⑧ Huit Décembre: Un Baiser Inattendu ⑧
- L'histoire ! L'histoire ! L'histoire !
- Patience papillon !
- Tu es en retard !
- Pas du tout ! Enfin, qu'est ce aujourd'hui ?
- "Un baiser inattendu" de LaPetitePlumeAnonyme
Les enfants se rassemblèrent au centre de la salle pour admirer leur travail fini. Beaucoup souriaient. Ils étaient tous très fiers de voir les boules de Noël qu'ils avaient posées pendre des branches des sapins. Les couleurs doré, rouge et argenté illuminaient le haul de la mairie dans lequel les arbres d'hiver se trouvaient. Les jeunes, dont l'âge variait de cinq à presque dix-huit ans, avaient passé l'après-midi à décorer l'immense pièce, sous le regard attentionné de leurs parents, qui parfois s'étaient joints à eux pour atteindre les branches les plus hautes. Cette activité était une tradition dans la petite ville. Chaque année, presque tous les mineurs s'y inscrivaient. Il n'y avait pas de nombre maximal. Plus il y avait de personnes, mieux c'était. Tout le monde adorait participer à l'habillage des sapins.
Il n'y avait plus qu'une chose à faire.
- Il ne reste plus que les étoiles ! s'écria Madame Annaël, l'organisatrice.
Quelques personnes s'avançèrent. Elles portaient dans leurs mains de grosses étoiles dorées, qu'elles devaient poser sur le haut des sapins. Il s'agissait pour la plupart d'adultes, qui avaient gentiment proposé de participer à cette étape. Ces parents se dirigèrent tous vers un arbre différent, où d'autres personnes dépliaient de longues échelles pour leur permettre d'atteindre le sommet des sapins. Tout en faisant attention à ne pas tomber, ils montrèrent jusqu'aux dernière marches de celles-ci et déposèrent délicatement la décoration. Aussitôt, les enfants applaudirent et poussèrent des cris de joie. Ils avaient terminé.
~
- Madeline !
Agathe se retourna. Quelqu'un venait d'appeler sa petite sœur, qui marchait devant elle en jouant avec la neige. C'était en fait Evan, le meilleur ami de la petite fille, qui était arrivé dans le village quelques mois avant.
Les deux enfants se rejoignirent et commencèrent à se courir après, tandis qu'Agathe souriait de leur amusement.
- Ils s'entendent vraiment bien ensemble, pas vrai ?
Elle sursauta. Elle n'avait pas entendu arriver le grand frère d'Evan.
- Oui. Ils sont trop mignons.
- C'était génial, cet après-midi.
Agathe tourna la tête vers l'adolescent. Elle ne connaissait de lui que ses cheveux roux et ses yeux bleus. C'était la première fois qu'ils se parlaient. Ils s'étaient déjà vus à la sortie de l'école de leurs petits frères et sœurs, mais ils n'avaient jamais eu l'occasion de commencer une conversation.
- Tu t'appelles ?
- Agathe. Et toi ?
- Hugo.
Elle prit le temps de l'observer, afin de confirmer l'impression qu'elle avait eue la dernière fois qu'ils s'étaient vus : le jeune homme était plutôt beau garçon.
Ils ne savaient pas de quoi parler, et cela se voyait. Les seules choses leur venant à l'esprit était de simples questions sans importance.
- Il fait froid, aujourd'hui, déclara la jeune fille qui en avait assez de leur silence.
- Ouais.
Agathe avait envie de se mettre une claque. Que faisait-elle ? Elle passait pour une idiote incapable de parler d'autre chose que de la pluie et du beau temps.
- Quand avez-vous déménagé ici ?
Il lui sourit.
- Il y a cinq mois. Mes parents en avaient assez de vivre à Paris. Ici, c'est plus...
Il chercha ses mots.
- ...reposant, compléta Agathe en riant.
- Oui, exactement ! dit-il avec un sourire.
- Et... Ça n'a pas été trop difficile de quitter tes amis ?
Il haussa les épaules, pour répondre que cela n'avait aucune importance. Agathe respectait ce silence, même si elle devinait que le garçon mentait.
- Tu habites vers où ? Peut-être que mon frère aimerait inviter ta sœur, un de ces jours.
Elle fut vexée par le changement de sujet. Ils commençaient à bien s'entendre ! Pourquoi reparlait-il de leurs frères et sœurs ?
- En face de la librairie.
Il tourna vers elle son beau visage.
- C'est vrai ? J'adore les livres !
- Ah bon ? Moi aussi !
Elle rougit, en priant que la neige cache son visage. Enfin une véritable conversation !
- J'aime beaucoup les livres anciens. Je trouve ça passionnant, continua-t-elle.
- Je préfère les BD.
La jeune fille perdit son sourire. Elle avait espéré pouvoir parler des derniers livres qu'elle avait lus, pourtant Hugo ne s'intéressait qu'aux images.
- Je déteste cela.
Elle se trouvait dure, mais c'était la seule façon de faire comprendre au jeune homme qu'elle ne souhaitait pas parler de bandes-dessinées.
- Je m'en doutais... murmura-t-il pour lui-même.
Agathe ne comprenait plus rien. Il s'intéressait à elle ? Elle aurait juré qu'il ne prêtait attention qu'à ses stupides illustrations. Pourtant, elle se tût, et aucun des deux adolescents ne parlèrent durant quelques instants.
- Je peux te demander un service ?
La jeune fille sursauta.
- Euh... À moi ? demanda-t-elle.
- Non, au bonhomme de neige derrière toi ! rigola Hugo. Bien sûr que je te parle à toi !
Une fois de plus, Agathe rougit.
- Et qu'est-ce que c'est ?
- J'aimerais me mettre à lire, et j'ai besoin que quelqu'un me conseille de bons livres pour commencer.
L'adolescente sourit.
- Bien sûr !
Durant les minutes suivantes, ils parlèrent livres, Hugo notant les conseils d'Agathe. Ils ne perdaient pas de vue leurs petits frères et sœurs qui faisaient la course dans les rues sombres de la petite ville.
Malheureusement, tout bon moment a une fin.
- C'est chez moi, annonça tristement Hugo en pointant une maison du doigt.
- Ah...
Maintenant qu'ils allaient se séparer, la jeune fille ne savait plus quoi dire.
- Je suis content d'avoir enfin pu parler avec toi, avoua l'adolescent.
- Moi aussi, répondit-elle.
Ils fixèrent leurs pieds quelques instants.
- Bon, et bien... chuchota Hugo.
S'approchant alors de sa nouvelle amie, il posa ses lèvres sur celles d'Agathe, la prenant par surprise. Elle sursauta, mais ne se dégagea pas, n'osant avouer qu'elle en rêvait depuis le début de leur conversation. Elle fut par contre forcée de s'éloigner lorsqu'elle sentit une matière glacée dégouliner sur sa joue.
- Eh ! cria-t-elle.
Madeline et Evan la bombardaient de boules de neige. En riant, Hugo se plaça devant elle.
- Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, je vous protège.
Les deux petits commencèrent alors à chanter :
- Oh les zamoureux ! Oh les zamoureux !
Agathe ramassa de la neige qu'elle tassa entre ses deux mains.
- Vous allez voir ce que vous allez voir !
Ainsi commença une joyeuse bataille entre les quatre enfants, d'où s'échappaient rires et cris de joie.
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