CHAPITRE 121
12 Mars 2024
— Ce sont les clés du van. On est certain qu'à ce rythme, tu vas te transformer en zombie. Alors, sort. Promène-toi. Respire de l'air pur. Laisse les rayons de soleil t'abreuver de sérotonine....
Pam se remémore les paroles de son meilleur ami Sang-kyu. Cela fait plus de trois heures qu'elle est sortie de chez elle. Pour une fois qu'elle l'écoute... C'est un exploit.
L'étudiante n'était pas sortie depuis plusieurs semaines. Elle a perdu le goût de vivre. Plus de couleur, plus d'articles à écrire, plus de stage avec le docteur Kang... Plus de force, plus de motivation.
Pam n'a pas tenu bien longtemps. Elle a conté sa rupture – tragique – à ses meilleurs amis. Sans conteste, elle ne leur a pas dit la vérité. Elle a été brève : Young-sun se sent mal à l'aise et ne se souviendra jamais d'elle.
La voilà désormais dehors, essayant de retrouver un nouveau sens à sa vie. Elle a vite choisi de se rendre à son école de journalisme. Cela fait déjà quarante minutes que Pam suit le cours du professeur Sung. Elle n'a pourtant rien à faire là... C'est la raison pour laquelle elle s'est placée au dernier rang de l'amphithéâtre, étant donné qu'il s'agit d'un cours de première année.
D'ordinaire, elle serait descendue après le cours pour saluer le professeur Sung et discuter avec lui... Mais elle ne veut pas le faire. Pas dans son état déplorable. Elle a alors décidé de s'éclipser discrètement à la fin du cours...
D'ailleurs, elle en a profité pour envoyer son documentaire vidéo et papier. Son devoir avec Sang-kyu est terminé... Enfin ! Elle avait encore le temps, mais la jeune femme a compris qu'elle avait fait le tour du sujet, et qu'elle s'y accrochait parce que c'était, avant tout, la profession de Young-sun... Prochain épisode le 15 Juin.
Une fois le cours magistral terminé, Pam disparaît comme prévu.
Sur le parking, son téléphone sonne. Elle décroche en voyant le numéro d'Il-wan. Elle culpabilise un peu. Il a tenté de l'appeler durant ces dernières semaines, mais elle n'a pas décroché une seule fois. En fait, Pam n'a répondu à personne jusqu'à ce que Sang-kyu et Harin se pointent pour la sortir du lit.
— Yeoboseyo ?
— Tu es en vie ! Je suis content d'entendre ta voix.
— Oui... Désolé. Je n'étais pas très bien. Je t'ai inquiété ? lâche-t-elle machinalement.
— Non, pas vraiment. Enfin... J'ai eu des nouvelles indirectement. Sang-kyu a la langue bien pendue, tu n'as pas intérêt à lui dire tous tes secrets, blague-t-il.
Pam roule des yeux en ouvrant le van et en s'asseyant sur le siège conducteur.
— Il a dit que j'étais enfin sortie de ma grotte et qu'il était super, méga, joyeux ?
— C'est exactement ce qu'il a dit. Tu es médium !
— Je le connais comme si je l'avais fait.
Elle referme la portière, s'attache et insère la clef dans le moteur, tout ça avec à l'aide d'une seule main. Elle patiente avant de tourner la clef.
— Tu m'appelles pour me parler de Sang-kyu ?
— Non. Tu es libre par hasard ? J'ai quelqu'un qui voudrait te voir.
— Qui ça ?
Elle entend un transfert de combinés. Une petite voix sort de l'appareil.
— C'est moi, Unnie. C'est Gyeon Ae-ri. Tu te rappelles ?
Pam ouvre la bouche, surprise d'entendre la petite fille à l'autre bout du fil.
— Comment j'aurais pu t'oublier, Aeri-ya ! Comment tu vas, ma puce ?
— Tu te souviens de notre promesse ?
Pam réfléchit un instant.
— Oh ! Tu parles des manèges ?
— Oui ! Tu peux m'emmener aux manèges aujourd'hui, Unnie ?
Pam sourit lentement.
— Bien sûr. Si j'ai le droit !
— La dame a dit que oui.
— La dame ?
Il-wan semble reprendre le téléphone.
— L'assistance sociale avait le contact du lieutenant Baek. Il m'a alors contacté pour te prévenir... Ae-ri t'a cherché partout pour faire les manèges. L'assistance sociale est OK avec ça, ne t'inquiète pas.
— Ahjussi, pourquoi vous chuchotez ?
Pam se retient de rire. Aeri aurait pu l'appeler « Oppa », mais elle ne l'a pas fait. La jeune femme entend Il-wan se racler la gorge dans le téléphone. Il est surement vexé.
— Aeri-ya, je ne suis pas si vieux que ça...
— Elle est à Gwanak, c'est ça ?
— Oui.
— J'arrive tout de suite. Si tu as un siège pour enfant, je suis preneuse.
— On en a au comico.
Pam raccroche et se met en route. Elle étudie la question. Si c'est une assistance sociale qui s'occupe d'Aeri, cela veut-il dire qu'elle est placée dans un endroit qu'elle ne connait pas, et qu'elle n'aime sûrement pas. Pam connait ça. Elle a grandi dans des orphelinats et des foyers toute sa vie. Perdre ses repères du jour au lendemain. Être mise à l'écart par un groupe d'enfants qui se connait déjà. Ne jamais savoir ce qui se passera le lendemain. Rêver d'une vie meilleure sans jamais voir les choses changer... Pam comprend donc tout à fait ce que la petite fille peut ressentir en ce moment même. Et pour dire, c'est en partie la faute de la jeune Française... Il faut lui changer les idées à tout prix. Le Grand Parc des Enfants est un choix idéal.
Ses pensées sont brouillées par le son des sirènes de police. Son regard bicolore se porte sur son rétroviseur. Un policier lui fait signe de se garer sur le côté avec son bras en dehors de la voiture. Pam fronce des sourcils et s'exécute aussitôt. A-t-elle commis une infraction sans se rendre compte ? Le van de Sang-kyu est-il en règle ? Elle coupe son moteur en poussant un soupir et baisse sa vitre. Deux agents sortent de la voiture et se rapprochent lentement. Pam prépare les papiers du véhicule, et sa pièce d'identité, le temps qu'ils se rapprochent.
— Bonjour... Mademoiselle, se présente un premier policier après l'avoir observé, vous parlez coréen ?
Son partenaire est une femme qui tient une machine étrange dans ses mains. Pam incline la tête en signe de respect.
— Bonjour. Oui, je parle coréen.
L'homme observe d'un air suspicieux le véhicule avant de relever la tête vers Pam.
— C'est votre véhicule ?
— Non, c'est celui d'un ami. Park Sang-kyu. J'ai les papiers du véhicule et ma carte d'identité, si vous voulez.
— Ce ne serait pas de refus, mademoiselle.
Elle prend les papiers, qu'elle avait posé quelques secondes plus tôt sur le siège passager, et les tend poliment à l'agent. Elle lit « BDC » sur son insigne accroché à son uniforme. L'homme vérifie les papiers puis les tend à sa collègue. Elle tape sur sa machine aussitôt. Il y a un petit « bip ». Elle montre la machine à son collègue d'un air satisfait.
— Mademoiselle Cosson, lit l'homme sur sa carte avant de relever la tête, vous prenez souvent le véhicule de ce monsieur Park ?
— Non, c'est la première fois. Il y a un problème ?
— Le propriétaire du véhicule n'a pas payé une amende.
Pam se retient de rouler des yeux et de lâcher un « ça ne m'étonne pas de lui ». Elle ne veut pas mettre son meilleur ami dans une situation encore plus délicate. Ses sourcils se haussent faussement de surprise.
— Vraiment ? Ça ne lui ressemble pas !
— Il a eu une amende pour stationnement interdit. Mais le délai est dépassé. Vous savez ce qu'il encourt ?
— Oui, mais...
Il faut qu'elle invente une excuse.
— Il est dans la lune, par moment. Si vous avez glissé l'amende sur son pare-brise, il ne l'a pas vu à coup sûr et l'a enlevé en utilisant les essuie-glaces. Pour tout vous dire... Ce n'est pas le balcon le plus fleuri du quartier, si vous voyez ce que je veux dire... essaie-t-elle maladroitement de défendre.
L'agent l'observe un long moment. Pam sourit, de manière idiote, pour appuyer son propos.
— Si vous réimprimez l'amende, je lui donnerai sans problème, et il ira la payer aussitôt.
L'agent questionne sa collègue silencieusement. Elle acquiesce. Le policier soupire. La machine imprime un nouveau ticket. Le policier le tend avec les autres papiers.
— Ça ira pour cette fois. Dites-lui que s'il recommence et que je vois le numéro de cette plaque sortir dans les registres, il n'aura pas de seconde chance.
Pam reprend les papiers, plus l'amende, et les fourre en bordel dans son sac.
— C'est comme si c'était fait.
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