CHAPITRE 111
— Tu m'étais revenu, se rassure Pam en boucle.
Pam tient fermement la main droite de Young-sun dans les siennes depuis au moins deux heures. La surprise et le choc de son retour furtif l'ont tellement bouleversé qu'elle a mis ses émotions de côté jusqu'au départ de ses proches. Ses émotions ont repris petit à petit le dessus. Joie, soulagement, déception et tristesse se sont mélangés pour donner naissance à un burn-out émotionnel. C'est pourquoi Pam ne peut s'empêcher de pleurer à chaud de larmes. Elle pensait que ce cauchemar était terminé et que Young-sun allait enfin rentrer chez eux... Mais, ce n'est pas le cas. Elle renifle sa morve et s'essuie les joues. Ces dernières commencent d'ailleurs à être irritées à cause du liquide salé.
— Je suis désolé. Je déteste que tu me voies dans cet état... Mais bordel, Young-sun, qu'est-ce qui s'est passé ? Ce soir-là, pourquoi tu t'es enfermé dans la salle de bain et pourquoi tu es parti sans rien dire ? Je suis sûre que c'est la pièce manquante du puzzle pour que je comprenne tout, alors...
Elle libère sa main gauche pour venir caresser sa joue.
— Réveille-toi et dis-moi. Si tu me dis tout, je retrouverai celui ou celle qui t'a fait ça en un rien de temps... Et ne me dis pas que c'est trop dangereux... La situation ne peut pas être pire.
Elle continue de caresser son visage. Son torse monte et descend dans un rythme stable... C'est bon signe, non ? C'est comme s'il dormait maintenant... Au lieu d'être à des années lumières d'ici.
— Je ne te connaissais même pas quand on s'est rencontré, et pourtant, j'étais inquiète pour toi. Tu étais si pâle, je pensais que tu étais malade... Si j'avais su ! lâche-t-elle dans un petit rire masqué par les larmes.
Elle place sa main au niveau de son cœur pour le sentir battre. Puis, elle lève celle de Young-sun pour la placer contre sa poitrine, afin qu'il ressente, lui aussi, les pulsations de son rythme cardiaque.
— Tu m'as promis que tu ne me jetterais plus dans le grand bain sans bouée. Mais c'est ce que tu es en train de faire. Tu m'as laissé sur cette route et dans cette forêt sombre et lugubre... Je vois à peine quand je marche devant moi. Je vais finir par tomber et me noyer quelque part... Mais, cette fois, si tu reviens me chercher, je ne te dirai pas d'aller te faire voir. Je prendrai ta main, et nous la traverserons ensemble cette foutue forêt, avec ou sans bouées, murmure-t-elle.
****
La sonnerie de son portable la sort abruptement de sa sieste. Pam redresse la tête et grimace. Sa nuque lui fait terriblement mal. Elle s'est assoupie assise, la tête posée contre Young-sun. Elle frotte sa nuque avec sa main et se lève pour prendre son portable dans son sac à main. Il est déjà quatorze heures passées. Le contact de Harin s'affiche sur son portable.
— Ouais ?
— Ne me dis pas que je te réveille ?
— Si.
— Comment peux-tu dormir dans cette situation ?
Pam plisse des yeux. Elle aimerait rétorquer beaucoup de choses. Elle aurait pu dire : « oui, Harin, pleurer toutes les larmes de son corps, c'est fatiguant » ou encore, « quel culot, ce n'est pas Hyun-su qui est dans ce lit et ce n'est pas toi qui attends ». Mais elle se retient. Harin et Hyun-su ont beaucoup fait pour elle depuis que Young-sun est coincé dans ce lit, alors... Ce serait vache de sa part.
— Tu as mangé ? questionne sa meilleure amie.
— Non, mais je vais aller me chercher un truc... Dis-moi, on est toujours le 14 ?
— Oui.
— Tu as prévu quelque chose avec Hyun-su ? demande Pam en prenant sa carte bleue et en sortant de la chambre.
— Oui, mais je ne préfère pas me vanter, ma chérie. J'ai vu ta petite déco et tes cadeaux dans la chambre, ce matin...
— Ça t'a fait pitié ?
— Un peu, oui.
Pam grimace en se rapprochant d'un distributeur. Elle n'ose pas imaginer ce que les autres en ont pensé, eux aussi, du coup...
— Je vois... Ce n'est pas ce que tu imagines.
— Et qu'est-ce que j'imagine ?
Pam appuie sur le bouton pour prendre un soda et une barre chocolatée. Elle s'abaisse pour les prendre et fait demi-tour pour revenir dans la chambre.
— Que je suis complètement folle.
Elle ouvre la porte en grand et reste clouée sur place. Sa canette et sa barre chocolatée tombent au sol une à une. Le bruit attire l'attention de Young-sun. Il est assis dans le lit. Il la regarde. Il a une expression sur le visage.
Il est conscient.
Ses yeux s'écarquillent en découvrant Pam.
— Où suis-je ? Qu'est-ce qui se passe ?
Très vite, son portable glisse de son cou et rejoint la nourriture éparpillée à terre. Mais il parle, en plus !
— Oh mon dieu... Youngsun-a !
Elle se précipite vers le lit et se jette quasiment dans ses bras. Elle le serre de toutes ses forces, oubliant qu'il vient de se réveiller et qu'il est surement encore fragile.
— Tu es réveillé ! J'étais tellement inquiète... Si tu savais comme tu m'as manqué... Il s'est passé tellement de trucs ! Mais, merci, mon dieu, ils ont entendu mes prières ! Tu es réveillé, c'est tout ce qui compte en ce moment, déballe-t-elle à toute vitesse.
Derrière elle, Pam entend un halètement et quelqu'un partir en courant.
— Docteur Park, il est réveillé ! avertie une voix féminine – sans doute une infirmière - au loin.
Pam se détache de Young-sun et sourit en prenant son visage entre ses mains. Elle fait attention à ne pas toucher le bandeau protégeant son crâne.
— Laisse-moi te regarder...
Mais Young-sun la fixe bizarrement. Elle ne reconnait pas ce regard. Doucement, elle lâche son visage et pose une main sur son épaule.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu te sens mal ?
— Young-sun... C'est mon prénom, c'est ça ?
Elle hausse petit à petit ses sourcils.
— Oui. Tu ne te souviens pas ?
— Vous parlez le coréen à la perfection... En revanche, vous ne connaissez pas les formalités ? C'est très impoli de me tutoyer...
Pam retire sa main de son épaule, sachant déjà ce qu'il allait dire ensuite.
— Surtout quand on ne se connait pas... En fait, je pourrais connaître votre nom ?
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