Texte 3
Auteur : hibael28
LUI
Après un tour de galerie, il regarda sa montre, fit un geste d'impatience, entra dans un bureau de tabac -qu'il avait aperçu au loin -, demanda un paquet de cigarette, en prit une et l'alluma après avoir payé, se posa sur une chaise juste devant le bureau, et jeta un regard à son costume tiré à quatre épingles. Il ajusta son col, tira sa dernière taffe, se releva et reprit sa promenade, oubliant carrément sa première réunion qui était dans moins de dix minutes.
Il était depuis toujours une personne ponctuelle, possédant un agenda où tous ses plans de la journée étaient notés. Alors pourquoi cela a-t-il changé du jour au lendemain ?
ELLE
Elle était en train d'observer. Elle l'observait lui, le guettait. Elle le suivait depuis des semaines maintenant, mais aujourd'hui, elle remarqua qu'il était différent.
Quelque chose clochait, mais elle ne savait pas quoi exactement.
Lorsqu'elle le vit entrer dans ce bureau, elle s'étonna.
Depuis quand fumait-il ? se demanda t-elle après la scène devant elle.
Elle continua de le suivre tout le long de sa promenade, en savant très bien qu'en ce moment, il devait normalement se trouver dans l'entreprise, en train de débattre en compagnie de professionnels pour la première fois de sa vie.
À la fin de la journée, elle remarqua qu'il rentra chez lui, mettant fin à son "marathon" car oui, il ne fit que marcher et courir toute la journée, pour une raison quelquonque.
Le lendemain, exactement la même chose se reproduisit.
Elle ne comprenait rien du tout et elle devenait de plus en plus confuse au fil des jours puisque c'était devenu un rituel, et, chaque jour, elle notait absolument tout : ses gestes, ses dits, le trajet qu'il parcourait, les lieux où il partait... Et le soir lorsqu'elle rentrait chez elle, elle révisait pour voir s'il y'avait quelque chose de changé.
Des cas étranges et bizarres, elles en avait déjà vu des dizaines, mais la situation qu'elle avait commencé à étudier depuis quelques jours, la rendait très perplexe et embrouillée.
Pour calmer son esprit rongé par la curiosité, elle décida donc de doubler son travail en le suivant cette fois-ci jusqu'à son foyer.
Le jour d'après, c'était le même trajet et, lorsque fut le moment où il allait rentrer chez lui, elle commença à s'approcher discrètement pour ne pas se faire repérer. Mais visiblement, son approche ne fut pas aussi inaperçue qu'elle ne le prévoyait. Son cellulaire s'était mis à émettre une brève sonnerie puis s'arrêta. Elle avait reçu un simple SMS, comme dans le genre de films d'espionnage lorsque le héros est près de son but et qu'une sonnerie de téléphone perturbe tout le déroulement de la scène à laquelle le spectateur s'attend. C'est cliché, mais ça lui est arrivé.
Lorsqu'il se tourna en regardant vers sa direction, elle comprit qu'elle était grillée.
Mais ce qui suivit l'a surpris. Il avança de deux pas et se stoppa à un mètre d'elle, puis commença à la fixer, en silence. Il la fixait de ses yeux de métal qui brillaient inexpressifs. Il resta dans la même position pendant quelques minutes puis enfonça sa main dans la poche arrière de son jean et en sortit des clés, puis coupa la connexion entre leurs deux regards en se retournant pour traverser le peu de distance le séparant du toit sous lequel il s'abrite.
Il lui jeta un dernier regard avant d'insérer la clef correspondante dans la serrure, pour ensuite disparaître derrière la porte en bois.
C'était flippant pour elle. La façon dont il la regardait était étrange, très étrange même. Lorsque son regard rencontra le sien, son coeur avait soudainement commencé à battre vite, et sa respiration était devenue saccadée.
Ce n'était pas de son habitude d'agir ainsi. Elle était plutôt le genre de personne confiante, sauf que, face à son regard, elle sentait qu'elle était faible. Mais lorsqu'il la quitta, c'était comme un énorme poids soulevé de ses épaules car elle lâcha un long soupir de libération.
Ne trouvant plus rien d'autre à faire, elle retourna à son tour chez elle. Mais elle n'abandonna pas puisque quelques jours plus tard, elle put se faufiler en entrant dans la maison de la personne qu'elle veut déchiffrer. Elle avait trouvé un moyen de se réfugier toute la journée sous ce toit en utilisant une vieille technique qu' elle avait appris lorsqu'elle était plus jeune pour ouvrir les portes verrouillées, et ça marchait toujours.
Elle savait très bien que, si elle se faisait prendre cette fois-ci, c'était fini pour elle, car ce qu'elle venait de faire était illégal, c'est pour cela qu'elle avait pris plus de précautions que la dernière fois, comme le fait de mettre son portable en mode silencieux.
Elle était donc restée toute la journée cachée, et le soir, un bruit de clé se fit entendre au niveau de la porte d'entrée, elle sut alors que ce qui lui restait de faire était de demeurer immobile, tel une statut. Elle essayait avec tant bien de mal de garder sa respiration régulière et douce pour ne pas se faire prendre, malgré ses divers problèmes d'asthme et, le fait qu'elle soit réfugiée dans un placard est un facteur qui la dérange en plus de son stress.
Des pas se font entendre et s'approchent de plus en plus de son emplacement, et elle sentait une boule se former dans sa gorge. Tout d'un coup, le silence régna, puis, quelques secondes plus tard les sons de pas s'éloignèrent vers une autre pièce la laissant soupirer de soulagement.
LUI
Il avait senti quelqu'un le suivre, alors, à chaque fois qu'il voulait entrer chez lui, il regardait derrière lui un bref instant avant d'entrer, comme pour surveiller ses arrières. C'était comme s'il était une proie d'une bête et que cette dernière allait surgir soudainement, à l'improviste, à n'importe quel instant, donc il essayait d'être en garde.
D'autre part, il savait que ce qu'il faisait était mal. Il s'était absenté pendant plus de deux semaines de son emploi, sans donner de nouvelles, et il ne répondait pas au téléphone lorsqu'on l'appelait, alors il savait très bien que tôt ou tard, il allait recevoir un courrier le virant. Il s'en attendait.
Ce soir, il était un peu plus fatigué que d'habitude. Il se dirigea vers sa demeure et, lors de son arrivée devant sa porte d'entrée, il tourna sa tête vers la direction opposée. C'était une nouvelle habitude chez lui. C'était même devenu une sorte de réflexe.
Il injecta la clef dans la serrure et entra. Aussitôt, la chaleur de son foyer s'empara de son corps, alors il enleva sa veste en l'accrochant sur le porte-manteau après avoir verrouillé la porte derrière lui, puis commença sa tournée dans chaque pièce juste pour s'assurer qu'il n'y avait que lui dans la demeure. C'était comme ça. Il était devenu ainsi, doutant de tout et de rien. Il commençait à devenir malade mais il ne s'en rendait point compte. Il commença alors à faire le tour de toute sa maison, commençant par sa chambre. Après avoir fini, il se dirigea vers son salon désordonné et se jeta sur le canapé, épuisé de sa journée.
Il ne faisait cela que pour tout oublier. Il essayait de se sortir de la tête ce qui s'était passé, c'est pour cela qu'il avait cherché un travail, pour se distraire. Enfin, il pensait que ça allait être une distraction puisque visiblement, ça n'avait pas du tout marché, rien n'avait changé, et cela affectait énormément -d'une manière négative - son comportement et sa façon de vivre. Ça faisait plus de deux ans que sa vie avait changé, pourtant, ça l'affecte toujours autant. Il n'arrive pas à leur en vouloir malgré leur ignoble injustice. Il n'a rien fait pour leur rendre la pareil puisqu'il se disait que la vengeance n'est pas la solution à ce genre de problèmes, mais à ce moment, il regrettait de n'avoir rien fait. Les souvenirs noirs le hantaient nuit et jour, et ça l'affaiblissait encore plus de jour en jour. Il savait qu'il allait craquer à un moment ou à un autre, c'est pour cela qu'il avait arrêté. Le fait de cacher ses émotions n'allait pas tenir longtemps, ça avait une limite, et il sentait qu'il était très proche de cette dernière. Il craignait juste qu'il y arrive.
ELLE
Elle était toujours dans le même endroit, dans la même position. Assise mais surtout ennuyée. Elle n'avait rien à faire et c'était très agaçant. Et en plus de cela il y avait un silence. Pas celui qui est confortable, non. Celui qui est très louche et dont on se méfie.
Un petit son résonna soudainement puis, quelques minutes après, elle entendit les même bruits de pas que tout à l'heure, mais cette fois-ci, se dirigeant vers la porte d'entrée. Elle entendit le même cliquetis de clefs qui signale l'ouverture de cette dernière.
Allait-il sortir ? Si c'est le cas, pourquoi le ferait-il ? N'est-il pas tard pour qu'une personne sorte à cette heure-ci ? Des milliers de questions sans réponses trottaient dans sa tête, et il n'y avait qu'une manière de savoir ce qui arrivait réellement : c'est le fait de sortir voir ce qui se passait.
C'est ce qu'elle fit. Elle se dirigea vers l'accès principal qui était entre-ouvert, puis l'élargit un peu plus pour qu'elle puisse passer. Mais, en relevant le regard, elle se figea.
LUI
Il était devant sa boîte aux lettres. Il avoir reçu un message lui demandant de sortir et de voir ce qu'il avait reçu. Mais, lui, il savait à l'avance ce que c'était.
Il trouva une enveloppe où est écrit son nom complet et son adresse, dans la boîte aux lettres.
Il enfonça sa main gauche dans la poche de son pantalon, et en sortit une petite boite métallique.
Il prit l'enveloppe, qu'il n'a même pas ouverte, et lui mit du feu avec son briquet.
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