CHAPITRE 11

23 Septembre 2023

— Voilà à peu près ce qu'il va se passer durant ces neufs mois, termine la fille.

Young-sun cligne des yeux après un long moment. Il est toujours dans le hall, avec son équipe... Et cette fille. Il ignore depuis combiende temps il est perdu dans ses pensées.

La fille ouvre sa chemise à élastique et sort des feuilles. Elle en donne trois premières, accompagnées de stylos.

— C'est une autorisation de droit à l'image, si vous voulez qu'on cache votre identité ou non dans le documentaire.

Young-sun observe ses collègues signer et retourner la feuille à la fille. Il se sent mal. Très mal. Il ne veut rien savoir sur elle, et encore moins travailler avec elle. S'il avait su plus tôt, il aurait refusé ce stupide documentaire.

— Je ne veux pas qu'on me reconnaisse, siffle-t-il.

La fille pose son regard sur lui et il tente de ne pas se laisser happer par la couleur de ses yeux. Elle ne semble pas perturber par sa mauvaise humeur, bien au contraire... Elle lui tient tête.

— D'accord. C'est dommage, vous passeriez bien à l'image... Mais si vous ne voulez pas, vous n'avez qu'à cocher « je refuse » et signer la feuille.

Il pousse un soupir et fait donc ce qu'elle dit. Plus vite il signera cette maudite feuille, plus vite il arrêtera de lui parler. Mais quand il relève son regard sur la chemise, il aperçoit une nouvelle vague de documents.

— Ça, c'est pour nous autoriser à filmer absolument tout ce que vous faites. Évidemment, si c'est trop trash, on pixelisera pour le public... Et les cadavres garderont évidemment leur anonymat, continue-t-elle.

Victimes, reprend Young-sun.

Leur regard se croise, encore. Young-sun veut se gifler. Ça ne peut pas être elle. C'est impossible... Et pourtant, c'est exactement la fille qu'il a vu sur le passage piéton. C'est Poppy.

— Pardon ? lâche-t-elle, les sourcils froncés.

— Ce sont des victimes, pour la plupart, pas de simples cadavres.

La fille jette un regard au caméraman. Son collègue hausse ses sourcils. Elle revient ensuite vers lui, un peu gênée.

— Bien sûr, désolé... Les victimes, rectifie-t-elle.

Elle leur tend une troisième feuille.

— Et ceci est une autorisation pour qu'on vienne avec vous sur les scènes de crime. On en a besoin pour l'immersion totale dans votre monde.

Ses collègues signent sans broncher alors, Young-sun se sent obligé de faire de même. S'il refuse toutes les feuilles, cela entraînera de longues discussions interminables... Et il veut en finir au plus vite. La fille récupère les feuilles et un sourire satisfait imprime ses lèvres.

— Super ! À partir de maintenant, considérez-nous comme des stagiaires. Et ne touchez jamais ce que Sang-kyu est en train de vous mettre. Ce sont des micros-cravates, comme ça, on vous entendra quoi qu'il arrive. Mais si vous y touchez tout en parlant, on n'entendra rien.

Elle se racle la gorge et regarde de bas en haut Young-sun d'un air un peu hautain.

— Mh, pour vous, docteur Kwan, on vous mettra une voix de Chipmunks, vous n'avez pas à vous en faire. Vous resterez.... Anonyme.

— Une voix de quoi ? lui souffle Hyun-su.

Il hausse les épaules. On dirait bien que cette fille le prend pour un idiot. Il est agacé, en fait. Il serre la mâchoire. Cette mauvaise copie de Poppy ne va pas l'emmerder bien longtemps.

— Si vous êtes une stagiaire, alors, vous devez nous obéir, n'est-ce pas ? questionne-t-il amèrement.

— C'est exact, répond-elle beaucoup trop gentiment à son goût.

Young-sun regarde Hyun-su puis le docteur Kang. Les deux lui lancent un regard interrogateur. Il revient ensuite vers la fille, les mains devant lui.

— OK, alors, corvée de serpillère, Poppy, déclare-t-il en se tournant vers l'ascenseur.

— Quoi ? proteste fortement cette dernière.

Ya ! souffle Hyun-su.

— Pas si vite ! enchaîne-t-elle.

Elle le rattrape, pose une main sur son épaule et le tourne pour qu'il puisse la regarder. Il n'en n'a pas envie, mais il est bien obligé. Il voit de la colère dans ses yeux... Ses yeux si familiers. Beaucoup trop familiers.

— Premièrement, mon nom, c'est Pam ! P-A-M et non Poppy ! Je ne sais pas d'où vous sortez ça... Deuxièmement, je ne suis pas là pour faire le ménage... Vous êtes si... Misogyne ! C'est ringard. Vous êtes ringard !

— Je...

Ce n'est pas du tout à ce genre de chose qu'il pensait. Mais, elle le coupe en agitant sa main devant lui. Quelle impolitesse ! Elle laisse Young-sun sans voix. Quand elle se retourne, ses cheveux blonds fouettent son visage. Et d'un coup, elle prend une voix toute mielleuse en s'adressant au docteur Kang.

— Docteur Kang, rassurez-moi, vous allez me montrer tous les trucs cools de votre métier ? Et pas me prendre pour la bonniche de service parce que je suis une femme ? ronronne-t-elle.

— Bien sûr que non, mademoiselle Cosson ! Suivez-moi, je vais vous montrer où on travaille.

— Sang-kyu, commence à filmer, ordonne-t-elle.

Le docteur Kang lance un regard désapprobateur à Young-sun et secoue la tête. Puis, il ouvre la double porte et descend les escaliers en indiquant à la fille de descendre. Le jeune caméraman juge Young-sun de haut en bas, et d'un air mauvais, avant de les suivre. Young-sun se tourne ensuite vers Hyun-su. Ce dernier, sous le choc, a une main collée sur sa bouche. Il la retire.

Hyung... T'as fait fort pour un premier jour, juge-t-il à son tour.

— Ya, je...

Hyun-su s'éloigne pour se diriger à son poste, laissant alors en plan Young-sun. Il n'en revient pas ! La fille vient d'arriver et elle a déjà retourné tout le monde contre lui ! Il tourne les talons vers les escaliers et prend une grande inspiration. Que peut-il arriver de pire ? 

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