CHAPITRE 25
— Je ne peux pas croire qu'il ait fait ça, c'est impossible ! Ce n'est pas son genre ! se plaint l'ouvrier en faisant les cent pas devant la table.
Pam n'en revient pas. C'était un coup de maître incroyable !
Les autres ouvriers allument un ordinateur devant Pam et se connectent à un logiciel de surveillance.
— Et vous allez me dire que vous n'aviez pas reconnu Yoon Haneul-shi ? accuse-t-elle.
— La vérité... C'est qu'on avait bu l'autre soir. On fait ça souvent le weekend. Vous ne savez pas à quel point c'est dur de travailler ici ! On n'a presque jamais de pause, jamais de jour de repos. On voulait se détendre, c'est tout... Et puis, d'ordinaire, elle ne s'habillait pas comme ça. Jamais. Noona n'était pas coquette.
Pam fronce des sourcils tandis que le logiciel s'ouvre dans une fenêtre. Les ouvriers se rapprochent alors tous de l'écran pour regarder. Elle tape la date et l'heure approximative du meurtre. Des images figées s'affichent sur l'écran. Elle commence alors à regarder la première vidéo.
— C'est In-rang, annonce l'interlocuteur privilégié de Pam.
On voit In-rang se garer en voiture et sortir le corps de Haneul de son coffre. Il marche jusqu'au chantier... Non, il court. Il semble chercher un endroit où la cacher... Pam et le reste du groupe suit ses mouvements de caméra en caméra dans un silence de mort. Puis, quelqu'un semble arriver au fond du chantier, là où se trouve In-rang.
— Bordel, c'est qui lui ? commente un ouvrier.
In-rang panique, comme s'il ne voulait pas être vu et remonte vers le chantier. C'est à ce moment-là que le sac à main de Haneul tombe au sol. In-rang ne l'a pas vu. Il semble tituber aussi... Il trébuche et la fait tomber. Une ombre se rapproche d'eux, éclairée par les puissants projecteurs. In-rang abandonne complètement Haneul et court vers sa voiture. Les sourcils de Pam se froncent encore plus. Elle regarde d'autres caméras. La silhouette est là et traverse le chantier tranquillement. La personne est habillée tout en noir et porte un masque. Elle se rapproche de Haneul et... Mon dieu. Le sang ne Pam ne fait qu'un tour et elle a envie de vomir.
— Oh putain, c'est qui ce fils de pute ? crache l'interlocuteur.
Trop de questions se posent dans la tête de la jeune femme. Mais ce maudit spectacle est insupportable pour les yeux de tous. Pam réduit la fenêtre du logiciel pour faire disparaître les terribles images qu'ils viennent de voir.
— In-rang est-il revenu depuis ce jour-là ? questionne Pam.
Elle est sous le choc. Mais elle est aussi en colère. Quel genre de grosse merde abuse d'une femme sans défense et dans un état de faiblesse ?
— Non. Mais on lui a envoyé plusieurs messages, sans réponse... Que quelqu'un l'appelle encore ! propose un autre ouvrier.
— Est-ce que vous vous souvenez d'avoir vu l'autre connard l'autre soir ? demande un troisième à ses collègues.
Les conversations autour de Pam fusent et ça devient rapidement le brouhaha. Pam ferme les yeux un instant et inspire lentement. Quand elle les ouvre, elle a mal à la tête. Ses yeux sont rivés sur le bureau d'accueil de l'ordinateur... Elle est immobile. Que s'est-il passé avec In-rang et où est-il ? Et surtout, qui est le second type sur la vidéo ?
Elle ouvre une page Internet et se rend sur la boite mail qu'elle utilise souvent. Quand elle arrive sur le site en question, Pam se rend compte que l'ordinateur est resté connecté sur le compte mail de Park In-rang. Seraient-ils dans le « bureau » du jeune homme ? Cet ordinateur lui appartient-il ? Personne ne lui a rien dit.
Mais si elle se trouve dans son « bureau », il doit bien y avoir des affaires personnelles quelque part... Machinalement, et dans sa bulle, Pam ouvre les tiroirs de la table où elle se trouve et fouille. En cherchant, elle trouve bien une carte de visite au nom de Park In-rang et imprime son adresse dans sa mémoire.
Un flask back lui revient soudainement. Elle se rappelle qu'au restaurant, In-rang était habillé également tout en noir. Sur la vidéo du chantier, il a gardé les mêmes habits. Or, le second type était habillé exactement comme lui. Qu'est-ce que ça signifie ? Oh mon dieu. On a voulu lui faire porter le chapeau. Mais, pourquoi ?
La veille, elle a découvert l'adresse mail professionnelle du lieutenant Baek. Elle doit le prévenir. Elle clique alors sur « nouveau message », inscrit son adresse mail et joint les vidéos dans un fichier ZIP. Puis, elle hésite. Peut-elle se faire passer pour In-rang ? Clairement, non. Et en plus, elle ne connait pas le degré d'implication d'In-rang dans cette histoire. Pourquoi Haneul était-elle inconsciente ? L'a-t-il frappé ? Pourquoi l'a-t-il abandonné ? Ce qui est certain... C'est qu'il est innocent pour la suite. Elle marque alors : « Je suis innocent. On me veut du mal. Aidez-moi ». Pam appuie sur la touche « entrée » du clavier et regrette aussitôt son geste en voyant le message de réception.
— C'est quoi ce bordel ? hurle quelqu'un.
Pam relève son regard vers la voix. Un vieil homme se tient devant la porte du conteneur. Il est vêtu comme les ouvriers. Il est assez petit et il a un gros ventre. Il s'avance dans le conteneur, ne quittant pas la jeune femme des yeux. Pam ferme la fenêtre des mails, puis elle abaisse l'écran d'ordinateur.
— Qui êtes-vous ? Que foutez-vous sur mon chantier ? pointe-t-il du doigt, le visage rouge de colère.
Calmement, elle se lève et remet bien son sac à main sur son épaule. Elle a deux secondes pour trouver une excuse... Et pour éviter de s'évanouir à cause du choc.
— Lee Mi-na, inspectrice sanitaire et de la sécurité. Vous voulez voir ma carte ?
Le premier ouvrier lui jette un regard surpris, comme si elle venait de trahir sa confiance.
— Dégagez de là, je sais que vous êtes un escroc ! Vous volez les contrats et vous faites de fausses factures. Vous ne lui avez pas donné vos papiers les gars, j'espère ?
C'est surement le chef de chantier. Pam se tourne alors pour regarder le premier ouvrier dans les yeux. Elle tente de lui faire passer un message... Comprendra-t-il ?
— Non, sajangnim, ne vous en faites pas, répond-il finalement, sans lâcher du regard Pam après un long moment.
Elle le remercie silencieusement avant de sortir du conteneur, rasant de près le chef de chantier.
— Ne revenez pas ici, aesaekki, ou vous aurez affaire à moi... Je connais votre visage ! menace le vieil homme derrière elle.
Elle lève le bras pour le saluer, sans le regarder, et elle l'entend l'insulter. Un peu dans un état second, Pam se rend automatiquement vers la station de métro, sans voir défiler son temps de trajet à pied. Elle ne sait pas comment elle a fait pour changer de ligne. Elle ne sait pas non plus pourquoi le soleil est déjà couché quand elle arrive... Elle se sent juste vidée et apeurée. Quand elle reprend conscience, elle est face à son immeuble. Elle regarde par-dessus son épaule. Quelqu'un l'a-t-il suivi ? Elle ne sait pas.
Dès qu'elle rentre chez elle, Pam s'écroule dans son lit.
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"Sajangnim" est la traduction de « patron »
"Aesaekki" est la traduction de « sale gosse »
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