CHAPITRE 130
— J'ai bien cru que vous alliez vous évanouir.
— Moi aussi...
Dans la salle de pause, Pam avale un grand verre d'eau. Quand elle repose le verre sur la table, sa main tremble encore. Madame Go fouille dans un placard et trouve une tablette de chocolat. Elle la tend à Pam.
— Tenez. J'ai entendu, un jour, que manger du chocolat, dans ces conditions, faisait du bien.
Pam saisit la tablette sucrée en souriant de fatigue.
— Vous l'avez vu dans Harry Potter ?
— Comment vous le savez ?
Elle ouvre la tablette et casse un morceau de chocolat qu'elle mange aussitôt. Les fictions ont raison. Pam se sent un peu mieux instantanément. Mais, elle croit avoir lu quelque chose dessus un jour... Le chocolat donne la même sensation que lorsqu'on est amoureux. Ou, était-ce autre chose ?
— Mademoiselle, voulez-vous que j'appelle une ambulance ou...
— Non, ça va aller, je... Je n'ai pas pris de petit déjeuner ce matin.
— Les jeunes ! houspille madame Go.
Mais cette femme n'a pas tort. Pam doit appeler quelqu'un... Mais qui ? Elle sort son portable et fait défiler ses contacts. Son pouce appuie instinctivement sur celui de Harin. Mais comme la veille, sa meilleure amie ne répond pas.
Pam n'a pas le choix. Elle doit tout dire à Il-wan. Il pourra l'aider... Elle aura la force de police de son côté.
— Vous n'allez pas avoir de problèmes... Avec ce que je vous ai demandé ? chuchote la future journaliste.
Madame Go secoue la tête.
— Vu votre tête... J'ai compris que c'était important.
— Et si quelqu'un vous demande ?
— Je ne sais pas de quoi il parle... Il y a eu une reconfiguration des archives, le dossier a dû être maladroitement détruit durant cette manœuvre.
Pam acquiesce, satisfaite.
— Super.
— Y'a-t-il autre chose que je peux faire en plus, ma p'tite ?
— J'aimerais que vous appeliez un taxi, s'il vous plait. C'est assez urgent...
L'open space du commissariat de Gwanak s'est transformé en un imbroglio. Des suspects se battent entre eux. Des plaignants engueulent les pauvres policiers. Des collaborateurs débattent houleusement sur une procédure à suivre... On dirait qu'une tornade s'est abattue dans la pièce.
Pam se faufile parmi les brigadiers, lieutenants et capitaines, pour se diriger droit vers le bureau d'Il-wan. Or, la place est vide. Pam balaie l'open-space du regard à la recherche d'un visage familier et amical... Elle trouve le stagiaire Lee Eun-sok.
— Excusez-moi ! Monsieur Lee ! interpelle Pam en voguant en sa direction et en levant la main.
Le concerné se tourne et hausse ses sourcils en voyant Pam.
— Mademoiselle la Journaliste ! Que faites-vous ici ?
— Je cherche le lieutenant Jung. Vous ne l'avez pas vu, par hasard ?
— Non, désolé. Mais, si vous voulez, je peux...
— Lee Eun-sok, viens m'aider ! hurle un confrère.
Le stagiaire se précipite pour aider son collègue à séparer deux femmes en train de se tirer les cheveux. Pam grimace. Ce brouhaha commence à lui donner la migraine. Par miracle, son téléphone sonne, ce qui lui permet de sortir du commissariat pour prendre l'appel. Le numéro est inconnu.
— Yeoboseyo ?
— Pam, c'est moi...
La jeune femme fronce des sourcils. Elle entend très mal, mais elle reconnaît la voix.
— Ilwan-shi ? Pourquoi tu murmures comme ça ?
— Je suis au courant pour le lieutenant Baek... Et devine quoi ? Je vais le piéger. Rejoins-moi au hangar. Là où il y a la Shinjin.
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