CHAPITRE 119
— Heureusement que j'ai toujours une trousse de secours près de moi, commente Il-wan en soignant les paumes de ses mains et quelques doigts égratignés.
Pam reste silencieuse en fixant ses mains. Il-wan referme sa trousse de premier secours et la range sous son siège de voiture. Pam ne peut pas croire que ça s'est vraiment produit. Young-sun l'a réellement blessé ?
— Il faut que je te pose une question, Pam. Je sais que c'est dur, mais, t'a-t-il frappé avant mon arrivée ?
Pam remarque qu'il la tutoie. Elle secoue la tête.
— Tu ne me mens pas parce que tu l'aimes encore, rassure-moi ? Je suis de la police. S'il t'a violenté, n'hésite pas à me le dire.
Pam secoue, une nouvelle fois, la tête. Elle renifle et s'essuie les yeux. Elle redresse la tête et la cale pour pouvoir observer l'immeuble de Young-sun. Un long soupir sort des lèvres d'Il-wan.
— Je te ramène chez toi, indique-t-il.
Pam prend la parole avant qu'il ne tourne la clef pour allumer le moteur.
— J'ai rencontré un type. Sa copine était comme Young-sun. Elle lui a fait une promesse dans une vie antérieure et ils se sont retrouvés dans le présent, révèle-t-elle.
Elle fait une moue triste et tourne la tête vers Il-wan.
— Elle aussi a eu un accident et ne se souvient de rien. Il n'a pas eu de happy ending. Il se retrouve tout seul, maintenant.
Elle pousse un soupir et se met au fond de son siège, la tête redressée.
— J'avais peur qu'il m'arrive la même chose. Je suis venue le voir pour tenter d'éviter ça mais... Ironie du sort, c'est en train de se produire.
— Il ne t'a pas cru ?
Pam secoue la tête. Elle s'essuie les joues avec la manche de son manteau.
— Je ne sais plus quoi penser de cette vie...
— Tu as encore foi en lui ? questionne soudainement Il-wan.
Pam fronce des sourcils et pivote la tête vers lui.
— Quoi ?
— Son histoire. Tu le crois toujours ?
— Oui, répond-elle d'une petite voix.
Il la fixe un moment avant de tourner le buste pour attraper un dossier, que vient de remarquer Pam, sur le siège arrière. Pam plisse des yeux. Son regard passe du dossier à Il-wan.
— C'est quoi, ça ?
— Je suis vraiment désolé, Pam... Mais, j'ai dû enquêter.
Pam se sent doublement trahis.
— Tu ne m'as pas cru ?
Le fan de Suzy l'avait prévenu.
— Young-sun te ment depuis le début. Il n'y a pas de cauchemar et de vie antérieure. Il a tout inventé, révèle Il-wan en la regardant droit dans les yeux.
— C'est impossible.
— J'en ai la preuve.
Pam lui arrache le dossier des mains, avant qu'il ne l'ouvre, et commence à analyser le premier document qu'elle voit.
— C'est une ordonnance médicale. Young-sun prenait des médicaments pour traiter sa schizophrénie. On appelle ça des antipsychotiques. Tu verras les analyses médicales dans les documents suivants. La première date d'il y a deux ans. Les antipsychotiques diminuent les globules blancs, les leucocytes. Tu peux voir sur les analyses que c'est véridique. Or, sur les analyses datant de sa récente hospitalisation, les globules blancs sont remontés à la normale.
Pam refuse cette révélation.
— C'est n'importe quoi ! Young-sun me l'aurait dit. Et tu oublies qu'il est médecin-légiste. Il n'aurait pas pu travailler, si c'était le cas !
— Je me sens autant trahi que toi, Pam. Je le connais depuis des années... Mais je m'en doutais. Il ne t'a jamais dit pourquoi il avait arrêté de travailler dans la police, n'est-ce pas ?
Pam fronce des sourcils, de plus en plus agacée par cette histoire de médicaments. N'ayant aucune réponse de sa part, Il-wan continue son récit.
— Il a pété un câble, voilà la vérité. Ils l'ont mis à pied... Je comprends maintenant la raison. Young-sun a arrêté son traitement. C'est écrit là, sous tes yeux.
Pam relit en diagonale l'ordonnance médicales et les analyses. Elle lève les yeux vers Il-wan.
— Ça ne prouve rien. Poppy Clarke est mentionnée par Peter Hawkins. Même l'ambassade le confirme. Elle a vraiment existé... Tu sais qu'avec Young-sun, on a empêché la reconstitution faciale des squelettes. Nos visages seraient ressortis... Tout le monde nous aurait pris pour des cinglés !
— Justement. Tu n'as jamais pu voir ces visages. Comment peux-tu être sûre que c'étaient bien les vôtres ?
— Parce que Young-sun les a vus.
Pam plisse des yeux.
— Je te vois venir, mais... C'était mon idée d'arrêter les reconstitutions.
— Il en a profité. Tu étais tellement prête à le protéger coûte que coûte qu'il n'a pas eu besoin de te convaincre... La preuve, tu as aussi cru à l'histoire de ce type dont tu viens de me parler. Il t'a montré des preuves de son histoire ? Tu as bu à ses paroles ! Young-sun t'a monté la tête. Il t'a entraîné dans ses délires, et aujourd'hui, tu en pâtis.
Pam sent que sa bouche est toute sèche. Les preuves d'Il-wan sont flagrantes.
— Je ne peux pas le croire. Young-sun ne m'aurait jamais fait ça. Il m'aimait.
Il-wan fait une moue triste. Il désigne le dossier du menton. Pam fait défiler les feuilles et tombe sur de vieux articles de journaux, brunit par le temps. Les articles signalent des enquêtes dans les années cinquante sur des épaves remontées de fleuve. Un autre article précise que deux corps ont été retrouvés.
— On a retrouvé ces articles découpés et rangés soigneusement sous le canapé de Young-sun, dans son bureau.
— Et alors ? On a retrouvé la voiture des années soixante dans le même état, tu te souviens ?
— Les détails, que tu m'as racontés, sont les mêmes que ceux décrits dans les articles.
Pam soupire et redresse la tête vers Il-wan.
— Parce que c'est le même mode opératoire !
— Young-sun s'en est inspiré pour jouer la comédie et créer des cauchemars imaginaires. Il est malade ! Il savait que tu le regardais, donc il le faisait exprès ! C'est un artiste, il doit croire en ses propres délires...
— Je... Ce n'est pas possible.
— Tu es dans le déni, Pam.
Elle continue de secouer la tête.
— La terreur ne ment pas.
— Il croit en ses propres mensonges. Il ne distingue pas le vrai du faux. Ne le laisse plus t'atteindre. C'est terminé. Regarde-moi... Ce n'est pas réel. Ça ne l'a jamais été.
Pam s'engouffre dans le fond de son siège et inspire lentement en fermant les yeux. Elle serre un bout de son manteau dans sa main. C'est elle qui est en train de faire un cauchemar. Tout ça ne peut pas être en train de se passer. Ce serait de la folie ! Elle s'est fait berner pendant tout ce temps ? Elle ne sait plus ce qui est vrai ou non... Ses yeux s'ouvrent.
— Qui t'a dit pour sa maladie ?
— Le docteur Kang. Il en a parlé au docteur Park, puis il me l'a dit...
— Tu as tout révélé au docteur Kang ? coupe Pam.
— Jamais ! Je t'en ai fait la promesse. Ça reste entre nous.
Pam doit aller l'interroger. C'est un grand sage, mais il a surement commis une erreur.
— Je veux le voir... Tout de suite. Conduis-moi à la Vieille Bâtisse.
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