CHAPITRE 122

13 Mars 2024

Pam est réveillée par la sonnette de son logement. Elle se lève difficilement, titube dans le couloir et son salon, avant d'arriver devant la porte pour regarder par le judas. C'est Sang-kyu. Elle tape le digicode pour ouvrir la porte. Son meilleur ami entre aussitôt comme une furie.

— Tu ne répondais pas à mes appels, j'étais mort d'inquiétude !

Les rôles s'inversent, cette fois-ci...

— Je suis rentrée super tard ! L'après-midi avec Aeri m'a fatigué. Elle est pleine d'énergie pour une gamine de son âge...

Elle se retourne, bâille et rejoint sa chambre en trainant des pieds. Ses yeux se plissent à cause de la forte luminosité présente dans le salon. Elle entend Sang-kyu la suivre.

— Ne me dis pas que tu étais en train de dormir ?

— Si. J'ai dû mettre mon portable en silencieux hier... Mince, il est quelle heure ?

Elle entre dans sa chambre, plongée dans le noir, et se rend droit à sa table de chevet. Elle attrape l'appareil et le tourne vers elle. Sang-kyu ouvre le rideau en même temps qu'elle déverrouille son portable. Midi passé... Elle se tourne vers Sang-kyu après avoir constaté qu'il l'avait appelé une vingtaine de fois.

— Bah mince...

Son meilleur ami la fixe d'un air effaré.

— « Bah mince » ? C'est tout ce que t'as à dire ?

Son cerveau n'est pas totalement activé. Elle voit bien que Sang-kyu a l'air contrarié, mais elle n'arrive pas à faire de lien... Son esprit met du temps à digérer toutes les informations.

S'il est en colère... Oh, non... Ça veut dire qu'elle a bousillé son van en rentrant après avoir déposé Aeri au comico ? Non, il lui aurait déjà dit... Qu'est-ce que ça peut être ?

— Qu'est-ce que t'as fait, Noona ? gronde son meilleur ami.

Si, peut-être. Elle a bousillé le van, à coup sûr. C'était la première fois qu'elle le conduisait sans Sang-kyu à ses côtés...

— Ton van ? C'est pas moi... Juré !

— Je ne parle pas du van !

Les sourcils de Pam se froncent si fort qu'elle sent un mal de tête arriver...

— T'as déjà envoyé notre travail sans mon accord ? grommelle-t-il.

Pam lâche un soupir bruyant montrant son soulagement.

— Bordel, tu m'as foutu la trouille !

Elle masse un instant ses yeux avec sa main libre.

— Ouais, désolé... C'est ma promenade d'hier. Je me suis dit qu'on avait fait le tour du sujet. J'ai vérifié le montage, les sources, l'article... Tout était parfait. Il n'y avait plus rien à dire... J'étais dans un état second, je crois, alors, je n'ai pas pensé à te prévenir. Et puis, il y a eu le coup de fil d'Il-wan... Ça m'est complètement sorti de la tête.

Sang-kyu inspire et expire lentement. Il la regarde d'un air ennuyé. Pam ouvre ses bras pour qu'il accepte son câlin.

— Je m'excuse vraiment. J'ai été bête sur ce coup. Tu me pardonnes ?

Il croise les bras contre son torse et fait une moue. Le voilà qu'il boude.

— On n'aura pas de mauvaises notes... Bon, si tu ne viens pas dans mes bras, je vais te demander de sortir. Pour me changer.

Avant que l'un deux ne bougent, son portable se met à vibrer. Le numéro du docteur Kang s'affiche.

— Ah, soupire Pam.

Elle prend une grande inspiration avant de répondre. Elle aime bien le docteur Kang, mais il lui rappelle trop Young-sun. Elle glisse son doigt et porte l'appareil à son oreille. Sang-kyu se colle à elle pour faire sa commère.

— Docteur Kang, tout va bien ?

— Bonjour mademoiselle Cosson. J'ai besoin de vous. Je viens vous chercher à votre nouvelle adresse.

— Vous êtes blessé ? s'épouvante Pam.

Elle ne supporterait pas un énième rebondissement dramatique dans sa vie.

— Ne paniquez pas, je vais bien. En fait, on vient de repêcher une voiture dans le fleuve Han. Les lieutenants Baek et Jung sont déjà sur place. Ils nous attendent.

Plusieurs émotions se bousculent dans le corps tout juste réveillé de Pam. Angoisse, peur, appréhension, curiosité, tristesse, culpabilité. Elle fait une moue, embêtée. Son cœur s'emballe. Ses boyaux se tordent. Elle se sent mal.

— Je ne peux pas, docteur Kang. Officiellement, je ne suis plus votre stagiaire. J'ai rendu le documentaire hier, et voir des cadavres ne me...

— J'ai vraiment besoin de vous, et le stage n'est plus important. Vous avez appris comment faire.

— Je ne suis pas diplômée pour ça... C'est illégal.

— Vous serez juste mon assistante, et je vous paierai, bien sûr. En dehors de Young-sun, vous êtes la seule capable. Depuis qu'il n'est plus là, c'est difficile pour moi. Je me sens incapable d'embaucher quelqu'un d'autre.

Pam ne dit rien, hésitante.

— Vous avez du potentiel, mademoiselle Cosson.

Elle se pince les lèvres. Refuser d'aider l'un de ses mentors serait cruel. Le docteur Kang a toujours été gentil et accueillant avec elle. Si Pam refusait, ce serait injuste. Et, elle ne veut pas culpabiliser pour autre chose... Si elle continue, elle aura un ulcère, ou pire... La jeune Française  prend une grande inspiration.

— D'accord. Je vais vous aider. Je descends dans dix minutes.

Elle raccroche... Et sursaute en sentant Sang-kyu derrière elle. La jeune femme pivote.

— C'pas vrai ! Tu m'as foutu la trouille... Bref, t'as le choix entre sortir... Ou sortir. Maintenant.  

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