Gala du Vannage numéro 3 :
💛Fait par PlumeDeGivre22 :
La musique me parvenait alors même que j'étais dehors, appuyée contre le mur, assise sur la terre. C'était de la torture.
Le paysage luxuriant d'Everglen était plongé dans l'ombre. Sur l'herbe en face de moi, des silhouettes dansantes se découpaient dans la lumière qui me parvenait de la fenêtre.
Dès que j'osais jeter un coup d'œil, je ne voyais qu'un nuage de robes colorées, sophistiquées et preuves d'une certaine noblesse. Non, je n'avais pas ma place parmi elles ; et ça me déchirait le cœur.
Des fois, je détestais le dessin, je détestais ma vie. Je détestais tout le monde pour m'empêcher d'être une fille normale, une fille qui peut être amoureuse de Fitz Vacker et espérer voir cette amour se prolonger, une fille qui peut être assortie.
Quelques fois, je le voyais passer, resplendissant avec sa tunique bleue aux manches brodées d'or et sa longue cape sombre de velours. Il était parfait. Le problème, c'était sa cavalière, car dès que je le voyais, il dansait avec quelqu'un.
Une autre.
Comment lui en vouloir de préférer sa réputation plutôt que moi ? C'est vrai, elle avait déjà été ternie par son exil, puis par la trahison d'Alvar. Mais ça me paraissait tellement injuste, qu'il m'avoue son amour et que ma joie soit aussitôt ternie par les Entremetteurs.
Je n'aurais jamais dû y aller.
Je n'arrive pas à y croire. Moi qui suis amoureuse de lui depuis si longtemps, depuis notre rencontre... peut-être était ce le destin. Je ne suis pas assez bien pour lui.
Bien vite, mon désespoir fit place à la rage. De la rage contre tous. Les deux Entremetteuses, qui ne s'étaient même pas données la peine de chercher l'origine du problème, qui s'était contentées de me donner le résultat sans une once d'empathie ou de la peine pour moi. Le Cygne Noir qui m'avait créée pour être parfait mais qui avait quand même oublié de me permettre d'être assortie. Contre le système elfe, pour être aussi injuste. Contre Fitz pour m'oublier si vite, alors qu'il m'avait promis d'être toujours avec moi, de ne jamais m'abandonner, quels que soit l'obstacle.
Contre moi-même d'être aussi nulle, aussi impuissante face au destin qui me frappe de plein fouet, aussi incapable, aussi pathétique.
Alors, j'ai fait la seule chose à faire dans une situation comme celle-là : j'ai mis ma tête entre mes bras, le frblé facileont contre mes genoux, et j'ai pleuré toutes mes larmes de mon corps.
Ça faisait tant de bien !Je sais que je devais me montrer courageuse, ne plus être la gamine pleurnicharde incapable de remplir la mission que le Cygne Noir lui a confiée.
Mais là, j'en avais marre de me battre.
J'avais trop souffert, sans jamais oser me laisser aller. J'avais cru pouvoir enfouir la douleur tout au fond de mou, l'oublier, la faire disparaître. J'avais tenté de l'ignorer pour que les Cités Perdues soient fières de moi, et comprennent que ma différence n'est pas une fatalité, que si j'ai les yeux marrons, cinq Talents et des capacités supérieures aux autres, cela ne signifie pas que je ne suis pas une elfe pour autant.
Ça m'avait semblé facile. D'autres l'avaient fait avant moi, Ou, tout du moins, semblaient l'avoir fait. Mais je suis sûre que nous avons tous baissé les bras à un moment. Que nous avons tous abandonné. Que nous avons laissé les paroles des médisants rentrer sous notre carapace, que nous nous sommes laissés convaincre de notre impureté, de nos défauts.
Parce que ça fait tellement du bien de se laisser emporter par le monde. De ne plus lutter contre le courant.
Je ne faisais plus attention à rien autour de moi, et lorsque quelqu'un s'est approché, je ne l'ai même pas remarqué. Il a passé son bras atour de mon épaule et je me suis laissé tomber contre lui. Je reconnaîtrais son parfum entre mille, et je n'avais pas besoin de jeter un œil à sa tignasse blonde pour comprendre qui c'était.
Il a attendu que je me calme, et il n'a rien dit. Il m'a simplement serrée contre lui. C'est ce que j'aime chez lui ; il ne dit rien, il est simplement là avec moi.
- Je suis désolée, ai-je murmuré, allongée contre lui.
- Tu n'as pas à l'être, a-t-il répondu.
- Si, ai-je rétorqué. Tu as passé ta vie entre une traîtresse de mère et un père qui te méprisait. Je sais par expérience qu'il n'y a rien de plus horrible que de décevoir tes parents ; c'est vrai, d'habitude, ils nous aiment tels que l'on est, mais pour certains d'entre nous.... je pense qu'on peut ignorer le monde entier avec un ego assez solide, mais ses parents... ça brise le cœur, parce qu'on ne trouve plus la force de nier les défauts que nous trouvent les autres. Et pourtant, tu ne t'es jamais plaint.... Alors que moi, je ne fais que pleurnicher alors que tout le monde est autour de moi et que je reçois tant d'amour.
- Tu n'as pas à avoir honte. Tu as passé une enfance encore pire que la mienne, Sophie. Tu n'as jamais su trouver ta place chez les humains. Et pourtant, lequel de nous deux rejoint les Invisibles ?
- Keefe ! Arrête ! Tu as joué les agents doubles chez eux et tu nous as tellement rapporté !
Je sentais qu'il voulait répondre, mais j'ai soupiré, sans lui laisser le temps de parler.
- C'est tellement horrible. Il est là, de l'autre côté. Et moi, j'attends que ça se finisse, je pleure alors que tout le monde s'amuse, tout ça parce que je ne peux pas être assortie.
- Je comprends.
Je me suis tournée vers lui. Comment pouvait-il me comprendre ? Il n'était pas amoureux de Fitz... si ?
- Depuis des années, a-t-il repris, j'aime une fille. Mais cette fille ne me regarde jamais. Elle en regarde un autre. Dès que j'ai la chance de rencontrer son regard, qu'elle m'accorde un sourire que je peux enfin me retrouver seule avec elle, l'autre arrive, se l'approprie, et ça y est, je n'existe plus. Je suis pathétique de le détester alors que, comme moi, il ne cherche que le bonheur... et qu'il la mérite plus que moi.
Je me suis tournée vers lui. Il avait l'air beaucoup trop malheureux, ça me brisait le cœur. Alors - je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic dans mon cerveau - je me suis penchée vers lui pour l'embrasser. Et je me suis rendue compte à quel point je lui était reconnaissante d'être là pour moi.
Sauf qu'au même moment, une partie du mur explosa. Keefe me poussa à terre, tandis que les invitées du Gala du Vannage de Fitz poussaient des cris de terreur.
Alors, je vis avancer plusieurs silhouettes encapuchonnées et cachées à l'intérieur du champs de force.
Avec évidemment, un œil blanc cousu sur leurs épaules.
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