CHAPITRE 29

Un sourire se dessine sur les lèvres de Young-sun. Il observe cette scène, plutôt mignonne, à l'entrée des urgences entre Pam et ses amis. Ils lui caressent la tête, la prennent dans leurs bras, et se battent même pour lui tenir la main.

— Elle est bien ici ? lui demande une voix.

Il tourne la tête sur le côté et découvre Il-wan, tenant un bouquet de fleurs dans ses mains. Young-sun perd son sourire et le regarde de haut en bas. Pourquoi s'est-il bien habillé ? Pourquoi a-t-il mis du parfum ? Il-wan s'avance quand il a aperçu Pam.

— Mademoiselle Cosson ! appelle le lieutenant Jung d'une voix brisée.

L'amie de Pam se lève et pose une main sur ses lèvres pour montrer son choc. Sang-kyu, quant à lui, observe silencieusement à son tour le lieutenant. Young-sun se rapproche, en mettant les mains dans les poches de son manteau, et d'une manière qu'il veut indifférente. 

— C'est pour vous, déclare Il-wan en tendant le bouquet à Pam.

Cette dernière le saisit en souriant et s'incline légèrement. L'amie de Pam tape frénétiquement sur l'épaule de Sang-kyu de manière excitée sans rien dire. Young-sun serre la mâchoire

— Oh, je... Il ne fallait pas.

— Tout est ma faute ! souffle Il-wan en prenant l'une des mains de Pam.

Young-sun hausse un sourcil.

— J'aurais dû voir que vous n'étiez pas dans votre état normal tout à l'heure... Veuillez m'excuser, je suis un piètre ami. Je n'ai pas su vous protéger...

Le médecin légiste pousse un petit rire nerveux. Pam se redresse en le voyant et lui fait un signe de main.

— Oh, Youngsun-shi ! interpelle-t-elle.

C'est la première fois qu'elle l'appelle ainsi... Il s'empêche de sourire et se rapproche d'une manière toujours nonchalante.

— Oui ?

— Merci pour tout à l'heure... Sans vous, je serais déjà morte à l'heure qu'il est... Vous nous avez sauvés !

Il-wan se racle la gorge et réajuste sa veste. Il lâche la main de Pam et se tourne vers Young-sun pour le fixer intensément.

— Vous m'avez aussi sauvé avec une poêle, se remémore Young-sun. 

Pam hoche doucement la tête.

— C'est vrai, mh... Je me suis sans doute inspiré du dessin animé Raiponce.

Il lâche un petit rire qu'il n'a pas su retenir. L'amie de Pam se met à rire, elle aussi.

— Oh, notre Pam-Pam est pleine de surprise ! Pas vrai Sang-kyu Oppa ?

— En effet, répond ce dernier.

— Mademoiselle Cosson, je vous raccompagne chez vous ? propose Il-wan.

Young-sun perd son sourire. Il ouvre la bouche en même temps que Pam.

— Non, je vais m'en charger. Vous venez mademoiselle Cosson ? intervient-il rapidement en poussant légèrement Il-wan pour se rapprocher d'elle.

— D'accord, accepte Pam en souriant.

— Allons-y...

Trente minutes de route plus tard, Young-sun arrive et se gare juste devant son immeuble. Il éteint le moteur et se tourne vers Pam.

— Nous sommes arr...

Mais, Pam a le regard dans le vide. Elle semble encore sous le choc de ce qu'elle a vécu plus tôt. Elle a l'air perdu dans ses pensées et se mordille à nouveau le pouce droit... Young-sun avance la main vers elle. Il hésite. A-t-il le droit de la toucher comme ça ? Il rebrousse chemin et se racle la gorge pour attirer son attention. Pam cligne des yeux et se redresse, regardant autour d'eux.

— Oh, nous sommes déjà arrivés...

Gwaenchanayo ? questionne-t-il la tête légèrement penchée sur le côté pour la regarder.

Elle se tourne vers lui pour l'observer à son tour, et il remarque que ses yeux s'arrêtent sur ses lèvres. Qu'est-ce qu'elle fait ? Pourquoi se rapproche-t-elle ? Son cœur commence à s'exciter.

— Oh, vous êtes... Vous êtes blessé... Juste ici, pointe-t-elle du doigt.

— Ah... ?

Il baisse son miroir de courtoisie pour se regarder. En effet, il est blessé au niveau du coin droit de ses lèvres. Il a l'impression d'être déçu.. Mais de quoi ?

— Ce n'est rien, rassure-t-il.

Quand il pivote pour la regarder à nouveau, elle est là, en train de le fixer intensément. Il n'arrive pas à détacher son regard de ses yeux vairons.

— Tout à l'heure, vous avez... Encore...

Elle semble hésiter à parler... Elle ferme la bouche et secoue la tête comme si elle était fatiguée. Elle se remet bien dans son siège et pivote la tête vers lui.

— Comment avez-vous su ? questionne-t-elle.

— Je vous ai vu quitter le parking en courant l'autre jour. Je m'étais rendu derrière le bâtiment pour ouvrir les portes du sous-sol. C'est plus pratique pour transporter les chariots des corps.

Elle ferme les yeux un instant et baisse la tête pour regarder ses mains. Elle joue nerveusement avec ses ongles.

— Je suis désolée... Tout est ma faute. Je pensais bien faire...

Il l'écoute seulement, sans mauvaise pensée.

— C'est que...

Elle relève le regard sur lui d'un air triste.

— Je suis désolée aussi d'être partie l'autre fois. Je l'avoue, j'ai eu peur... Bien sûr, je m'attendais à voir un corps un jour ou l'autre ici mais... Je ne pensais pas que ça allait autant m'affecter.

Il soupire.

— Vous n'y êtes pour rien. C'était ma faute. Je ne vous ai pas assez préparé et... Je n'ai pas vu votre détresse.

Elle fait une légère moue.

— Je n'ai pas voulu vous embêter avec ça alors... Je ne l'ai dit à personne et je vous ai laissé dormir.

— Merci, murmure-t-elle.

Mais il doit éclaircir un autre mystère.

— Mais vous êtes descendue, n'est-ce pas ?

Elle semble paniquée, comme prise en flagrant délit.

— Oui mais... J'ai mis des gants, je vous le promets ! Je n'allais rien toucher sans... Je ne suis pas idiote.

Il lève ses sourcils et se redresse sur son siège.

— Vous l'avez touché ? Pourquoi ?

— La marque de la bague.

— Quelle bague ?

Il fronce des sourcils.

— Son doigt avait une trace. Elle portait une bague, mais elle ne l'avait plus quand elle est morte. J'ai donc suivi la piste du petit ami, explique-t-elle.

Bah mince. Ni lui, ni le docteur Kang ne l'ont remarqué. Elle est plutôt douée.

— Est-ce que je vais avoir des problèmes avec la justice ? demande-t-elle, inquiète.

— Si... Si vous coopérez avec moi, ça n'arrivera pas. Maintenant, on travaille en équipe, d'accord ? Plus de solo, plus de cachoteries, plus de plans foireux... On travaille ensemble.

Elle semble surprise. Il se racle la gorge, gêné.

— Je veux dire...

Il soupire. Bon, maintenant qu'il s'est lancé, c'est trop tard pour reculer.

— Vous êtes plutôt doué. Vous savez où et quoi chercher exactement. Pour les prochaines enquêtes, travaillons ensemble. Ça vous plairait ?

— Je...

— Je vous montrerai pas à pas comment on s'y prend avec les corps. Je vous promets que je ne vous jetterai plus dans le grand bain sans bouées, d'accord ?

Il lui lance un regard plus que sérieux. Ils se fixent pendant un long moment. Mais elle finit par perdre son air responsable et se met à rire. Il ne peut pas s'empêcher de la suivre, cette fois-ci.

— C'était quoi ça ? Cette histoire de bouées ? lâche-t-elle.

— Je ne sais pas... Ça me paraissait logique sur le coup.

Elle secoue la tête, le sourire aux lèvres, se détache et se baisse pour ramasser son sac à main. Il se sent étrangement bien de la voir sourire.

— Soignez cette lèvre, et on pourra signer notre accord.

— Entendu... Prenez soin de votre tête alors dans ce cas.

Elle ouvre la portière et pose les pieds au sol. Mais elle tourne sa tête pour le regarder avant de se lever.

— Honnêtement, je vous préfère comme ça.

Il hausse un sourcil.

— Comme ça ? répète-t-il.

Elle hoche la tête avant de lui répondre.

— Vivant.

Il ne sait pas comment réagir à cet instant précis. Elle se lève, ferme la portière, lui fait un signe de main et s'éloigne vers l'entrée de son immeuble. Young-sun ne la lâche pas des yeux tout du long.


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"Oppa" un terme utilisé par une femme envers un homme plus âgé (grand frère, ami proche) ou pour désigner son petit ami.

"Gwaenchanayo" est la traduction de « est-ce que tout va bien ? »

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