FloraSept

Lu jusqu'au chapitre 16 - Paris : Soleil Noir

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Illusions rassurantes ou un ovni noir et poétique, du naturalisme à la science fiction.

Iris, une jeune femme abîmée, cabossée, ignorant tout de son identité. Marginale et fantomatique. Solitaire. Un cristal dans le poitrail. Des petits larcins pour survivre dans Paris. Qui est-elle ? Personne ne le sait. Un jour, poursuivie par la police, elle est renversée puis sauvée par une étrange famille, composée d'un jeune homme affublé de la même difformité, et de sa mère, une femme qui semble en connaître plus qu'elle ne veut l'admettre. Cette rencontre n'est peut-être pas une coïncidence.

Ce roman est un ovni. Drame psychologique ? Thriller ? Science-fiction ? Poésie ? Surréalisme ? Sans doute tout cela à la fois. À travers l'épopée d'Iris et la sensibilité de la plume, on navigue dans une œuvre de sensations et dans un mille-feuille de genres inattendu.

Le canevas naturaliste de départ – un décor contemporain à la dimension sociale très affirmée –, rugueux, sans concession et d'une profonde noirceur, côtoie un monde de poésie et d'intime, confinant même, parfois, à l'onirisme. Puis, effraction de la science-fiction.

Une empreinte véritable, où chaque mot résonne et a du poids. L'autrice réalise un travail magistral sur la langue. J'ai été subjuguée par le rythme poignant et ciselé, mais aussi par cette poésie lancinante et organique, scandée encore et encore. Si le texte n'est pas toujours parfait – quelques lourdeurs et une certaine radicalité qui peut lasser –, je l'ai trouvé d'une singularité envoûtante, affranchi des « expressions toutes faites » de la littérature. Ici, on sent la recherche de la mise en mots, du langage comme vecteur d'intériorité. Chaque phrase était une découverte et une stimulation pour mon cerveau, parfois engourdi par un cortège de formulations semblables.

Au delà du style, que j'ai trouvé unique, et donc remarquable, l'intrigue prend aux tripes, ne nous emmène jamais où on l'attend ; nullement formatée. Les personnages sont inattendus, complexes et mystérieux. J'ai eu du mal à les lâcher – mais j'avais hâte de boucler le concours, soyons sérieux.

Autre tout petit détail, mais le diable se cache dans les détails : le découpage des chapitres m'a paru extrêmement intéressant, très réfléchi, et la mise en page met en valeur le texte de manière tout à fait graphique, à l'image d'un poème.

Ma seule réserve concerne les changements de points de vue. Jusque-là, ce n'est pas problématique, mais pourquoi la première personne pour tous les personnages et la troisième pour Iris ? J'ai ressenti que cela nuisait à la fluidité et à l'immersion, comme un faux raccord. Cela dit, au regard de la maîtrise générale, je présume qu'il s'agit d'un choix mûrement réfléchi et justifié.

❂ Est-ce que je conseille ce livre ?

« Mais les promesses, parfois, ne sont que des oiseaux dans le vent. Inaccessibles et volatiles visions qui disparaissent dans un miroitement. » Au moins pour cette phrase, OUI.
Plus sérieusement, je trouve Illusions rassurantes particulièrement aboutie. Et, dans l'océan de conformité littéraire, ce livre se distingue avec brio.