Chute 19
Transformé(e).
Le souffle court et une migraine me tenant fermement le crâne, je m'extirpe tout doucement des draps. J'observe longuement chaque détail du visage de mon épouse en me haïssant un peu plus au fil des secondes parce que ma famille ne mérite pas tout ce que je m'apprête à lui faire subir et pourtant, j'y suis déterminé. Je sais qu'on ne gagne pas à tous les coups, mais, demain soir, à la clarté d'une lune complète, je pourrai m'endormir entouré de ce bien être que j'ai toujours cherché.
Le coeur battant, je me lève, veillant à ne pas faire craquer le parquet et m'habille dans un silence de mort. Enfin,
je sors et ferme tout doucement la porte derrière moi.
J'entre ensuite sans un bruit dans la chambre de mon fils et je dépose ma lettre sur la couverture sous laquelle il se trouve endormi :
« Mon chéri, mon ange, mon amour, lorsque ton réveil sonnera et que tu ouvriras cette lettre, je serai parti. Je reviendrai un jour, juré . Je me suis en allé triste pour revenir heureux, je sais combien il t'a été difficile de vivre aux côtés d'un père dépressif et absent.
Souviens-toi simplement que rien ne doit être condamné à l'éternité et que si un jour, te prenait l'envie de tout changer, tu n'aurais pas à hésiter.
Papa. »
Je me penche une toute dernière fois au dessus du petit lit. Son corps immobile et endormi restera bel et bien ma dernière vision de lui. Je lui ai fait la promesse de revenir tout en sachant que je n'y serai jamais convié ; que pensera sa mère quand elle saura que je suis parti pour une raison aussi grossière à ses yeux ?
Je me résigne au bout de longues minutes à sortir de cette chambre, afin de ne pas être tenté de faire marche arrière au dernier moment. Je descends les escaliers le plus silencieusement possible et je tente malgré tout de me réjouir complètement de ce départ en pensant au fait que dans quelques jours, je me promènerai au bras de mon véritable amour, assumant pleinement ce que je suis.
Dans le salon, mon regard s'arrête sur le coffre à jouets de mon fils, je jette un coup d'oeil autour de moi pour m'assurer d'être seul et j'ouvre la malle en bois rouge qui ne sert plus à personne depuis plusieurs années déjà. Je fouille parmi les vieilles peluches et les figurines en plastique quand je tombe enfin sur le sac à dos noir que j'avais dissimulé à cet endroit ce matin même. Dans ce petit sac réside le stricte nécessaire pour mon séjour à l'hôpital. Je m'assure d'avoir remis le coffre en place, puis je quitte l'appartement, sans un regret.
Là, devant ces portes métalliques ouvertes qui m'invitent à pénétrer dans l'ascenseur, je réalise que je suis sur le point de briser tout ce que je me suis efforcé de construire. Mais, lorsque me revient à l'esprit qu'en bas de cet immeuble m'attend le bonheur auquel je n'ai jamais pu goûter ; je tape sur le bouton du rez-de-chaussée.
Deux jours plus tard...
Je me suis réveillée il y a quelques heures, sous le regard b bienveillant de mon cher et tendre. Le médecin à dit que l'opération s'était relativement bien déroulée et que d'ici une à deux semaines, je pourrai rentrer chez moi. Je souffre atrocement, mais les fortes doses de cortisone m'aident à tenir le coup et au fond de moi, je sais que cette douleur est éphémère et qu'elle n'a d'égal au grand bonheur ressenti présentement. J'ai rectifié cette erreur de la nature avec pour seul soutient la seule et unique personne capable de comprendre mon geste. J'ai dit adieu à ma famille, à mes amis, mais aujourd'hui commence ma vie. Il m'aura fallu patienter 34 ans et ce dans un sentiment de mal-être indescriptible pour devenir ce à quoi j'avais toujours été destiné.
Je suis passé d'homme à femme et bientôt, après un long chemin, je passerai de Alexander à Olga .
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