21 Février 2024

— Et voilà... Home sweet home, comme on dit ! lance Pam en pénétrant dans le logement. 

Elle retire ses chaussures et s'avance dans le salon. Elle observe Young-sun s'engager à son tour en regardant chaque détail de l'appartement.

— Est-ce que tu veux que je te fasse visiter ?

— Je découvrirai par moi-même.

— Très bien, alors, euh... Dans ce cas, je peux te montrer comment fonctionne le rangement de la cuisine ? C'est toujours la chose la plus compliquée quand on ne sait connait pas les...

Young-sun s'arrête et tourne la tête vers elle.

— Je découvrirai par moi-même, répète-t-il en lui souriant faussement.

Pam se pince les lèvres. Elle a envie de se cacher. L'attitude de Young-sun a complètement changé et la met mal à l'aise. Mais ce n'est pas la seule différence. Elle a remarqué qu'il ne cauchemardait plus. Comment est-ce possible ? Pourquoi d'un coup, ça s'est arrêté ? Cela ne peut être causé par le choc à la tête... C'est quelque chose de surnaturel et non de physique. Dans la logique, l'Univers devrait continuer à lui envoyer ces visions... Mais il ne le fait plus. Pourquoi ?

— Très bien, euh...

Elle se recule. Ses jambes touchent le canapé. Elle décide de s'asseoir pour se remettre de ses émotions.

— Si tu as la moindre question, n'hésites pas, annonce-t-elle en l'observant faire le tour de la cuisine et du salon.

Sur son chemin de découverte, elle le voit saisir le Polaroid, l'observer quelques instants, prendre une photo dans le vide, puis le reposer. Il passe sa main sur une étagère de livres, s'arrête, soupire, et se tourne vers Pam.

— Vous allez m'observer comme un animal blessé en cage encore longtemps ?

Pam se lève en s'essuyant les mains sur son jean. Elles sont moites.

— Euh non, désolé. Je ne voulais pas t'offusquer. J'essaie de t'aider...

Il fourre les mains dans les poches de sa veste, manie qu'il avait déjà avant de perdre la mémoire. Pam hausse lentement les sourcils. Elle se souvient avoir compris, il y a une semaine, que Young-sun enquêtait sur quelque chose. Elle n'y avait pas repensé depuis mais... A-t-il découvert un élément important ? Les descendants sont-ils les coupables de son agression ?

Et si...

Pam joue nerveusement avec ses mains.

— Est-ce que tu fais semblant ? demande-t-elle après une longue hésitation.

Son cœur loupe un battement. Young-sun parait scandalisé.

— Pardon ?

Pam se rapproche d'un pas.

— Est-ce que tu fais semblant pour nous protéger ? Par rapport à eux ?

Young-sun se recule. Son dos touche l'étagère de livres.

— Je ne comprends pas ce que vous dites, mademoiselle Cosson.

Pam se rapproche encore un peu.

— Ici, on n'a rien à craindre, tu sais. Alors, si tu fais semblant d'avoir perdu la mémoire pour la bonne cause... Je t'en prie, dis-le-moi, parce que je ne trouve pas ça drôle du tout.

— Mais vous vous foutez de la gueule de qui ? Vous croyez que ça m'amuse de ne pas savoir qui je suis ? Et en plus, vous m'accusez de jouer la comédie ? « Pour la bonne cause », dites-vous ? C'est quoi votre problème ? s'emporte Young-sun.

Oh la boulette...

— Oh, je.... Je suis désolé. Je ne voulais pas... Mon dieu....

Elle prend sa tête dans ses mains et lâche un soupir.

— Ce n'est pas ce que tu crois, Young-sun. Je m'excuse vraiment, j'ai cru que...

— Et arrêtez de me tutoyer, je ne vous connais pas ! aboie-t-il.

Pam lâche sa tête et regarde Young-sun.

— Mais on sort ensemble...

— Vous n'êtes personne pour moi, alors je vous demanderai de me vouvoyer. Ça s'appelle le respect. Vous apprenez ça, dans votre école, non ?

Elle déglutit.

— D'accord, comme vous voudrez... Mais, s'il vous plait, ne vous énervez pas. Vous avez besoin de repos... Je veux juste vous aider, rien de plus.

— Contentez-vous de faire ce que je demande si j'en ai vraiment l'utilité. Vous êtes comme une aide-soignante. Pour le reste, nous ne sommes rien.

Pam inspire profondément, s'apprêtant à rétorquer autre chose, mais elle reçoit un SMS sur son portable. Elle sort l'appareil de sa poche arrière. C'est Il-wan. Il lui demande si tout va bien. Elle prend une autre inspiration pour ne pas se mettre à pleurer.

— Je vais chercher de quoi manger pour ce soir... Je reviens.