CHAPITRE 18

Le fourgon passe un premier barrage de policiers. Il fait noir tout autour d'eux, mais Pam aperçoit de puissants projecteurs à des centaines de mètres. Ils éclairent un endroit bien précis. Les phares, des nombreux véhicules présents, illuminent également l'environnement. Il y a d'énormes structures qui s'élèvent et que Pam n'arrivent pas à distinguer. Le sol est boueux. Des regards curieux se posent sur leur véhicule. Les discussions semblent animées... Elle n'aime pas vraiment cet endroit. Malgré tous ces artifices, il ne dégage aucune chaleur. En dehors du véhicule et sur la terre ferme, Pam sent que l'atmosphère est lourde et chargée en nervosité... Ce qui n'engage rien de bon. Ce n'est pas une simple victime retrouvée... C'est forcément un meurtre.

— Mademoiselle Cosson, appelle Young-sun, de l'autre côté du véhicule la sortant alors de son introspection.

Pam se dirige vers les portes arrière. Il lui donne une grosse mallette grise. Il en tient une seconde dans ses mains. Il referme le véhicule et s'éloigne. Pam tire difficilement la mallette en le suivant. Ils s'arrêtent à un premier ruban de signalisation. Un jeune officier les accueille. Il porte un gilet jaune par-dessus son uniforme.

— Bonjour, vous êtes le docteur Kwan ? questionne-t-il.

— Lui-même, répond Young-sun sans aucune once de chaleur.

L'officier le regarde longuement.

— Il me faudrait une pièce d'identité pour le confirmer.

Il pose aussi son regard sur Pam et la juge de bas en haut. Pam hausse un sourcil.

— Et pour la demoiselle aussi.

Pam pose la mallette à ses pieds et fouille dans son sac à main pour chercher son passeport. Young-sun a déjà dégainé sa carte et la tend à l'officier. Ce dernier la saisit, la regarde à la lumière artificielle puis, il la met à côté de la tête de Young-sun.

— Mh...

Pam sent que Young-sun s'impatiente.

— Kwan Young-sun, né le 16 Août 1993 ?

— Oui, répond-il, les dents serrées.

L'officier lui rend sa carte. Il prend ensuite le passeport de Pam sans aucune douceur, et il refait exactement la même chose.

— Et vous, Paméla Cosson, née le 15 Juillet 2000 ?

Elle aperçoit Young-sun se retenir de sourire. Quoi ? C'est son prénom entier que le fait rire ? Ou la prononciation très mauvaise de l'officier ? Elle se racle la gorge et reprend son passeport, jugeant d'un air mauvais l'officier.

— Ouais.

L'officier secoue la tête avant de se tourner vers Young-sun d'un air sévère.

— Vous êtes en retard, docteur, qu'est-ce que vous fabriquiez ?

Pam et Young-sun s'échangent un rapide coup d'œil.

— Peu importe, siffle le jeune officier (Pam écarquille d'ailleurs les yeux face à son comportement désinvolte), le procureur a été prévenu juste avant votre arrivée. Il est en chemin.

— Le corps n'a pas été déplacé, j'espère ? interroge Young-sun.

Les deux hommes passent en dessous du ruban et se mettent à marcher vers un point de rassemblement. Pam les suit en tirant la mallette et en tentant de suivre la conversation.

— Nous sommes sur un chantier aux frontières de Séoul, explique l'officier, l'un des employés est arrivé tôt. Il a trouvé un sac à main noir tout en bas et il est remonté. C'est là qu'il l'a découvert.

— Et ensuite ? continue Young-sun.

L'officier secoue la tête, comme dépassé par les évènements.

— Cet idiot, au lieu d'appeler la police en premier, a fait venir tous ses collègues. Ils n'ont pas touché au corps, mais la scène de crime a été modifiée et polluée par leurs traces de pas tout autour. Certains se sont même garés juste à côté. Ils ont sûrement effacé des traces importantes. Impossible d'envisager un quelconque cheminement... Quand on est arrivé, c'était déjà trop tard.

Young-sun pousse un loup soupir. Heureusement qu'il n'est pas en colère contre Pam... Pour une fois. Elle l'observe et attend à ce qu'il fasse une syncope d'une seconde à l'autre.

— De plus, ils ont fouillé sans aucun remord son sac à main. On soupçonne qu'ils aient volé de l'argent... On est sur le coup. Mais ils ont au moins trouvé l'identité de la fille : Yoon Haneul.

Une... femme ?

Instinctivement, Pam se tourne pour regarder la scène de crime d'un air déconcerté. Elle ne l'a pas remarqué en arrivant dans le fourgon, mais maintenant, elle le voit bien... Il y a une masse noire illuminée au milieu de la boue. Se pourrait-il que... ? Elle se sent mal. Serait-ce des cheveux bougeant par le vent glacial qu'elle distingue également ? Elle est hypnotisée par ce qui se passe à quelques mètres d'elle. Une voix lui arrive de loin.

— Mademoiselle Cosson... Mademoiselle Cosson ?

Elle cligne des yeux. La voix est devenue claire tout d'un coup. Young-sun lui tend des vêtements dans des pochettes plastifiées. Il est habillé de la tête aux pieds d'un étrange déguisement. On dirait un extraterrestre sorti d'une soucoupe volante. Pam les saisit, chamboulée.

— Mettez tout ça et rejoignez-moi, indique-t-il en mettant un masque et en s'éloignant avec les deux mallettes.

Elle hoche la tête silencieuse et observe les vêtements. Elle se sent vidée, sans énergie, sans motivation pour faire quoi que ce soit à cause du mal-être qu'elle ressent. Mais elle ne veut pas s'embrouiller à nouveau avec Young-sun, alors, elle s'exécute.

Par-dessus ses vêtements, elle s'équipe de la tête aux pieds : une combinaison blanche, des sur-chaussures bleues, deux paires de gants et un masque. Elle s'attache les cheveux et une fois prête, elle balaie le lieu du regard pour chercher Young-sun. Mais, malheureusement pour elle, Pam sait déjà où il se trouve. Il est accroupi juste devant cette masse noire... Devant le corps.

Ses battements de cœur s'accélèrent. Elle prend une grande inspiration et ferme les yeux un petit moment. Quand elle se sent prête, elle les ouvre et déglutit. Elle commence à s'avancer tout doucement, passant de ruban en ruban. Plus elle se rapproche, plus elle a l'impression qu'elle va s'évanouir. Ses jambes s'alourdissent, et elle a des bouffées de chaleur. Elle a un marteau dans la tête. Elle a l'impression de suffoquer. Et quand elle veut faire demi-tour, c'est déjà trop tard...

Elle se trouve face à cette femme. Cette pauvre femme. Une jeune coréenne. Ses yeux sont ouverts et elle ne lâche pas du regard Pam, comme si c'était elle la coupable idéale. Son mascara a coulé sur le côté gauche de son œil. Elle a des marques rougeâtres et bleutées au niveau de son cou. Le bas de sa robe noire est légèrement relevé et... Ses chaussures sont propres.

Pam est sous le choc. Sa gorge est toute sèche. Elle a l'impression que ce n'est pas réel. Oui, c'est ça. Elle s'est rendormie après l'appel de Young-sun et est en train de faire un cauchemar... Ça ne peut être que ça... Mais, ce dernier ne voit pas sa détresse. Il est occupé à fouiller dans sa mallette et à sortir un gros appareil photo.

— Mademoiselle Cosson, approchez. Je vais vous montrer comment on doit prendre les photos. Et ensuite, je vous expliquerai la méthode de Henssge.

Il lui tend aveuglément l'appareil. Mais Pam ne s'avance pas pour le saisir. Bien au contraire, elle est en train de reculer.

Joes... commence Pam.

Young-sun relève enfin son regard sur elle, confus.

Joesonghabnida... Je ne peux pas.

— Mademoiselle Cosson ?

Elle secoue la tête, jette un dernier regard à cette pauvre fille, et fait demi-tour en courant. Elle passe derrière les nombreux rubans. Elle ignore les regards interrogateurs sur elle... Et elle finit par se cacher derrière une voiture de police. Elle retire son masque pour pouvoir respirer et se laisse glisser le long de la carrosserie, haletante.


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"Joesonghabnida" est la traduction de « je suis désolé »

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