Dioleconteur

Lu jusqu'au chapitre 12 : Retour en enfance

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L'Orgue du diable ou un thriller urban fantasy onirique et surréaliste, au cœur d'une (en)quête d'identité.

Rencontrez Abelia, une femme mi-fée, mi-muloup (créature maléfique issue de Donjons et Dragons), partagée entre son humanité et sa bestialité secrète. Son ami, mort dans un incendie, n'a laissé qu'un indice derrière lui, un mot énigmatique évoquant le diable lui-même... Abelia va mener l'enquête, accompagnée de son ami Skätten, commissaire de la BMI (Brigade des Mœurs Inexpliquées). En quête de réponses quant à l'incendie criminel, mais aussi leur propre identité, ce duo rallie le cimetière des frères lunaires, un monde baigné dans un brouillard perpétuel où évolue tout un bestiaire de créatures fantastiques.

Enigmes, visions hypnotiques, onirisme, codes contemporains et fantasy mêlés... Je soupçonne l'auteur d'avoir trempé la pointe de sa plume à la source de Neil Gaiman ! C'est l'impression que j'ai eu à la lecture de ces chapitres à la lisière de deux mondes : urbain et hallucinatoire, où se croisent faunes, Dieu de Pan, prêtresse et même un certain homme de bois, plus communément appelé Pinocchio.

Comme dans un tableau surréaliste, on plonge dans les abîmes d'un monde onirique. Au côté du personnage, on traverse le miroir, symbole familier de la frontière entre deux réalités. Je pense au Sang d'un poète – triomphe même du surréalisme – de Jean Cocteau. (Le name-dropping est ma passion). Cette dualité, du personnage et d'un monde dédoublé, structure l'ensemble du récit. On bascule sans cesse d'une réalité rugueuse, poisseuse et urbaine à un onirisme débridé peuplé d'indices ; vision psychédélique évoquant l'inconscient. Peu à peu, à la rencontre de personnages fantasmagoriques, le puzzle se recompose, pièce par pièce.

L'enquête ne vise pas seulement à élucider un meurtre, mais aussi à découvrir l'identité profonde des personnages : il semblerait que Skätten ne soit pas un simple humain. Quant à Abelia, sa dualité la ronge.

La thématique de la quête d'identité traverse toute l'œuvre. L'héroïne contient en elle la nature même d'un dédoublement, symbolisé en premier lieu par son reflet hybride dans le miroir, qu'on nous présente dès le premier chapitre : un « muloup » pourvu d'ailes de fées, qui la domine et l'emprisonne, gronde en elle, mais lui donne aussi une force vive et brute. C'est un être ambivalent et complexe. Abelia est une femme, mais le doute plane dans les premières lignes ; le personnage est doué d'une volonté farouche, d'une certaine « virilité » même, qu'on pourrait presque attribuer à un homme d'après les stéréotypes de genre. Encore une forme de dualité à l'œuvre ici – presque une métaphore de l'hermaphrodisme, (pardon si je surinterprète) – qui sous-tend d'ailleurs toute l'histoire, et dont la résolution hante l'héroïne.

L'écriture à la première personne est éminemment personnelle, affirmée et sensitive, propre à ce personnage qui n'a pas froid aux yeux et se débat avec sa nature animale. Je regrette simplement quelques tournures alambiquées et un usage de l'imparfait subjonctif qui jure avec le niveau de langue général, gâtant parfois la fluidité. Mais on ne peut dénier à l'auteur un amour manifeste des mots – et des jeux de mots.

Autre léger bémol – mais qui fait aussi partie du genre – c'est le caractère parfois flottant de l'action et de la narration. Que se passe-t-il ? Qui parle ? Le lecteur peut se perdre dans les méandres des réalités alternatives, mais cette perte de repères reflète aussi la rêverie inhérente au texte. En outre, cette volonté de ne jamais rien expliquer aux lecteurs, de ne pas lui prendre la main, d'incorporer le lore au fil de l'action et d'être ainsi au plus près du personnage, de ses sensations, est assez adroit. Le mystère séduit.

❂ Est-ce que je conseille ce livre ?

Oui, pour son bestiaire de créatures surprenantes, son univers onirique singulier – non dépourvu d'une pointe humour grinçant ! –, son grain de folie et son enquête qui promet d'être palpitante.

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Bien le bonjour ! Je suis toujours là. Désolée pour le temps d'attente entre les critiques... Je vais essayer de rattraper mon retard 💪