Les remarques que nous faisons sur la forme sont souvent à propos de ce qui éloigne l'œuvre du format "roman édité" (bien que ce soit large comme désignation). Nous sommes conscients que la publication sur une plateforme telle que Wattpad permet une plus grande liberté de format, mais nous estimons qu'il est nécessaire de maîtriser l'écriture dite "classique" avant d'en briser les règles et d'innover.

     Voici donc les problèmes dans la forme que nous avons le plus souvent rencontrés.

LES FAUTES ET LE MANQUE DE RELECTURE

Le plus important est de relire son texte ! Au moins une fois après l'avoir écrit, et une autre quelques temps après pour avoir un regard neuf et du recul sur son texte. Il est vraiment conseillé de faire une relecture spécialement pour les fautes. Ce n'est ni très agréable ni satisfaisant, mais très profitable pour le texte.

Une mauvaise grammaire / conjugaison / orthographe peut changer le sens d'une phrase. De plus, trop de fautes rendent la lecture difficile et désagréable.

LE QUATRIÈME MUR

Ne pas le briser sans raison ! Pour s'immerger dans une histoire, le lecteur va avoir besoin de suivre les pensées du personnage telles qu'il les développe naturellement. Si le personnage explique quelque chose directement au lecteur comme s'il parlait à quelqu'un, le lecteur se retrouve projeté à l'extérieur de l'intrigue.

Pour résumer : soit le narrateur est dans l'histoire (il est le personnage), dans ce cas il n'a aucun contact avec le lecteur ; soit il est à l'extérieur de l'histoire, dans ce cas il peut se permettre de parler au lecteur, de manière modérée.

Il suffit parfois d'une expression ou d'un mot mal choisi pour briser ce mur.

LE VOCABULAIRE RECHERCHÉ

Pas mal d'histoires s'essaient à un style contenant des mots soutenus, rares, voire anciens. Le danger c'est d'utiliser ces mots dans de mauvais contextes.

Méfiez-vous des dictionnaires de synonymes, car chaque mot a une nuance particulière qui le rend irremplaçable sans changer le sens de la phrase ! Ce sont des outils très utiles pour l'écriture, mais pensez bien à vérifier la définition des mots que vous utilisez et de préférence aussi le contexte pour éviter les incohérences ou fautes de grammaire.

LES DÉNOMINATIONS IMPERSONNELLES

Pour désigner un personnage, il y a son prénom, les pronoms ("elle, il..."), et les dénominations ("le serveur, l'elfe"). Pour éviter les répétitions c'est une bonne idée d'alterner entre ces trois possibilités.

Nous appelons "dénominations impersonnelles" celles du type "la petite blonde, le mentholé (couleur des cheveux), la tachetée (tâches de rousseur), le plus jeune (âge)".
Nous recommandons d'éviter d'utiliser uniquement ce type de dénominations, car elles réduisent le personnage à son apparence, et ainsi créent une mise à distance avec le lecteur.

LE RESPECT DE LA STRUCTURE DU TEXTE

Voici quelques remarques sur ce qu'on appelle la "structure", c'est à dire la manière de présenter le texte.

• Les dialogues

Les dialogues en gras rendent le texte désagréable à lire dès que les répliques dépassent quelques lignes. Pour distinguer le dialogue de la narration il existe déjà la ponctuation (deux-points, tirets, guillemets) et les verbes de parole. De même, ce n'est pas la peine de mettre les verbes de parole en italique.

Quelques histoires ont choisi un format plus proche de la pièce de théâtre que du roman (qu'on a l'air de d'appeler "chronique" sur Wattpad), avec parfois une alternance entre le format classique et celui-ci.
Cela crée une énorme disproportion entre les dialogues et la narration. Dans ces histoires, on sent souvent un important manque de descriptions, de pensées et sentiments des personnages, de gestes et de déplacements... N'hésitez pas à en ajouter !

• La taille des différentes parties

Attention aux phrases à rallonge ! Retenez : "Une phrase = une idée", c'est d'autant plus valable pour les dissertations, lettres de motivation, etc.

Souvent le symptôme le plus visible est l'abus de ponctuation (virgules, points-virgule, parenthèses, tirets longs et deux-points). Si un signe de ponctuation peut être remplacé par un point, préférez le point pour éviter de perdre le lecteur avant la fin de la phrase. Astuce simple : relisez-vous à haute voix, si vous-mêmes n'arrivez pas à replacer correctement les éléments, vous verrez où ça pêche !

Ensuite, il est très important d'aérer son texte ! Ne serait-ce que pour permettre une lecture plus agréable, mais aussi pour que les idées soient séparées en différents paragraphes et donc soient plus simples à repérer et comprendre. Ainsi, gardez en tête : "un paragraphe = un thème".

Quelques histoires ont des chapitres de taille changeante, et souvent ce sont des chapitres très courts. Prenez le temps d'écrire un chapitre qui se suffit à lui-même, qui développe des enjeux, des personnages ou donne des informations.

Une tendance que nous avons observée est de terminer systématiquement les chapitres par une chute, cela peut rendre très bien si c'est maîtrisé, mais cela ne doit pas être un simple prétexte pour être une fin de chapitre, sur laquelle on ne revient pas dans le suivant.

• La poésie

Très souvent, les poésies s'intégrant à une intrigue ne respectent pas les règles de la poésie élémentaires : entre autres un nombre de pieds défini et les rimes.
C'est dommage que l'effort de choisir cette forme complexe soit gâché par ces approximations.

LES POINTS DE VUE ET TYPES DE NARRATEUR

Déjà, un rapide rappel sur les différents types de point de vue et de narration :

Point de vue externe : raconter les événements par un narrateur qui est témoin. Les informations se limitent donc aux actions, aux gestes, aux paroles... Les pensées et les sentiments des personnages restent inaccessibles et le narrateur ne peut qu'émettre des hypothèses à ce sujet.

Point de vue omniscient : le narrateur sait tout, voit tout, connaît tout. Tout est raconté, y compris ce qui se passe au même moment dans des endroits différents. On accède à l'intimité des personnages : on connaît leurs sentiments, leurs pensées, leurs souvenirs...

Point de vue interne : représenter les événements à travers la sensibilité et le regard d'un personnage.

(https://www.etudes-litteraires.com/point-de-vue.php)

On parlera de narrateur intérieur lorsque le pronom utilisé est "je", et extérieur lorsque c'est "elle" ou "il".

(https://zonelitteraire.e-monsite.com/medias/files/narrateurs-focalisations.pdf)

Revenons à ce qu'on s'apprêtait à dire, maintenant qu'on est d'accord sur les mots.

Passer d'un narrateur extérieur à un intérieur sans aucune raison apparaît comme une faute. Si vous faites le choix d'un type de narrateur, cela doit être valable pour le reste du récit sauf s'il y a vraiment une justification fondée.

Chaque changement de point de vue doit être justifié, qu'il y ait un changement de narrateur ou non. Si la seule différence est de changer le pronom sans apporter d'information en plus, alors c'est que ce changement n'était pas nécessaire.

Si jamais un changement de narrateur ou de point de vue doit avoir lieu, faites-le de préférence à un changement de chapitre, ou au moins séparer de manière bien visible les deux parties.

Aussi, mettez le plus vite possible après le changement de chapitre un élément qui exprime de manière évidente que l'on a changé de point de vue ou de personnage suivi : son nom, un rappel de la dernière fois qu'on était avec ce personnage...

Attention cependant à éviter d'utiliser la solution un peu bourrine qui consiste à écrire chaque fois "point de vue" voire même "PDV" (voir le paragraphe sur le quatrième mur).

LES FLASHBACKS

Ce sont à peu près les mêmes remarques que pour les changements de point de vue. Chaque analepse (mot français pour les "flashbacks" dans un livre) doit être justifiée, apporter des éléments nouveaux et être bien introduite de manière visible mais tout en restant subtile.