CHAPITRE 13
— Alors, de quoi s'agit-il ? sonde Pam.
Young-sun est encore dans ses pensées. Et puis, avec sa concentration pour conduire, c'est comme s'il n'avait rien entendu. L'information monte lentement à son cerveau.
— Hein ? Pardon ?
Pam se redresse sur son siège, l'air agacé. Il l'entend même soupirer.
— Bah la victime, il lui est arrivé quoi ?
— Ah, ça...
Il replace correctement ses mains sur le volant.
— C'est un corps qu'on a retrouvé défiguré et les doigts brûlés. On a découvert qu'il avait été empoisonné et déplacé.
— Charmant, commente Pam.
La voiture s'arrête à un feu rouge.
— Il faut être un monstre pour défigurer un cadavre et brûler ses doigts... C'est clairement un psychopathe, lâche après un long silence Pam.
Pour une fois qu'il est d'accord avec elle....
— Ou alors, c'était un violeur, et dans ce cas, il mérite clairement ce qui lui arrive.
— Noona ! réprimande Sang-kyu.
Elle s'oriente vers son ami.
— Bah quoi, c'est vrai ! Les ordures deviennent à leur tour des ordures, c'est ce qu'on appelle le karma.
— Souhaiter la mort de quelqu'un, ce n'est pas très sympa, fait remarquer Young-sun.
Pam se replace sur son siège pour le regarder durement. Il déglutit.
— Il est déjà mort, de toute manière. Si ce type avait agressé violemment votre sœur ou votre mère, par exemple, avouez que vous auriez fait la même chose.
Avant que le feu passe au vert, Young-sun pivote vers elle et lui lance un regard réprobateur.
— Je n'ai pas de sœur. Ni de mère.
Il bouge le levier de vitesse pour repartir sans la lâcher du regard. Pam ne sourcille pas.
— Tsss, réagit-elle.
Elle se tourne de l'autre côté pour regarder les rues de Séoul à travers la vitre. Young-sun secoue la tête avant de planter son regard sur la route.
— Vous êtes différente, déclare-t-il après un long silence.
Pam se tourne vers lui d'un air surpris.
— Différente de quoi, au juste ?
— De ce que j'imaginais.
Il la voit se redresser du coin de l'œil.
— Vous m'imaginiez comment ?
Il hésite un instant.
— Plus... Candide.
Il l'entend pousser un petit rire amer.
— Sympa ! ironise-t-elle.
Il entend Sang-kyu déglutir derrière lui. Young-sun fronce des sourcils. Il ne comprend pas pourquoi elle est en colère.
— Quoi, je vous ai vexé ?
— Non, tellement pas, grince-t-elle.
Il veut dire quelque chose, mais il voit Sang-kyu secouer la tête dans le rétroviseur en signe d'avertissement. Il préfère alors s'abstenir pour éviter de déchainer... La Tempête.
Le reste du trajet se fait dans un silence pesant. Young-sun aperçoit Pam mordiller son pouce droit. Il craint de faire trop de bruit et de se faire insulter par Pam... Mais finalement, ils arrivent en toute sécurité sur le parking du commissariat. Pam se détache et commence à ouvrir la portière. Young-sun se penche pour la refermer aussitôt. Il sent alors l'odeur de son parfum. C'est sucré et floral. Pam le repousse d'un air mécontent.
— Qu'est-ce qui vous prend ? Vous essayez de nous séquestrer devant un commissariat ? Ce n'est pas très intelligent de votre part.
— Mais non ! s'emporte-t-il.
Il se redresse et prend une grande inspiration. Neuf mois avec elle... Ça va être l'enfer.
— Je voudrais que vous attendiez dans la voiture, un petit moment. Il faut que je prévienne le lieutenant Jung Il-wan de votre présence... Il déteste les journalistes.
Pam le juge d'un air suspicieux.
— Vous auriez pu le dire directement, non ? On parle la même langue que vous. Et on n'est pas débile.
Il tente de rester courtois, malgré l'impolitesse hallucinante de la jeune femme.
— Je pensais que vous alliez vous braquer, explique-t-il, les dents serrées.
Elle lui envoie un faux sourire.
— Pourquoi aurais-je fait ça ? J'ai l'air bipolaire ? roucoule-t-elle.
Il entend Sang-kyu se détacher en essayant d'être discret. Alors, pour essayer d'adoucir les mœurs, il s'adresse à lui cette fois-ci.
— En fait, vous ne pouvez pas filmer dans un commissariat.
Il entend Pam soupirer, encore.
— Merci, on connait la loi !
Il inspire lentement et revient vers elle. Il lui renvoie son faux sourire, se détache, sort de sa voiture et claque la portière. Il traverse le parking, et pendant tout le long, il remarque que Pam ne le lâche pas du regard... Mais ce n'est pas un regard humain. C'est le regard d'un animal sauvage, prêt à le dévorer tout cru.
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