Texte 2
Métaphore
J'ouvre les yeux. Je me suis endormie. Un doux soleil de printemps me caresse le visage. Je souris. Et je me relève. Je cligne des yeux. Pourquoi suis-je sur une île ? En Bretagne ? Face à moi, la mer bat son ressac. Je sens les embruns fouetter mon visage. Je regarde l'océan furieux de ne pas pouvoir vaincre d'une seule vague les imposantes falaises sur lesquelles je me tiens. Qu'y-t-il derrière ces eaux tumultueuses ? Que cache cette couleur bleu gris ? Je voudrais un jour y plonger et découvrir les profondeurs sous-marines. Oh ! J'imagine volontiers un royaume mystérieux. Je ferme les yeux.
Et je rêve. Les eaux s'écartent ; je passe. Des bancs de poissons tournent autour de moi. Tant de couleurs dansent et mènent une joyeuse farandole. Une sirène me frôlent. Un poulpe m'envoie un baiser de l'une de ses tendres tentacules. Je frémis. Tout est calme. Seul le doux murmure de la mer, trépignant et frémissant, transperce le silence. Je me sens bien, sereine...
Mais soudain j'ouvre les yeux. Je suis toujours en haut de la falaise cependant... Tout se met à tourner, vite... de plus en plus vite. Ma tête me lance. Je titube. Et mon corps m'emporte en avant. Je chute. Oh ! J'ai peur ! Mon cœur menace de lâcher. J'ouvre de grands yeux de chouette effarée. Le vent breton me malmène, me pousse et me rejette violemment. Je m'envole, je retombe. Mais je suis lourde. Je touche l'eau. La tempête m'emporte avec rage contre les rochers. Je vais mourir. Je suffoque. L'eau salé m'entre dans la bouche et je crache, je tousse. Je lutte. Je ne veux pas mourir.
Une main me saisit le bras et me ramène brusquement sur la grève. Épuisée, je reste un moment à tousser, à reprendre mes esprits. Je redresse les yeux. Un éclair de folie les traverse. Je veux crier. Un korrigan ! L'étrange bête rit de mon air niais. Elle porte de longues oreilles bien plus grosses que sa tête ; un nez long et crochu ; une bouche large et déformée par une grimace qui ressemble vaguement à un sourire ; sa peau est brune et ridée. Faut-il hurler, rire ou pleurer ? Je me sens mal.
Oh ! Je ne comprend plus rien ! Qui est ce korrigan ? Que fait-il ici ? Pourquoi suis-je tombée de la falaise ? Pourquoi suis-je sur cette île ? Je veux savoir. Désespérément. J'ai peur soudain. Le korrigan sourit. Je hurle. Mes nerfs sont à bout. Je voudrais le frapper jusqu'à ce qu'il m'explique tout. Je voudrais me rouler sur le sable mouillé pour laisser mon désespoir s'échapper. Je veux savoir. Et je ne sais rien.
- Qui es-tu ?
Il ne répond pas.
- Qui es-tu ? Qui es-tu ? Qui es-tu ? Répond !
Je m'arrête brusquement. Qu'il est laid ! Peut-on être aussi laid ? Il est petit. Sa peau brune forme des plis qui ressemble à nos rides. Ses yeux petits et noirs semblent creux. Je veux le frapper. Je cris :
- Répond !
Seul un rire lui échappe.
- Es-tu vivant ?
Je le touche. Il existe. Je me calme et le fixe du regard.
- Je sais que tu es un korrigan. Tu m'as sauvé de la noyade. Tu vis.
- Je sais que tu es Claire. Tu étais au bord du gouffre. Tu étais perdu. Je suis ton ange gardien. Je t'ai sauvé, énonça-t-il d'une voix douce
Je l'observe avec étonnement. Une métaphore. C'est tout ce que je vois. J'étais perdue sur l'île. Je me drogue et je bois. Ma vie est perdue. Je suis tombée de la falaise. J'ai volé et je suis tombée en prison. Le korrigan m'a sauvé. Mon ange gardien. Quelle étrange rencontre ! Est-elle prémonitoire ? Quelqu'un viendra-t-il me chercher dans la prison où j'ai été enfermé ?
Je ferme les yeux. En les rouvrant je suis dans ma cellule. La porte s'ouvre. Entre un homme. Je l'observe attentivement et réprime un sourire. Il me dit :
- Tu es libre. Tu peux sortir de prison.
Il s'appelle Nicolas. C'est mon fiancé. Ces traits ressemble étrangement au korrigan. Nicolas... Tu es mon ange gardien. Nicolas... Le korrigan avait dit vrai. Nicolas... Tout n'était que métaphore.
De ClaireDarci
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