CHAPITRE 112

— C'est une perte de mémoire. Les examens pourront nous dire si c'est...

— Permanent... Vous dites que c'est permanent ? coupe Pam, de plus en plus inquiète.

Le médecin éteint sa petite lampe de diagnostic et la range dans sa poche. Young-sun cligne des yeux et lève le regard vers Pam.

— Après un coma, et surtout un traumatisme crânien, il est normal qu'une personne ait des troubles de la mémoire, explique le docteur Park.

Pam se retient de rouler des yeux. Comme si elle ignorait ce genre de choses !

— Un traumatisme crânien ? répète Young-sun.

Pam passe à côté du docteur Park pour s'asseoir sur le bord du lit. Young-sun se recule légèrement. La jeune femme ignore ce geste vexant.

— Tu as été agressé, Young-sun. Quelqu'un a voulu te tuer en te frappant à la tête.

— Pourquoi on me ferait ça ?

— J'en sais rien... Peut-être que tu enquêtais sur quelque chose, découvre soudainement Pam.

— Mais, je suis un flic ?

Pam secoue la tête.

— Non, tu es médecin-légiste. On s'est rencontré pour mon documentaire. Je le fais là où tu travailles.

— Et on sort ensemble, vous m'avez dit, c'est bien ça ?

Elle hoche la tête. Young-sun fronce des sourcils.

— Mais c'est impossible... affirme-t-il.

Double claque.

— Pourquoi ça ? demande-t-elle calmement.

— Vous êtes bien trop jeune pour moi ! Et, vous n'êtes pas coréenne.

Triple.

— Mais, on vit ensemble...

— Quoi ? s'offusque Young-sun.

Quadruple.

Pam se retourne pour lancer un appel à l'aide au docteur Park. Ce dernier se racle la gorge.

— Monsieur Kwan, c'est un choc pour tout le monde... Mademoiselle Cosson s'est occupée de vous pendant plus de trois semaines. Elle est rarement sortie et a passé la plupart de son temps ici... Je sais que c'est difficile pour vous, mais, vous pouvez au moins comprendre ce qu'elle ressent, non ?

Pam sourit en se tournant vers Young-sun, comme pour l'encourager. Ce dernier l'observe un instant avant de répondre.

— Vous êtes resté aussi longtemps ? Vous devez beaucoup tenir à moi... Alors, merci ?

Elle le connait trop bien pour savoir qu'il s'est forcé à la remercier.

— De plus, vous aurez besoin d'elle dans les semaines à venir pour votre rétablissement. C'est votre plus proche parent. En plus, quelle chance, cette charmante demoiselle vit avec vous ! continue le docteur Park.

Quelqu'un frappe à la porte. Pam se lève et se met aux côtés du docteur Park. Le docteur Kang apparaît avec un air heureux sur le visage. Ses yeux ne quittent pas Young-sun. Il se rapproche du lit et pose ses mains sur les barreaux de ce dernier.

Youngsun-a ! Quel soulagement ! Comment tu te sens ?

Pam se pince les lèvres. Harin a tout entendu au téléphone, et donc a prévenu Hyun-su, qui a sans doute prévenu les autres à son tour et ainsi de suite... Mais, Harin ne sait pas que Young-sun ne se souvient de rien.

— Et vous, qui êtes-vous ? questionne Young-sun.

Le docteur Kang perd son air heureux et lance un regard apeuré à Pam. La jeune femme fait un pas en sa direction.

— Il ne se souvient de rien, explique-t-elle.

Elle pivote vers Young-sun et sourit pour le rassurer.

— C'est le docteur Kang, ton mentor. Tu travailles dans son établissement, à la morgue. Il y a aussi Do Hyun-su qui travaille dans le hall, aux pompes funèbres.

— Je ne me souviens pas, désolé monsieur, s'excuse Young-sun en s'inclinant respectueusement devant le senior.

Quand Youg-sun se redresse, il plisse des yeux en regardant dans le fond de la pièce.

— C'est lui, Do Hyun-su ? interroge-t-il.

Pam se tourne vers la porte et aperçoit Il-wan s'avancer timidement. Elle pivote, à nouveau, vers Young-sun.

— Non, c'est le lieutenant Jung. Tu travailles avec des agents de police par moment.

Young-sun secoue la tête. Pam ne sait pas si c'est parce qu'il culpabilise de ne pas se souvenir, ou s'il est juste exténué de toutes ces nouvelles informations.

Hyung ! Tu ne me reconnais vraiment pas ? C'est moi, Il-wan ! On travaille ensemble depuis des années, se présente le lieutenant en se touchant le torse.

— Je ne sais pas qui je suis, alors, comment pourrais-je me souvenir de vous ? peste Young-sun.

Il-wan interroge Pam du regard. Cette dernière fait une moue discrète en secouant la tête.

— Comme monsieur Kwan ne se souvient de rien, quelqu'un sait s'il est allergique à quelque chose ? J'aurais besoin de cette information pour éviter certains traitements, sollicite le docteur Park.

— Sa femme pourra vous répondre, indique Il-wan en souriant à Pam.

Inconnue, rectifie Young-sun.

Pam tente de masquer sa détresse. Elle regarde le docteur Park pour éviter de pleurer.

— Je ne pense pas... Il m'en aurait parlé sinon.

— Moi si ! Nous pouvons aller dans votre bureau et parler entre médecins, qu'en dites-vous ? propose le docteur Kang.

Il pose une main réconfortante sur l'épaule de Pam avant de sortir de la chambre en compagnie du docteur Park. Pam et Il-wan se tournent ensuite vers Young-sun.

— Est-ce que tu as besoin de quelque chose en particulier ? questionne Pam, avec un faux sourire.

Elle ne veut pas craquer devant lui.

— J'ai surtout besoin de repos. Ah oui, attendez, avant de sortir... commence Young-sun.

— Ah, tu veux que je sorte ?

Young-sun ne répond pas, se penche, attrape la boite de chocolat et la lance au bout du lit. Il croise ensuite ses bras contre son torse.

— Reprenez ça, et détachez ce ballon stupide aussi.

Il-wan se penche pour prendre la boite. Pam continue de sourire...

— C'est la Saint-Valentin...

— Et alors ? Ce n'est pas mon problème.

Quintuple.

Il pousse un soupir, s'allonge dans le lit en se tournant et en essayant de trouver une position confortable. Pam détache la ficelle dans un silence de mort et sort de la chambre. Elle entend Il-wan fermer la porte derrière eux. Quand elle se retourne, elle l'aperçoit, à travers ses larmes, jeter la boite de chocolat dans une poubelle. 

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