CHAPITRE 36
L'appartement est bien silencieux. Étonnement, Young-sun se sent un peu mieux. Il se lève avec difficulté et prend une grande inspiration quand il pose ses pieds sur le sol. Il enfile ses chaussons et se dirige vers la porte de sa chambre. Il se sent comme... Ailleurs. Son corps fonctionne, mais son esprit semble le contrôler à des années lumières d'ici. Dans sa tête, ses pensées flottent et tournent, et il n'arrive pas à en attraper une pour se concentrer dessus. Il est encore fatigué... Mais il ressent le besoin de prendre un peu l'air en dehors de cette chambre. Il étouffe dans sa propre respiration.
Dans le petit couloir, il n'y aucun autre signe de vie. Il se demande si Pam est partie. Il se déplace lentement, longeant le mur avec sa main. Quand il pénètre dans la cuisine, elle est là, immobile. Il ne la voit que de dos. Mais son regard semble river sur la vue qu'il y a depuis la fenêtre. Elle a les mains plongées dans l'évier. À quoi pense-t-elle au juste ?
— Mademoiselle Cosson ? appelle-t-il doucement.
Elle reprend soudainement conscience et se tourne vers lui d'un air surpris.
— Youngsun-shi ? Pourquoi vous vous levez ? Vous avez encore de la fièvre.
Elle retire ses mains de l'évier dans un bruit mouillé et il remarquait qu'elle porte des gants roses. Elle retire ces derniers et les pose sur le côté. Elle essuie ses mains et se rapproche de lui. Young-sun se rend compte qu'elle a entièrement rangé son appartement. Il n'est pas du genre bordélique, bien au contraire, mais ces derniers temps, il n'avait pas fait réellement attention. Il s'était laissé un peu aller...
— Oh mais... Vous n'auriez pas du tout ranger à ma place.
Elle hausse les épaules.
— Ce n'est rien. Faire des tâches ménagères, ça me détend.
— Vous étiez stressée ? Pour quelle raison ?
Elle l'observe longuement. Elle a encore cette expression qu'il n'arrive pas à déchiffrer. Puis, elle lui sourit et pousse un petit soupir fatigué.
— L'enquête à propos de l'incendie me donne du fil à retordre. Je ne trouve rien et ça m'agace.
— On peut en parler, si vous voulez.
Elle fronce durement des sourcils.
— Hors de question, vous êtes encore malade. Asseyez-vous dans le canapé, je vous apporte du thé.
— Mais, je...
Elle lui lance un regard sévère. Il s'exécute alors. Il ne veut pas la froisser alors qu'elle essaie de prendre soin de lui. Il allume la télévision pour mettre un fond sonore. Pam le rejoint quelques minutes plus tard avec un plateau et deux tasses de thé. Elle le pose sur la table basse et tend une tasse à Young-sun.
— Merci, souffle-t-il.
Il observe Pam coller son dos au canapé et boire paisiblement sa tasse. Se sentant épier, elle lève lentement les yeux vers lui. Il est encore captivé par son regard coloré.
— Votre famille ne vous manque pas ? questionne-t-il.
Pour être aussi altruiste, malgré toutes les vacheries qui lui a fait, elle a dû être élevée dans une famille aimante et solidaire.
— Ma famille ? répète-t-elle, un sourcil haussé.
Young-sun hoche doucement la tête. Pam sourit lentement, comme nostalgique, et reprend quelques gorgées de thé. Elle se redresse pour pouvoir le regarder droit dans les yeux.
— Non.
Il est à la fois surpris et confus par cette réponse. Elle ne matche pas avec son attitude. Peut-être qu'elle ne s'entend plus avec. Peut-être qu'il s'est passé quelque chose de grave. Après tout, qui est-il pour juger sa famille ? Il est mal placé pour ce genre de chose.
— Petite, quand j'étais malade... commence-t-elle.
Il l'écoute attentivement.
— Je buvais une boisson chaude devant un film. Un que j'avais déjà vu. Comme ça, je n'essayais pas de le comprendre, je le suivais simplement. Ça évite de réfléchir au sens du film et de se rendre encore plus malade.
Young-sun sourit.
— Je vois.
Il boit enfin quelques gorgées du thé. Pam penche légèrement la tête sur le côté pour le regarder.
— Vous aimez les films et les séries, en général ?
Il hausse les épaules et détache ses lèvres de la tasse.
— Je ne vais jamais au cinéma... Et je n'ai pas vraiment le temps d'en regarder chez moi. À chaque fois que j'essaie, je suis appelé pour une mission.
Elle fait une moue en signe de compassion.
— Mais... Quand j'étais encore étudiant, j'aimais ça. C'était une sorte de pause entre deux grosses révisions.
— Est-ce que ça vous manque ? questionne-t-elle un sourire en coin, en référence à ce qu'il lui a demandé un peu plus tôt.
Ils rient doucement tous les deux. Il hoche la tête.
— Oui, par moment. Mais ce n'est pas drôle tout seul.
Pam boit quelques gorgées. Elle finit par poser sa tasse sur le plateau et se lèche les lèvres pour retirer les quelques gouttes restantes.
— Mh, et bien... Si vous voulez, un de ces jours, on pourra faire ça.
— Aller au cinéma ensemble ?
Elle hausse timidement les épaules.
— Oui... Ou autre chose ! Même si vous travaillez beaucoup, vous devez penser à faire une pause, de temps en temps, comme vous l'avez dit. Surtout quand on fait votre métier, vous ne trouvez pas ?
— Oui, vous avez sans doute raison.
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