🧡 Terik
Une larme coula sur sa joue et vint s'écraser sur le sol à ses pieds. S'en suivit une autre, puis encore une autre et ainsi de suite. Terik était brisé et ne pensait ne jamais s'arrêter de pleurer.
Ses larmes amères inondaient la terre à ses pieds et semblait faire pousser l'arbre qui commençait à sortir du sol et à s'épanouir. Ses branches se fortifiaient et ses petites feuilles et fleurs bleu violet étaient en train de naitre d'une éclosion.
Les fleurs violettes étaient sublimes et majestueuses. « Comme ses yeux. » pensa Terik avec douleur. Et l'arbre tout entier malgré le fait qu'il ne soit pour l'instant qu'une ébauche était gracieux et semblait fort, déterminé. Comme elle.
« Maman.... » souffla Terik.
Un homme apparut au loin. Il avait les mêmes yeux bleu vert et la même tignasse brune que le jeune garçon. C'était son père. À sa vue, Terik se redressa et une once de colère noire vint chasser la tristesse amère qui les possédait avant.
« C'est de ta faute... » murmura-t-il. Puis n'y tenant plus, en voyant son père s'approchait de plus bel dans son pourpoint bleu, il hurla :
« C'EST DE TA FAUTE !!!! Tout est de ta faute !!
Terik, laisse moi t'ex...
Et tu n'es même pas fichu de venir à l'heure pour la cérémonie, et de t'habiller correctement !
Mais j'ai été retenu par une mission importante, le Conseil avait besoin de moi... »
Que m'importe ! C'est TA femme ! Et tu l'as tuée !
Je ne l'ai pas...
Oh que si ! Et tu le sais très bien! Tu l'as faite mourir de chagrin ! Elle voulait te rejoindre, te retrouver, elle croyait vraiment à tes histoires !
Me...me rejoindre ?
Oui ! C'était après la lettre où ils annonçaient ton décès! J'ai tenté de la raisonner mais... la voix de Terik se brisa en repensant à ce terrible épisode, elle est morte sous mes yeux. souffla-t-il abattu par les regrets.
Son père, peiné pour son fils, voulu le prendre dans ses bras.
« Ne me touche pas ! N'y pense même pas !
Mais enfin Terik voyons...
Tu me dégoûtes ! Et tu n'es plus mon père ! Ou plutôt tu n'as plus de fils. Va-t-en.
C'est bien ta décision ? En es-tu sûr ?
Oui. Je ne veux pas te parler, je ne parle pas aux assassins. »
Son père, une pointe de remords dans le regard se détourna. Il se mit à marcher lentement et ses épaules se voutèrent un peu plus comme sous le poids de ses actes. Il ne fut bientôt qu'un petit point à l'horizon. Il disparut. De l'horizon. Et de la vie de Terik.
Terik frissonna et resserra sa cape verte sur ses frêles épaules. Les larmes reprirent le contrôle. Et elles ne semblaient jamais vouloir le quitter.
*
**
Un voile de sanglots, faillit s'emparer de l'homme qui se tenait assis sur sa chaise. Il repensait à l'arbre, à son père, à sa mère. Tout lui semblait si lointain maintenant...
« Terik ?
Oui ?
Le Conseil veut te parler.
D'accord je te suis. »
Terik suivit Zarina, une des nouvelles conseillères, qui n'était autre qu'une de ses amies d'enfance, dans les couloirs jusqu'à la porte majestueuse du conseil.
« C'est ici. Bonne chance
Merci, murmura Terik qui sentait l'appréhension le gagnait.
Il poussa la porte en compagnie de Zarina, et se retrouva sous le poids de dix regards si bleus mais tous différents. Il souffla. Inspiration. Expiration. Ce n'était pas le moment de faillir.
« Terik, Zarina nous a dit que vous proposiez votre candidature, comme membre du Conseil.
C'est cela, dit Terik en soutenant le regard perçant de Bronte.
Et pouvons nous savoir vos motivations ?
La question provenait de la conseillère Clarette qui le dévisageait avec curiosité.
« Eh bien... Je... je pense que je suis motivé par le fait de pouvoir aider les habitants de nos chers cités perdues et je pense que nous pourrons, vous et moi, peut-être trouver, avec votre aide précieuse bien sur, des choses nouvelles pour améliorer la vie ici »
Terik avait l'impression d'être de retour dans sa jeunesse, le premier jour où il avait franchi les portes de Foxfire, tellement il se sentait intimidé. Il avait ce sentiment de malaise et de gêne qui s'emparait de lui. Il souffla encore une fois. « Ce n'est pas le moment de sombrer », pensa-t-il.
« Et vous êtes discerneur ?
C'est cela.
Votre pouvoir pourrait être très utile pour le Conseil, et comme l'a dit votre père vous semblait être un jeune homme très sur de vous et prometteur. Il nous semble juste, que vous proposiez votre candidature. Vous pouvez vous retirer, nous allons délibérer.
Mon.. mon père ? ces mots lui brûlaient la gorge.
Oui bien sur, c'est d'ailleurs grâce à son intervention que vous vous trouvez ici. »
Terik se sentait de plus en plus perdu. Son père.... il ne l'avait plus revu depuis ce fameux jour lors de la plantation de l'errant de sa mère. Depuis, il revenait tous les ans, dans l'espoir honteux de revoir son père, qui malgré ses actes, lui manquait, à lui petit garçon perdu.
Mais il avait grandi. Et l'abandon et la tristesse s'étaitent transformé en colère. Comme le premier sentiment qui s'était installé dans son esprit. Et dans son coeur.
Terik sortit de la pièce, perdu. Il ne savait plus ce qu'il ressentait. Ses impressions et ses sentiments étaient si confus qu'ils faisaient chavirer tout son être.
Quand soudain il le vit. Devant lui. Il n'avait guère changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. À part les mèches blanches éparses dans sa tignasse brune et le voile de tristesse dans ses yeux bleu vert.
« Te... Terik c'est bien toi ?
Une larme coula sur la joue du jeune homme.
Oui c'est bien moi papa.
Oh mon fils tu m'as tellement manqué ! Oh je m'en veux tous les jours, et s'il n'en tenait qu'à moi je serais venu te voir bien avant et de même pour Mireina ! Mais les mots que tu m'avais dit sont restés dans ma mémoire et je ne voulais pas t'être désagréable. Je comprends ta colère à mon égard, elle est tout à fait légitime mais... est-ce que un jour tu pourras me pardonner ?
Je... je te promets d'essayer. furent les seuls paroles que Terik put prononcer. »
Et cette promesse, en scellant un lien entre le père et le fils, leva le voile de tristesse dans les yeux de l'un et soulagea le coeur de l'autre.
Une promesse.
Un pardon.
La vie peut s'avérer belle, quand on arrive à revenir sur ses actes et réussir à arpenter un chemin nouveau... Si belle.
« Tu sais mon fils, ta mère, Mireina, aurait été fière de toi »
À l'écoute du nom de sa mère, un élan de colère remonta mais la joie du moment présent reprit le dessus. Forte et glorieuse.
« Tu crois ?
J'en suis sur. »
Et ces derniers mots achevèrent de tisser le lien fragile entre les deux êtres. Ils s'étaient retrouvés. Pour le meilleur et pour le pire. Qui sait ce qui adviendra dans le futur.
Arrêter de ressasser le passé, cesser de se tourmenter pour le futur... vivre le moment présent. C'était maintenant le but de Terik. Et il n'allait pas y faillir. Pour rien au monde
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