C'est Jolie !
Texte de PlumeDeGivre22
" Je pense que je n'ai pas besoin d'écrire ton nom sur cette lettre. Je sais que tu es la seule à pouvoir la trouver et la lire.
Si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que c'est probablement ma dernière chance de te dire au revoir.
Je suis sûre que tu es en train de froncer les sourcils en te demandant si c'est moi qui écris cette lettre. Tu te dis sûrement que ce n'est pas dans mes habitudes d'être aussi pessimiste.
Eh bien, figure-toi que je suis actuellement enfermée dans une maison en flammes.
Tu dois te dire : " mais quelle idiote. Elle est coincée dans un incendie et au lieu de courir vers son luminateur ou tout simplement de fuir la maison, elle prend le temps de m'envoyer une lettre ?"
Tout simplement parce que je n'ai nulle part où aller. Le feu m'a coupé toutes les issues, et à moins de trouver miraculeusement une tenue ignifugée quelque part, je ne pourrai jamais attendre le luminateur. De toute façon, cette partie de la bâtisse a déjà dû s'écrouler.
Alors je t'écris à toi - pas à mes parents, non, ni à Brant. Mais à toi.
Non, tu n'es pas ma fiancée, non tu n'es pas ma mère. Mais tu as toujours été comme une sœur pour moi. Alors, quand j'ai aperçu du papier et un crayon sur mon bureau, j'ai immédiatement pensé à toi.
Te souviens-tu du jour où nous nous sommes rencontrées ? C'était le début de notre année de Niveau 1, nous étions toutes les deux nouvelles et nous ne connaissions pas vraiment Foxfire. Nous nous sommes mêmes perdues, une fois. Je m'en souviens comme si c'était hier - j'avais peur d'être punie alors que nous n'étions que le troisième jour, je pleurais, et tu m'as rassurée et consolée. C'est à ce moment-là, je crois, que nous avons commencé à nous rapprocher.
Nous nous sommes toujours soutenues mutuellement. Nous étions inséparables, à Foxfire comme dans la vie, et personne ne nous voyait jamais l'une sans l'autre. Nous étions très sociables, nous avions beaucoup d'amis, mais ce n'étaient que des connaissances. "
" Je ne vois pas pourquoi j'écris ça alors que tu t'en souviens, toi aussi.
Lorsque j'ai rejoint les Invisibles pour le compte du Cygne Noir, il n'y a qu'à toi que je me suis confiée. Et tu n'as pas essayé de m'en empêcher, car tu savais que je ne t'écouterais pas. Tu m'as simplement suppliée de faire attention.
Il faut dire que le danger, le camouflage, tu les connaissais. Tu faisais partie du Cygne Noir bien avant moi, tu t'infiltrais chez les humains. Je m'étais mis en tête que, si tu pouvais travailler pour eux, alors moi aussi.
Il n'y a que toi à qui j'ai osé parler du mal que j'avais fait pour m'infiltrer chez les Invisibles, de ceux que j'avais tués. Tu m'as aidée à faire disparaître mes horribles cauchemars, comme tu as toujours su le faire. Sans toi, j'aurais probablement craqué.
Nos disputes se comptent sur les doigts d'une main. En fait que qualifierais notre relation comme "fusionnelle" et je pense que tu es celle qui me manqueras le plus, lorsque je ne serais plus de ce monde.
J'aimerais te demander un tout petit service. Rien qu'un tout petit.
Est-ce-que tu te rappelles du jour où nous étions toutes les deux coupé une mèche de cheveux ? Nous l'avions mise dans une petite pochette, à cause d'un délire que nous avions eu pendant une heure d'étude.
Et quelques jours plus tard, nous avions toutes les deux décidé de donner notre ADN pour le Projet Colibri.
Tu sais à quel point ce projet me tient à cœur. Alors j'aimerais que tu donnes à Calla un de mes cheveux quand tu iras chez le Comité. Je ne tiens pas à ce que tout le Cygne Noir soit au courant ( tu me connais, je n'aime pas me dévoiler entièrement à tout le monde ) et je sais qu'elle gardera le secret.
J'espère que ce n'est pas trop te demander. Après tout, tu as déjà fait beaucoup pour moi. "
Il y a peu, tu m'avais dit de me méfier de Brant. Qu'il n'était peut-être pas celui que je croyais. Je m'étais énervée, je t'avais traité de tous les noms - d'ailleurs, nous ne nous sommes pas reparlé depuis.
Et c'est toi qui avais raison. D'habitude, je t'écoutais toujours, je suivais tes conseils. Mais aveuglée par cette fourbe chose qu'est l'amour, j'avais ignoré tes paroles.
Si tu savais comme je m'en veux...
Le feu progresse lentement mais sûrement jusqu'à moi. Je n'en n'ai plus pour longtemps, alors je vais devoir finir cette lettre rapidement. Je n'aurais qu'à la mettre dans mon pendentif, que je lancerai par la fenêtre.
Je te connais, je sais que tu viendras ici pour voir de tes yeux ce qui est arrivé. Après tout, selon toi " il faut voir pour croire". Toi seule sais comment ouvrir mon pendentif. Je sais que, si quelqu'un lit ces mots, ce sera toi.
Sache que je t'aime, je t'adore même, tu es sûrement la personne qui compte le plus pour moi. Je veillerais sur toi depuis l'au delà, enfin, s'il existe.
Je n'ai pas peur de la mort. Ce n'est qu'un nouveau départ.
Il ne reste plus que quelques mètres épargnés par le feu. Je dois me dépêcher si je veux que tu tombes un jour sur cette lettre.
Alors, il est temps que j'écrive les six derniers mots :
Ceci est mon chant du cygne. "
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