Je coupe le moteur de ma voiture en soufflant. La journée a été longue et je n'ai qu'une hâte : voir ma petite famille. Ma sacoche en main, je monte les marches pour rejoindre notre maison. Nous l'avons fait construire il y a quelques années et notre seule souhait était qu'elle ait un toit en chaume, ce dont nous en sommes très fiers.

J'entends la voix de ma femme crier à travers la porte d'entrée et je ne peux retenir un sourire. Même si j'essaye d'être le plus discret possible, notre petit monstre sait vers quelle heure je rentre du travail.

– Liam ! Tu n'as pas fini ton ragoût, parvient la voix de ma femme depuis la cuisine.
– Papa !

Je rigole en rattrapant mon petit bonhomme quand il se précipite vers moi. Il m'a l'air bien excité, dans son costume de lutin vert. Du haut de ses quatre ans, il est très dégourdi et surtout, très têtu.

– Bonjour mon grand, dis-je en embrassant ses cheveux, tu n'as pas entendu maman ?
– Si, mais je veux jouer à l'elfe !

Un autre rire s'échappe de ma gorge. Je pose ma sacoche sur le meuble d'entrée et me dirige vers la cuisine avec Liam dans mes bras. Ma femme, avec qui je suis depuis pratiquement quinze ans, m'accueille avec son sourire habituel. La voir avec son chignon complètement défait et son tablier bien amoché avec le nombre d'heures qu'elle passe dans la cuisine me réchauffe le cœur.

– Regarde qui j'ai trouvé devant la porte, je lance en chatouillant notre fils.
– Ne me dis pas que c'est un lutin ?

Ma femme porte une main à son cœur tout en se dirigeant vers nous.

– Mais non, je suis un elfe maman, réplique Liam.
– Il me semble que les elfes finissent leur ragoût.

Elle chatouille à son tour Liam tout en rigolant, me faisant rire avec eux. Je me propose pour monter le coucher, ce que je regrette après une bonne demi-heure à négocier pour qu'il accepte de retirer son costume.

Mais en redescendant les marches, je sais que ça valait le coup de laisser ma femme seule. Sa voix chantonne une musique de U2, son groupe favori depuis leurs débuts. Sa longue robe blanche se balance au rythme des paroles et ce spectacle me fait sourire. Qu'est-ce qu'elle est belle, même de dos. Ce n'est qu'en m'apercevant adossé contre le cadrant de la porte qu'elle arrête son show.

– Tu es rentré tard, ce soir, me glisse-t-elle en essuyant ses mains sur son tablier.
– Je sais, je suis désolé.

Elle hoche la tête tout en s'approchant de moi.

– J'avais hâte que tu rentres.

Je la sers dans mes bras sans attendre plus longtemps. Elle aussi m'a manqué, comme tous les jours. L'amour que je lui porte n'a jamais diminué, au contraire. Il s'amplifie même à chaque fois que je pose mon regard sur elle. Après un doux et tendre baiser, elle saisit ma main et me tire vers le salon.

– Viens, il faut que je te montre quelque chose.

Notre cocon familial ne ressemble plus à ce qu'il a été quand nous vivions à deux. Plusieurs jouets traînent au sol, des dessins de Liam sont éparpillés sur la table basse et quelques-unes de ses peluches remplacent les coussins du canapé.

Un vrai paradis pour lui mais aussi pour nous. Le voir s'épanouir ici, dans notre maison où l'amour règne en maître me prouve que nous faisons du bon boulot. Ma femme m'intime de m'asseoir dans le canapé avant de me tendre une feuille parmis celles sur la table basse.

– Liam a dessiné ça en rentrant de l'école, me sourit-elle.

Je pose ma main sur sa cuisse quand elle prend place à côté de moi tout en observant le dessin. Malgré son jeune âge, on arrive facilement à comprendre ses coups de crayons. Une maison, un arbre, trois bonhommes se tenant la main ainsi qu'un grand soleil.

– Il grandit si vite...
– Regarde de plus près.

De la fumée sort de la cheminée de la maison et quelques traits verts représentent l'herbe autour de celle-ci. Deux des bonhommes ont les cheveux roux, sûrement Liam et moi. Ma femme est représentée par ses longs cheveux blonds mais un détail me frappe.

– Il ne manque pas d'imagination, dis-je en rigolant.

Effectivement, ce qui ressemble à un trèfle à quatre feuilles est dessiné dans ce qui représente le corps de ma femme. À quatre ans, on a une imagination débordante et Liam réclame une petite sœur depuis quelques mois. Ça ne m'étonne pas qu'il l'ait inclus dans son dessin.

Je repose délicatement la feuille sur la table basse avant de regarder ma femme. Ses yeux brillent d'émotion et c'est à cet instant que je comprends.

– Tu...
– Oui, me coupe-t-elle, oui. Je l'ai su ce matin.
– Liam le sait aussi ?
– Non, mais son dessin est tombé à pic, rigole ma femme. Je ne savais pas comment te le dire.

Je n'arrive pas à réaliser et j'ai même besoin de l'entendre de sa bouche. J'alterne mon regard entre ses yeux et son ventre, qu'elle caresse tendrement.

– Nous allons peut-être être quatre avant la fin de l'année... murmure-t-elle en souriant.

Je pose ma main sur la sienne et plonge mes yeux dans les siens. Beaucoup trop d'émotions me traversent, mais ce n'est rien comparé à ce que je lis dans le regard de ma femme. Il y a quelques secondes, ils brillaient d'émerveillement tandis que maintenant, ils sont noyés de larmes.

– Je suis terrifiée, finit-elle par lâcher.
– Tout va bien se passer, mon amour. Je...
– Embrasse-moi.

Je ne me fais pas prier pour me pencher vers elle et lui donner ce qu'elle désire. Notre baiser est différent de celui de tout à l'heure. Il est plein d'amour, de passion et surtout de fierté. Je suis fier d'être son mari et de partager ma vie avec elle. Avec Liam et ce petit lutin qui nous a choisi comme famille.

Il y a encore quelques heures, j'étais au bureau à m'arracher les cheveux sur un dossier qui finalement, ne vaut plus rien à mes yeux. Il n'y a que ces deux personnes et demi dans cette maison qui méritent que je me batte pour elles. Pour nous. Pour notre famille.

***

1047 mots pour ce quatrième défi !
apprenti0auteur EloraQuintin MademoiselleJuillet

Que dire... Défi très compliqué pour ma part. J'ai du recommencer trois fois ce texte avec des idées différentes, à chaque fois !

Je suis déçue du rendu et de l'histoire en elle-même. J'espère tout de même être restée dans le sujet bien qu'il n'y ait pas beaucoup d'éléments du drapeau que j'ai choisi.