CHAPITRE 134

Un second homme entre à la minute suivante. Il est calme et ses mains sont positionnées derrière son dos. Pam tremble comme une feuille en reconnaissant cet homme.

— Ça suffit, Ilwan-a. Tu l'as effrayé.

Le corps de Pam se réveille au bon moment. Elle lâche son sac à main et fait demi-tour en courant et en ignorant tristement le corps du lieutenant Baek au sol. Mais au moment où elle atteint l'autre sortie, Sang-kyu apparaît et lui barre la route. Pam lui rentre dedans et se recule aussitôt.

— Sang-kyu... implore-t-elle.

Son meilleur ami ne la regarde pas. Son regard est baissé. Il s'avance en faisant coulisser la porte derrière lui. Pam secoue la tête.

— Sang-kyu, appelle-t-elle plus fermement, aide-moi. 

Mais l'émotion dans sa voix la trahie... Une félonie de plus. Elle sent une larme couler le long de sa joue. 

— Sang-kyu, convoque le docteur Kang.

Son meilleur ami – ou ancien meilleur ami – la maintient fermement par derrière et l'oblige à avancer vers les deux autres. Pam tente de happer son regard... Sang-kyu s'arrête soudainement sur son chemin. Pam suit son regard. Il vient de voir Harin et Hyun-su dans le coffre de la Shinjin.

Hyung... Harin-a ?

Il pose ensuite son regard sur les deux hommes.

— Papa... On avait une seule règle... On ne devait pas toucher à mes amis !

— Arrête de faire le bébé, petit frère, grommelle Il-wan.

Le docteur Kang ne répond pas. Il se contente de lever sa main en l'air et de faire signe de s'approcher. À contrecœur – Pam le sent dans la force de Sang-kyu – ce dernier s'avance vers sa famille.

— Ne t'inquiète pas, Noona... Ils sont simplement drogués... Ils ne sont pas morts. On fait comme ça, maintenant...

— Ferme-la, putain ! crache Il-wan.

Sang-kyu s'arrête face à eux. Pam sent qu'il tremble. Il-wan extirpe Pam des bras de Sang-kyu pour la maintenir à son tour par l'arrière.

— Après tout, nous ne sommes pas des bêtes sauvages, murmure-t-il à son oreille.

Il renifle bruyamment son parfum. Pam ferme les yeux, écœurée. Quand elle les ouvre, le docteur Kang la regarde avec un calme olympien. Mais cette mer peu agitée cache peut-être un typhon dévastateur à l'horizon.

— Mes parents ne me racontaient jamais d'histoire pour m'endormir ou me consoler. Je n'ai jamais eu de « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». Je ne me suis pas imaginé en dragonnier chevauchant un dragon pour sauver le monde d'une invasion extraterrestre...

— Moi non plus, répond Pam d'un ton froid.

Le docteur Kang lui lance un regard sévère. Elle ose interrompre son monologue...

— J'ai grandi dans un monde dans lequel la féérie et les miracles n'existaient pas. Et je suis devenu un homme de science. Alors, quand Il-wan m'a conté cette drôle d'histoire sur Young-sun, explique-t-il en désignant son fils derrière Pam, je n'y ai pas cru une seule seconde.

Il marque une pause.

— Jusqu'à ce que je fasse le lien entre cette histoire... Et vous deux. Petit à petit, les pièces du puzzle se sont assemblées... Et j'ai compris que c'était vrai.

Le docteur Kang se rapproche pour l'observer.

— Mes parents ne me contaient pas d'histoires, mais je lisais les leurs. En particulier, cette histoire. Encore et encore. C'était ma préférée parmi toutes les autres...

Il tente de discerner une réaction chez Pam, dans un nouveau silence. Il observe un à un ses yeux.

— La première fois qu'on s'est rencontrés, je pensais rêver. Je croyais que le fantôme de cette femme venait se venger... Et je n'étais pas bien loin de la vérité, tout compte fait...

Il pousse un soupir. Il-wan lui donne son pistolet avec sa main libre. Le docteur Kang observe l'objet en détail.

— Des fantômes qui résolvent leur propre crime... Si ce n'est pas de la malchance dans mes affaires tout ça...

Il lève ses yeux sur Pam sans redresser pour autant la tête.

— Sang-kyu. Ramasse son sac à main, ordonne-t-il.

Ce dernier s'exécute et tend maladroite le sac à son père. Le docteur Kang retourne le sac pour renverser son contenu sur le sol.

Il cherche le carnet.

Pam déglutit. Elle s'est bien fait avoir... Et elle comprend soudainement beaucoup de choses. Elle a été idiote. Il-wan et le docteur Kang ont monté de toutes pièces la maladie de Young-sun. Ils ont profité de la faiblesse de Pam pour la poignarder dans le cœur davantage...

Entre deux réflexions, le docteur Kang détruit le téléphone de Pam en l'écrasant avec son pied.

Ils ont tué le procureur Jeon, et elle sait pourquoi et comment, maintenant. Le procureur Jeon doutait de Pam... Pour enquêter sur elle, il a dû suivre Young-sun durant plusieurs jours. Or, Young-sun s'est introduit dans le bureau du docteur Kang pour lui voler des preuves... Par un moyen qu'elle ignore encore, Il-wan et Sang-kyu ont réussi à le piéger ici même, au hangar. Le procureur Jeon a dû être témoin de l'agression. Il-wan l'a tué. Mais, ils ne se sont pas débarrassés du corps comme ils ont l'habitude de le faire. Ils ont réfléchi. Ils ont voulu faire différemment pour que toutes les affaires ne soient pas liées... Alors, ils ont acheté une vieille voiture et l'ont laissé dans une casse. C'est comme ça que le procureur Jeon a été découvert... S'ils avaient balancé son corps dans l'eau, Pam aurait facilement fait le rapprochement... Et cela aurait nui à leur petit hobby meurtrier.

— Pourquoi avoir tué le procureur Jeon ? questionne Pam pour valider sa théorie.

— Il fouinait trop, répond Il-wan.

Elle déglutit, puis observe le docteur Kang fouiller dans chaque recoin de son sac à main. Elle l'imagine alors faire la même chose, mais, autre part...

— Vous avez vandalisé votre propre établissement pour cacher la découverte de Young-sun, réalise Pam.

Le docteur Kang lève la tête vers elle, puis se redresse.

— Vous m'impressionnez, mademoiselle Cosson. C'est sincère.

Pam ne répond pas.

— Vous étiez là pour ça, ce matin. Il était caché dans la pièce. N'est-ce pas ?

Elle ne répond toujours pas.

— Où est le carnet de ma mère ? questionne le docteur Kang après un long silence.

— Je sais pas.

Il sourit narquoisement. Il perd vite ce sourire et pointe l'arme directement sur son front.

— Papa, arrête ! tente Sang-kyu.

— Vous êtes une brillante enquêtrice, mademoiselle Cosson, mais vous mentez très mal. On le sait tous les deux. Je réitère donc ma question...

Il appuie l'arme contre sa peau.

— Où est le carnet de ma mère ? répète-t-il en distinguant chaque mot.

Pam inspire par le nez et serre les dents.

— Je sais pas, n'abandonne pas la jeune femme.

— Vous êtes prête à mourir pour protéger quelqu'un qui vous a complètement oublié ? Quel gâchis...

Elle fixe intensément le docteur Kang dans les yeux, malgré l'affolement qui fait trembler tout son corps...

Un bruit, provenant de l'extérieur, perturbe la scène tragique censée se dérouler.

— Qu'est-ce que... souffle le docteur Kang.

Les quatre tournent la tête vers la porte-coulissante refermée. On dirait qu'une personne jette des choses contre la paroi...

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