Pam ne perd pas de temps. Elle appelle un taxi et se rend directement à Gangnam. Mais une fois arrivée sur place, le restaurant est fermé. Elle pensait qu'il serait au moins ouvert pour le personnel... Mais non. Il y a un mot écrit manuellement et, scotché sur la devanture : « Fermeture temporaire pour causes techniques » et tous les rideaux sont baissés.

Pam soupire bruyamment. Elle tente quand même la porte vitrée... En vain. Elle commence à s'éloigner pour faire le tour, mais, elle s'arrête brusquement. L'écriture... Ça lui rappelle quelque chose. Elle revient pour relire le mot, encore et encore... Elle ferme les yeux et se remémore les mots inscrits derrière la carte du restaurant... Quand elle les ouvre, elle est sous le choc. C'est la même écriture... Exactement la même ! Comment est-ce possible ?

Elle fait le tour pour essayer la porte arrière. Par miracle ou par chance – elle ne sait pas – cette dernière se trouve entrouverte. Elle pénètre alors dans le bâtiment et fait quelques pas dans des couloirs carrelés et blancs. Elle sort son portable par instinct. Plus elle avance, plus une odeur d'essence lui pique le nez. Quand elle se rapproche des cuisines, elle entend des éclaboussures et une voix.

— T'aime ça, salopard hein ? On en remet une troisième couche ?

Un bidon d'essence est jeté devant la porte au fond du couloir. À ce moment-là, elle décide de tout enregistrer et cache son portable dans la poche arrière de son jean. Elle pousse légèrement la porte pour entrer dans les cuisines... Elle reconnaît aussitôt Park In-rang. Mais, il est attaché à une chaise avec des cordes et sa bouche est obstruée par un chiffon mouillé. Ce n'est pas lui qui semble dangereux, à cet instant. Pam reconnaît la voix du fou au bidon d'essence. C'est celle de Cha Woo-jin, le serveur d'hier. Il est en train d'arroser In-rang de la tête aux pieds. Pam n'en croit pas ses yeux. C'est quoi ce retournement de situation ?

— Cha Woojin-shi... ? appelle-t-elle doucement.

Les deux hommes tournent leur visage vers Pam. In-rang se met à paniquer et semble appeler à l'aide. Woojin pose lentement le bidon au sol, pris la main dans le sac.

— Madame Lee... Que... Que faites-vous ici ?

— Que se passe-t-il... Qui est-ce ? questionne Pam.

Woojin se tourne vers In-rang. Il lui ébouriffe les cheveux.

— Lui ? C'est personne... Ne vous en faites pas.

Ils se regardent tous un par un et pendant très longtemps. Pam décide de passer aux choses sérieuses au bout d'un certain temps... Cette situation devenait ridicule.

— J'ai appelé la police, avant de venir. Alors... Monsieur Cha, arrêtez, s'il vous plait. Vous ne devez pas faire ça... C'est mal.

— Vous pensez que je vais vous croire... Madame la soi-disant « inspectrice » ? menace-t-il.

Il sort un pistolet de sa veste et le pointe sur Pam.

— Tu entres, tu te mets à côté de lui, et tu lèves bien tes mains en l'air, putain de flic.

La situation lui échappe totalement. Elle obéit, tremblante. Elle a envie de hurler, de pleurer, de quémander pour sa vie... Mais elle est tétanisée par la peur. Quelle stupide idée d'être venue ici toute seule !

Une fois à côté d'In-rang, Woojin sort des balles de sa poche et rempli le chargeur sans trembler. Il a l'air de faire ça souvent. Il range ensuite le pistolet dans sa poche et se baisse pour ramasser le bidon. Pam sent des larmes monter dans ses yeux. Elle va mourir ici avec deux gros connards.

— Que... Que se passe-t-il ? C'est quoi votre lien avec Haneul ?

— Mon lien avec Haneul, tu dis ?

Il se met à rire... À se péter une barre même. In-rang et Pam se lancent des regards terrorisés. Pam se reconcentre ensuite sur le cinglé.

— Cette garce a bien caché son jeu ! hurle-t-il en arrosant Pam d'essence.

Elle pousse un cri surpris et se recule en toussant. Oh non, non, non... In-rang tape ses pieds contre le sol.

— Boucle-la sale merde ! hurle Woojin en donnant un coup de poing à In-rang.

Le regard fou, Woojin les entoure d'essence sans aucune hésitation.

— Cette garce cachait bien son jeu... Je lui avais donné rendez-vous pour lui offrir un service digne de ce nom... J'avais tout inscrit sur la carte... Mais elle s'est ramenée avec lui, cette salope !

In-rang parle, mais personne ne comprend ce qu'il dit. Peut-être qu'il a des choses importantes à raconter lui aussi...

— Peu... Peut-être qu'il veut s'expliquer.... Vous... Vous ne voulez pas l'entendre ? tremble Pam.

— Mon cul ! rage Woojin.

Il pose les bidons, fait le tour de la pièce trois fois en sautillant, et revient finalement devant In-rang.

— Bon, je suis d'accord ! Écoutons-le, ça va être drôle ! Tes dernières paroles, mon p'tit gars !

Il retire le torchon mouillé. In-rang tousse et lance un regard mauvais à Woojin.

— Je pensais qu'elle avait réservé pour nous deux... Je ne savais pas que tu travaillais ici... Si j'avais su...

— Et oui ! Parce que tu sais quoi, madame la flic ? Ce tas de merde savait qu'elle sortait aussi avec moi... Alors que moi, je pensais qu'elle m'appartenait entièrement !

— Moi, je m'en fichais ! J'aimais Haneul... Je comptais même l'épouser ! se défend In-rang.

— Oh, tu parles de ça ?

Woojin sort une bague de sa poche et la lance sur la tête d'In-rang. La bague ricoche et tombe au sol.

— Tu parles d'un mari ! Tu ne connais même pas sa taille et en plus... Tu m'as laissé faire !

— De quoi parlez-vous ? intervient Pam, toujours aussi épouvantée. 

Woojin s'essuie le nez et pointe In-rang du doigt dans un rire amer.

— En sortant du restaurant, ils se sont disputés à cause de moi. Mais cet idiot ne savait pas que sa prétendue future femme faisait de l'asthme dès qu'elle commençait à stresser, raconte Woojin.

— Je... J'avais bu et j'ai poussé Haneul. Elle s'est mise à faire un malaise alors... J'ai cru que je l'avais tué, se justifie In-rang auprès de Pam.

— Et ensuite... Vous avez voulu cacher le corps sur votre lieu de travail, conclut l'étudiante.

In-rang hoche la tête, les larmes aux yeux. Woojin se rapproche subitement de Pam pour venir lui caresser les cheveux en riant comme un singe. 

— Mais ce qu'il ne savait pas... C'est que je les ai suivis. Il m'a vu, il a essayé de s'enfuir... Et il l'a laissé tomber. Complètement. Il m'a regardé faire... N'est-ce pas ? déclare-t-il en se penchant à présent vers In-rang.

Woojin fait trembler son menton, comme un enfant. Les traits de son visage se durcissent ensuite.

— C'est pas bien de m'avoir laissé faire ! s'enrage-t-il.

— Vous avez violé la femme que vous aimiez, c'est horrible ! tente Pam.

— Elle m'appartient ! réagit Woojin en poussant Pam violemment au sol.

Elle atterrit sur les fesses en poussant un petit cri.

— Maintenant, on va mourir tous les trois... On va rejoindre Haneul pour toujours... Ma Haneul... Nous méritons de brûler en Enfer, gémit Woojin en sortant un briquet de sa poche.

— Attendez ! s'écrie Pam en levant sa main dans sa direction.

Tous les trois retiennent leur respiration. In-rang tremble aussi. Woojin ne la lâche pas du regard... Pam se redresse. Elle a un plan en tête.

— Je.... Je sais où est Haneul. Je peux vous y conduire... Vous voulez la revoir ?

Comme hypnotisé, Woojin hoche lentement la tête en faisant des yeux ronds. Pam jette un coup d'œil rapide sur le briquet tout en s'avançant vers Woojin.

— C'est ça... Haneul. Je l'ai vu...

— Elle est belle, n'est-ce pas ? murmure Woojin.

Pam acquiesce.

— Oui... Très belle. Alors... Donnez... Donnez-moi le briquet tout doucement et on ira la voir ensemble. D'accord ?

— Sans lui, hein ?

— Sans Park Inrang-shi, oui...

Elle pose la main sur le briquet doucement, sans le quitter du regard. L'air innocent de Woojin se transforme en un instant.

— Ai-je l'air d'un chiot dans un chenil ?

Il lui fait une clef de bras tellement forte que Pam pousse un cri de douleur. Puis, avec son pied, il lui donne un coup en bas du dos pour qu'elle tombe sur In-rang. Sa chaise bascule en arrière et ils se retrouvent tous les deux au sol dans un fracas. Pam se retourne pour regarder ce que fait Woojin. Il sort son pistolet de sa veste et le pointe droit sur elle. C'est trop tard.

— Tu peux dire a...

Un coup de feu est tiré.