😴 Voyageuse des rêves 😴
# Dernier retour pour la première édition du concours avec « Voyageuse des rêves » de ellozis. Comme annoncé lors des précédents chapitres, aucune note ou évaluation. Nous rendrons un classement final une fois l'ensemble des livres lus.
# La première édition du concours touche à sa fin, le classement final arrive dans quelques heures (ou jours) !
« On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter. »
Emmanuel Kant
Lu jusqu'à la fin – Attention, spoilers à signaler !
Retour N°1
La description et la narration toujours aussi subtile et poétique. On ne se lasse pas de ta plume soutenue qui nous enveloppe dans ton univers onirique. Très peu dialogues, voire pas du tout dans les derniers chapitres, mais ce n'est pas un inconvénient. Au contraire, ce choix ajoute à ton récit une originalité, un côté mystique et lointain qui sert très bien ton propos. Cependant, il manque selon moi quelque chose à ton livre pour le rendre parfait : le développement du monde. Il n'apparaît pas assez dans les chapitres. On en connaît peu de ce monde que tu nous as laissés à peine entrevoir. Rallonger les chapitres n'est pas forcément nécessaire, mais je pense qu'il serait plus agréable pour le lecteur de fusionner les chapitres et non de les découper en partie (surtout sur wattpad où chaque chapitre est séparé d'une pub, ça peut être lassant).
Très beau travail encore une fois ! J'ai hâte de voir le résultat perfectionné.
Retour N°2
Que dire hormis que ce livre est l'un des plus spécial que j'ai pu lire sur la plate-forme ? Beaucoup de chose, évidemment 😊
Afin de structurer un peu mon propos, je voudrais commencer par un petit retour sur la mise en forme et l'orthographe. Très peu d'erreurs, ça fait toujours plaisir, même si les coquilles sont plus nombreuses après le chapitre 10, faute à une relecture moins attentive ? Mais, vraiment rien de dramatique, ce sont majoritairement des erreurs d'inattention. Mention spéciale au « môme » au lieu de « même » qui m'a particulièrement fait rire 😅
Bref, les banalités sur l'orthographe passées, rentrons dans le vif du sujet. Pour commencer, tu donnes l'impression d'avoir écrit ce que tu voulais écrire, sans filtres, sans schémas préconçus (étrange, pour un mathématicien). Tu as fait le choix d'un roman sous forme de mémoire, c'est très original et ton écrit sort véritablement des sentiers battus. Est-ce que cela a fonctionné sur moi ? Oui... et non.
D'abord oui, car ta plume fonctionne parfaitement avec ce choix narratif. Le vocabulaire est adapté et les mots choisis avec un soin tout particulier. Ton texte se lit tout seul, c'est vraiment agréable et fluide. Les comparaisons/métaphores sont souvent bien pensées et utiles, elles ne sont pas là juste pour faire genre « je sais écrire des comparaisons ». Je trouve qu'elles apportent du relief au texte. Une m'a particulièrement marqué : le passage qui explique comment Mathéo intervient d'une manière un peu brute dans le rêve de sa mère : une technique « qui revient à arracher des mauvaises herbes en utilisant une pelle : c'est efficace, mais cela manque de précision ». J'aime aussi l'idée que, de temps à autre, la narratrice « franchisse le quatrième mur » (désolé, je ne connais pas l'équivalent littéraire), ça donne une proximité et un changement de rythme bien pensé. Je suis juste sceptique à un moment (ch. 11.2) où je trouve l'interaction narrateur/lecteur trop brusque (même si la phrase est très bien tournée). Sur le style, je reviens sur une remarque que j'avais déjà faite après la lecture des dix premiers chapitres : une sorte de redondance des informations parfois un peu lourde. La forme « mémoire » ralentit déjà passablement le rythme et je pense qu'il faut donc épurer ton texte au maximum afin de rendre la lecture active. Voici quelques exemples que j'ai relevés :
- Chapitre 7 : la rencontre entre la narratrice et le tavernier : tu répètes beaucoup le côté faux généreux du tavernier. De plus, en le surexpliquant, la critique de la société que tu fais en fond perd en finesse et devient presque moralisatrice (donc perd de son effet).
- Chapitre 8 : tu fais une métaphore (Lucille/Loup qui fonctionne à merveille) : à un moment, tu écris : « Je restais le plus calme possible, ne voulant surtout pas la brusquer, lorsque je lui proposai d'aller prendre le petit déjeuner tous ensemble sur la place centrale ; je ne la sentais pas encore prête pour se retrouver à huis clos avec moi ; (il y avait trop de bête en elle pour l'enfermer entre quatre murs sans l'alarmer.) » La dernière proposition entre parenthèses me semble inutile, car la métaphore est déjà posée au préalable, on comprend sans.
- Chapitre 8.2 : "Je descendis bruyamment l'escalier (afin de faire croire à mon départ). Ici aussi, je trouve la seconde partie superflue.
Bref, je semble ergoter, mais dans les premiers chapitres c'est assez fréquent comme procédé et je pense que tu pourrais t'en dispenser sans faire perdre de la profondeur à l'histoire. Je précise que par la suite du roman, ces redondances (s'il y en avait encore ?) m'ont beaucoup moins marquée.
Second point très positif : les personnages. Pour un livre de ce volume, il n'y en a pas énormément, mais j'ai trouvé très intéressant que chacun (ou presque) ait une réelle utilité et que chacun apporte sa pierre à l'édifice. On pourrait te reprocher de n'avoir fait aucune description physique, personnellement, ça ne m'a pas dérangé, car tu développes beaucoup l'aspect psychologique. De plus, ça cadre très bien avec le choix de « mémoire ». En effet, une personne racontant ses mémoires va donner son ressenti des gens qu'il a côtoyés, beaucoup moins la couleur de cheveux ou autres détails « superflus ». Si tu restes avare en information concernant une majorité des personnages secondaires, les autres sont vraiment bien creusés. Déjà, Lucille : j'aime son côté battant, une femme, selon tes mots : « simple, mais pas simplette ». Elle incarne, me semble-t-il, la gentillesse incarnée, sans pour autant être (trop) naïve. Elle refuse tout bonnement de voir le mal chez les autres, même chez la narratrice qui parfois se comporte comme une vraie s... Elle va jusqu'à compatir aux malheurs de la narratrice quand elle fusille la santé mentale de sa propre fille (tout en se doutant de sa culpabilité). Ensuite, Mathéo. Longtemps, on n'en sait pas trop sur son caractère (normal, me diras-tu, il n'a que six ans). Par la suite, cependant, tu arrives à bien montrer son évolution, ses premières perversions, ses actes de révoltes, ses doutes. J'ai trouvé excellent que l'ensemble soit justifié par les actes de la narratrice, qui – et elle en a conscience – reste la première responsable de son éducation et de ses échecs, ou par les différents évènements de l'histoire (cadeaux, arrivée d'un nouvel enfant, première attirance, ...)
Bien entendu, la palme revient à la narratrice. Déjà, je trouve intéressant que tu ne dévoiles son nom qu'à la toute fin, ça concorde encore une fois bien avec le cadre. Mais surtout, tu as su en faire un personnage tout à fait crédible, humainement très imparfaite. Elle est sans arrêt en face de ses propres contradictions. Elle méprise ceux qui jugent alors qu'elle même n'hésite pas à faire de même, de nombreuses fois. Elle se veut droite, mais n'hésite pas à manipuler pour arriver à ses fins (faire le mal pour le plus grand bien). En gros, c'est la reine de l'autojustification. Elle va jusqu'à avouer vouloir sauver Mathéo pour se sauver elle-même. Elle a développé la manipulation au rang d'art. Presque à chaque chapitre, on découvre une nouvelle combine. C'est intéressant, car elle semble dégoûtée d'agir ainsi, mais trouve cependant toujours une raison de le faire. Son but, lors de ses « missions », est contradictoire, car elle cherche à vouloir faire partie du beau monde, mais doit rester en retrait pour éviter que son secret soit découvert. Cette pléthore de contradiction la rend très crédible.
Concernant les autres personnages, je ne vais pas revenir en détail sur chacun d'entre eux. Cependant, j'ai trouvé bien pensé les noms de certains personnages. Par exemple le prince Anatole et ses accointances avec le royaume d'Akaba – qui, dans l'imaginaire – faire référence à l'Anatolie. Idem pour Soliman (pas besoin de sortir la réf.). Je me demande juste si le baron Novak à un rapport quelconque avec un certain joueur de tennis (si oui, je n'ai pas trouvé 😉)
À propos de l'univers, j'ai trouvé les choix narratifs parfaits. Tu proposes très peu de repères « historiques » pour situer l'histoire. On devine bien un monde médiéval – début renaissance – voir parfois limite XVIIe, mais on ne fait que le deviner, car – très justement – tu portes ton lecteur vers le monde des rêves en priorité, et c'est bien fait. De plus, tu as su créer ce monde onirique pour qu'il soit crédible et tu l'expliques parfaitement bien. Les descriptions liées au rêve sont parfaitement maîtrisées. J'ai trouvé le moment avec « la machine » extrêmement maligne et efficace, un véritable tour de force.
Maintenant, je voudrais traiter du choix du style « mémoires » et de la construction du livre. Comme je l'ai dit précédemment, c'est un choix culotté et atypique. Si ça m'a beaucoup plu durant la première partie, j'ai trouvé qu'au bout d'un moment le soufflet retombait un peu. En effet, lors de la rencontre entre la narratrice et Mathéo, j'ai pensé qu'on allait quitter ce mode narratif pour arriver dans une écriture plus active. Ça n'a pas été le cas. En soi, ce n'est pas un problème, mais ça semble tirer un peu en longueur par la suite. C'est sûrement dû au style narratif, mais peut-être aussi à un manque d'intrigue claire. La première partie est excellente (bien qu'explicatif) et nous tient en haleine. On a envie de comprendre, d'en savoir plus, mais ensuite ça s'essouffle par manque d'urgence, de « quête » ou de problème clair à régler. Il y a bien quelques interrogations sous-jacentes (le métier d'espionne, sorcellerie/hérésie, conflit avec Lucille, ...), mais il manque d'un fil rouge solide qui pousse le lecteur à tourner la page. La seconde partie, spécialement, manque d'urgence et comporte certains passages, me semble-t-il, superflus qui ne font pas tant avancer la trame comme la visite dans les jardins (ch. 11) ou le moment au la narratrice recherche activement Mathéo et rencontre un voisin qu'elle rembarre vite fait (ch. 16).
Ce n'est pas inintéressant, loin de là, mais comme tu as fait le choix d'un roman purement narratif, il faudrait plus épurer le texte en ciblant davantage les moments « vraiment » importants pour donner envie au lecteur de comprendre. De plus, même si les personnages sont très bien construits, ce mode d'écriture « distant » rend l'attachement plus compliqué.
Au fil de la lecture, j'ai pensé que Mathéo allait être au centre du dénouement. Cela semble normal, car une grande majorité de l'histoire tourne autour de lui. Je pensais qu'il allait (et tu donnes de nombreux indices) faire tourner les choses, que lui-même allait peut-être mal tourner, mais que la narratrice avait réellement besoin de lui. À la fin, j'ai comme l'impression que l'intrigue commence réellement au chapitre 19 avec la boîte chez Monsieur Niklos. Mais, si le dénouement répond à certaines interrogations et justifie de nombreux détails et choix scénaristiques, il m'a manqué une réponse cruciale : pourquoi la narratrice recherchait-elle et voulait-elle former avec tant d'ardeur Mathéo ? Initialement, quel était son but ? Tu mentionnes parfois, en fin de chapitre, quelques regrets de la narratrice par rapport à ce qu'il va arriver. Implicitement, on attend qu'une méchante tuile lui tombe sur le coin de la tronche, que Mathéo vrille complètement, par exemple. Malheureusement, il n'en est rien. Mathéo tourne un peu, mais ne fait rien de dramatiquement crucial pour le dénouement. Il a bien quelques incidences, mais elles me semblent trop minimes pour l'importance qu'il a dans ton œuvre. Finalement (si on exagère), on pourrait presque se passer de lui pour le dénouement de l'histoire.
Voilà le point fondamental à améliorer selon moi, car l'ensemble reste d'excellente facture. Encore une fois, je tiens à souligner le parti pris (le risque ?) d'un tel choix narratif. Si de nombreux ingrédients marchent à merveille comme les personnages, la façon dont ils sont traités, le monde des rêves ou encore la plume qui se marie très bien avec le genre, je pense qu'il faudrait donner plus d'importance au dénouement et/ou l'amener différemment afin que le lecteur comprenne mieux les enjeux de la narratrice. Peut-être, alléger le rôle de Mathéo ? ou lui donner une importance capitale à la fin ? Bien entendu, cela reste mon ressenti, strictement personnel. Surtout, un grand merci à toi pour cette belle et des plus originales découvertes.
Les retours sur ce livre sont tout à fait personnels, subjectifs et amateurs. En cas de plainte, veuillez me contacter par MP, je promets de ne pas y répondre au plus vite.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top