CHAPITRE 109

— Et... Vous le croyez ? finit par conclure le lieutenant Jung, après un long silence.

Les sourcils de Pam se froncent lentement. Le lieutenant Jung se redresse sur son siège. Pour avoir un peu d'intimité, Pam lui a proposé de parler en privé dans le véhicule de ce dernier. Elle lui a raconté toute l'histoire : sa découverte des cauchemars de Young-sun au remontage de la Shinjin, puis l'histoire entière de Kim Yae et de Poppy Clarke... Et le fait que ce soit leur vie antérieure. Elle n'a pas mentionné Harin, Hyun-su et Paul pour leur bien... Les impliquer, Young-sun et elle, suffit amplement. Elle n'a pas mentionné non plus ces doutes à propos du lieutenant Baek... Ce ne sont que des suppositions, et il lui faut des preuves.

— Non, je veux dire... Vous croyez vraiment à cette histoire de réincarnation ? C'est... Too much, vous ne trouvez pas ?

Pam se sent offusquée.

— Bien sûr que je le crois, quelle question ! Il n'a pas été cherché cette histoire sur Internet !

— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, mais...

— Je m'efforce de vous raconter le plus grand secret de Young-sun, je le trahis peut-être même pour avoir de l'aide, et vous me riez indirectement au nez ? Je n'aurais pas dû vous le dire, oubliez tout ça ! s'emporte Pam en posant sa main sur la clenche pour ouvrir la portière de la voiture.

— Non, mademoiselle Cosson... Attendez ! Je suis désolé. Je ne voulais pas vous vexer, mais... Mettez-vous à ma place. Si vous n'aviez pas été témoin des cauchemars de Young-sun, l'auriez-vous cru, vous aussi ?

Pam se raidit dans son geste. Elle secoue la tête et pousse un soupir. Elle se tourne vers le lieutenant Jung.

— J'ai foi en lui.

Le lieutenant Jung se contente de l'observer.

— J'ai besoin d'aide. Alors, je vous en prie... Si vous ne le croyez pas lui, croyez-moi, Ilwan-shi. Vous êtes le seul, en dehors de Young-sun et moi, à connaître cette histoire. Je ne voulais pas péter les plombs sans Young-sun, alors je vous ai choisi vous, car j'ai confiance en vous. Tout ce que je veux, c'est comprendre ce qui s'est passé en 1963 pour que Young-sun puisse avoir la vie qu'il mérite. J'ai besoin d'un troisième cerveau pour faire un touché-coulé. Je n'y arriverai pas toute seule.

Le lieutenant Jung acquiesce.

— D'accord, d'accord. J'ai foi en vous, mademoiselle Cosson. Et je vais vous aider, si c'est ce que vous souhaitez. Votre confidence me touche particulièrement... Je ne vous décevrai pas, et je n'en parlerai à personne, rassurez-vous.

Pam pousse un soupir de soulagement.

— Merci, mon dieu.

— Et maintenant... Qu'est-ce qu'on fait ?

Pam se place au fond du siège pour réfléchir.

— L'élément le plus important, c'est la voiture et donc indirectement ce fameux Ran Kang-goo. On n'a quasiment rien trouvé sur lui... Et ça remonte à loin. Il faudra sans doute fouiller dans des archives inaccessibles au public.

— Vous voulez que je m'occupe de ça ?

Pam tourne la tête vers lui.

— Seulement si vous avez le temps. J'irai aussi. Si vous trouvez quoi que ce soit d'intéressant, dites-le-moi.

Le lieutenant Jung acquiesce.

— C'est noté. Est-ce que je peux faire autre chose ?

— Oui. Jusqu'au réveil de Young-sun, demandez à ce qu'on surveille discrètement sa chambre, les allers et venues, ce genre de chose. Je crains qu'il ne soit encore en danger. Le coupable n'a toujours pas été retrouvé, je présume ?

— Non, nous n'avons rien trouvé avec le lieutenant Baek. Le hangar n'a pas de vidéos de surveillance et il n'y a aucun témoin, alors... C'est difficile d'enquêter à partir de rien.

Pam serre la mâchoire. Si le lieutenant Baek est capable d'assassiner un procureur de sang-froid, aurait-il pu agresser un médecin légiste en pleine nuit sans songer aux conséquences ? C'est possible. Mais le lieutenant Baek a oublié une chose... Ces fameuses conséquences, c'est Pam elle-même. 

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