis souvenue ce matin.

— Le Père Ahn... Celui de la cathédrale Myeondong ?

— Oui. Est-ce qu'il l'a encore d'ailleurs ? demande-elle en désignant du menton le bureau.

Le lieutenant Baek se tourne pour observer la scène.

— Je ne crois pas avoir vu de montre à son poignet.

Il jette des coups d'œil autour d'eux avant de se rapprocher de Pam. Elle fronce des sourcils.

— Le lieutenant Moon m'a parlé de votre théorie... Pour une fois, nous sommes dans le même camp... Pour une fois, dévoile-t-il.

Elle écarquille les yeux.

— Vous pensez aussi qu'il y a une histoire de fraude et de corruption derrière tout ça ? murmure-t-elle.

— Il y a de fortes chances.

Pam jette un rapide coup d'œil vers la scène de crime. Deux personnes totalement différentes qui portent la même montre. Si on récapitule... Il y a des voleurs – sous mandat – qui pillent et incendient des lieux de culte. Mais la ville, qui a souscrit à une assurance, répare les dégâts. Cependant, il y a des pots de vins en remerciement... La seule question est... Qui tire les ficelles ? L'élu pour ramasser plus d'argent ? La compagnie d'assurance qui se fait bien voir ? Parce que dans tout ça, que gagne-t-elle ? Certains hommes d'Église sont-ils avides d'argent ? Et les voleurs, revendent-ils les objets volés ou s'en servent-ils pour remercier tout ce beau monde ? Qui fait quoi ? Quels sont exactement les rôles ? Il manque une pièce du puzzle... Mais laquelle ?

— Qu'interprétez-vous de tout ça, mademoiselle Cosson ?

Elle relève son regard vers le lieutenant. Ses engrenages n'arrêtent pas de tourner.

— Et bien... Peut-être qu'il a commis une erreur et que le cerveau de la bande l'a éliminé... Peut-être qu'il avait des remords et qu'on l'a fait taire...

— Won Bo-gil avoir des remords ? Cela m'étonnerait beaucoup... souffle-t-il.

Pam remarque que Young-sun les observe au loin. Elle lui fait un sourire pour le rassurer.

— Quoi qu'il en soit. La dernière personne à l'avoir vu vivant est son meurtrier.

— À savoir... Qui est passé le voir avant moi ? souffle Pam.

Un agent se rapproche d'eux. Il tient une sorte de livret dans ses mains. Le lieutenant Baek se rapproche.

— Oui ?

— On a trouvé le registre des derniers visiteurs.

— Je vous écoute.

L'agent lit rapidement. Young-sun se rapproche, intéressé par ce qui se passe.

— C'est écrit « Père Ahn ». Ça vous dit quelque chose ?

Les trois acolytes se lancent des regards estomaqués. 

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