📝 misstigroo - À la vie, à l'amour, aux cactus

misstigroo

Lu jusqu'au chapitre IX. The beach (sans di Caprio)

❂ ❂ ❂

À la vie, à l'amour, aux cactus – ou les pérégrinations mentales d'une quadra à l'imagination fertile : un voyage en dehors des sentiers battus.

Vous pensez lire les errances émotionnelles typiques d'une quadra en crise ? Détrompez-vous ! Enfin, pas que... Car la valeur de cette histoire ne tient pas tant dans son intrigue que dans son ton tout à fait singulier.

Estelle, puisque c'est son nom, est une jeune femme embarquée dans un périple pas piqué des hannetons au Mexique, un périple qui sent la rupture à plein nez entre elle et son partenaire de longue date, Antoine. Oubliez la lune de miel de deux tourtereaux nageant en pleine idylle ; là c'est plutôt le dernier tour de manège qui donne la nausée, celui de la remise en question, des doutes, de l'implosion.

Celui où l'on se dit : « mais qu'est-ce que je fais là déjà, dans cette vie-là ? » Et surtout : « où est-ce qu'on va ? »

Premier chapitre, le ton est donné, et quel ton ! Estelle laisse son imagination débordante guider et infuser son récit, entre digressions délirantes – parfois absurdes – évocations poétiques et critique acerbe de notre société moderne. Ce quotidien dans lequel on s'englue peu à peu, dont les mâchoires inexorables broient toute velléité de vie, d'originalité et de rébellion. Car Estelle, elle, elle veut vivre, avec un grand V. Et elle veut dire merde au monde, (et à son  ̶o̶u̶r̶s̶  homme mal léché soit dit-en passant.)

Tout vit dans son personnage, tout vibre intensément. C'est bien là la force de ce récit qui ne promet rien de fondamentalement original au premier abord, mais le personnage donne une couleur si atypique et une tonalité si vive à l'histoire qu'on ne boude pas son plaisir. La plume virevolte au gré de ses pérégrinations mentales, tantôt incisives, tantôt poétiques. Les réflexions jubilatoires côtoient la beauté des descriptions de paysages, et sous l'humour cinglant couve une forme de mélancolie universelle.

Cette logorrhée verbale, dont semble affligée Estelle, n'est-elle pas le symptôme, au fond, de son ras le-bol et de sa vision désabusée du monde ? Et cette langue si libre, affranchie des règles classiques de la narration, ne traduit-elle pas ce profond désir de liberté qui l'anime ?

Au fil des chapitres, cela dit, le personnage se recentre quelque peu et l'intrigue se déploie enfin, trouve sa place entre les interstices du bavardage intérieur – et incessant – d'Estelle. Et le lecteur se surprend à se laisser porter par sa plume folle, à savourer chaque miette de son voyage et à se gorger de la beauté piquante des cactus.

Est-ce que je conseille ce livre ?

Si vous ne craignez ni l'originalité, ni les digressions, un grand oui. Si vous aimez les plumes riches et texturées, un grand oui. Si vous aimez les personnages en relief – et les cactus – c'est oui aussi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top