⑫ Douze Décembre: Retour ⑫

"- Moi, j'espère que ce sera une grande histoire aujourd'hui !
-Je ne peux rien te promettre avant de débuter ma lecture, Miss. Quel est le titre d'ailleurs ?
-

"Un retour innatendu"  de Gothycka ! "



Les préparatifs du Réveillon

Me levant de bonne heure, je sors discrètement de mon lit pour ne pas réveiller Marine, qui dort encore, dans la chambre à côté. Je jette un œil à la pièce et la voit, roulée en boule dans ses couvertures, ses cheveux crépus regroupés en de minuscules tresses, sortant à peine des draps. Elle semble en plein rêves, et cela me ravit.

Après lui avoir déposé un baiser sur le front, qui ne la fait même pas bouger, je descends dans la cuisine et me prépare un café serré, qui me permettra de tenir les quatre heures de route qui nous amènerons, Marine et moi, jusqu’à la maison de mes parents. Ce soir, nous fêtons le réveillon de Noël avec eux, mes deux frères et leurs conjoints, ainsi que les enfants de mon aîné. Mais, sans mon épouse, une fois de plus. L’année dernière, elle était en mission en Irak. Cette année, je ne sais pas même où elle se situe, puisqu’il lui est interdit de me le dire. Militaire de formation, capitaine dans l’armée de terre, Camille ne m’a jamais caché son rêve de pouvoir aider et sauver des populations de la guerre. Mais moi, aujourd’hui, cadre dans une boîte « standard », je vais devoir expliquer une nouvelle fois à notre enfant que sa maman ne sera pas là ce soir, tout en espérant qu’elle puisse nous contacter.

Ma tasse à la main, mon premier réflexe, comme chaque jour, est de me connecter depuis mon ordinateur à Skype, attendant un possible appel de ma femme, qui ne viendra pas.

- Papa !

- Oui, ma puce, j’arrive !

Marine agrippée à mon cou comme un petit singe, je descends les escaliers pour la poser dans le canapé, devant la télévision, avec son bol de lait aux céréales pour manger. Ce sont les vacances aujourd’hui, et durant cette période, regarder les émissions pour enfants le matin est autorisé. En plus, Marine a très bien réussi son premier trimestre de CE2, et nous avons fini ses devoirs hier après-midi. Maintenant, pour une semaine, elle sera en vraies vacances et profiter de tous les moments de bonheur qui attendent un enfant de son âge.

- Dis papa, maman va venir à la Webcam aujourd’hui ?

- Je ne sais pas, ma puce. En tout cas, elle va tout faire pour, tu le sais ?

La mine de ma fille se renfrogne légèrement, et je me pose à côté d’elle, lui enlevant le bol vide des mains. Je déteste la voir ainsi, et tente une nouvelle fois de la rassurer.

- Tu sais, maman t’aime très fort. Elle sera là dans deux jours, elle a tout fait pour pouvoir être près de toi pendant les vacances.

- Je sais ! Mais c’est nul de pas avoir sa maman à Noël ! Tous mes copains et copines ont leur maman pour Noël !

- Maman va rentrer le 26, dans deux dodos…

- Je suis plus un bébé ! Je ne parle plus en dodos !

- Oh si, tu es encore mon bébé !

Je me jette sur elle, la martyrisant à coups de chatouilles qui la font se recroqueviller dans tous les sens, au rythme de mes attaques et de ses éclats de rire.

- C’est bon, papa ! Arrête ! Au secours !

- Alors, tu files sous la douche et nous partons chez papi et mamie !

- Oui !

Sur cet instant de bonheur, je vois ma fille s’élancer en courant dans les escaliers et entends la porte de la salle de bain claquer derrière elle. Je suis soulagé de la voir rire et sourire mais, lorsque je regarde à nouveau mon ordinateur, je me rends compte que Camille ne nous a toujours pas contactés.

L’appel manqué

Les quatre heures de route se passent bien mieux que je ne l’avais cru. Ni gel, ni neige ne sont venus nous déranger et, malgré quelques bouchons, la musique nous a maintenus éveillés tout au long, Marine chantant autant qu’elle le pouvait. Sa voix aigüe est très agréable et je pense que j’ai pu apprendre tout le répertoire des derniers Disney. Même si je commence à me lasser de « Libérée, délivrée », qui passe pour la cinquième fois, entendre ma fille hurler est pour moi une grande aide, m’empêchant de m’endormir sur l’autoroute trop droite.

A peine arrivés devant le portail de mes parents, leur chien Punch saute dans les bras de ma fille et l’odeur délicieuse d’un gâteau au chocolat et noisettes nous attire immédiatement.

- Pierre, Marine ! Vite, entrez, vous allez prendre froid !, s’écrie ma mère.

- Ne l’écoute pas, elle a trop peur des méchants microbes, me murmure mon père en m’aidant à descendre nos sacs du coffre.

- Je t’ai entendu, Robert ! Ne pense pas que je suis devenue sourde !

Les entendre ainsi se chamailler me fait sourire. Après plus de cinquante années de mariage, ils sont toujours aussi amoureux et complices. Ce moment joyeux me fait immédiatement penser à mon épouse et je regarde mon téléphone, maintenu dans mon sac durant tout le voyage. Un juron m’échappe.

- Enfin, Pierre, ta fille n’est pas loin…

J’ai raté un appel de Camille…, soupiré-je.

- Oh… mon garçon, elle pourra rappeler…

Je relève les yeux vers mon père en souriant. Malgré le nombre d’années depuis lesquelles mon épouse est en mission, il ne semble toujours pas comprendre que les appels via Skype ne sont pas aussi simples. Tous les militaires doivent pouvoir y avoir accès, via des canaux sécurisés, et durant seulement quelques minutes. Si nous avons raté cet appel, il est fort probable que Camille ne puisse pas à nouveau nous contacter ou alors demain. Je jette un œil vers ma fille, que ma mère tente désespérément de faire rentrer dans la maison, alors qu’elle lance un bâton à Punch. Je lui avais promis que sa mère l’appellerait et que ce serait un très bon moment. Comment vais-je donc lui annoncer que cela ne pourra pas se faire, juste parce que mon téléphone était dans mon sac et que je conduisais ?

- Rentrons ! Ou sinon, tu connais ta mère, elle va faire une attaque à l’idée que la petite ait attrapé un rhume !

- Oui, tu as raison. Marine, on va rentrer !

- Déjà ? Je veux jouer avec Punch moi !

- Tu pourras jouer tout à l’heure, ma puce. Allez, viens !

Telle une fusée, ma fille passe devant moi à toute allure, oubliant même de s’essuyer les chaussures. J’entends ses cris de satisfaction, accompagnés de ceux de mes neveux et nièces. Avec tout cela, je n’ai pas même pris attention aux voitures de mes deux frères, qui sont déjà arrivés, l’un avec son époux et l’autre avec sa compagne.

- Pierre ! Marine est superbe ! Elle a encore grandi !, s’exclame le plus âgé, en me voyant dans l’encadrure de la porte de la salle.

- C’est vrai, elle est un véritable ange.

- Adan m’a dit que Camille n’avait pas pu faire en sorte d’être présente…

Et voilà, une nouvelle fois, il a fallu qu’Adan, Monsieur Parfait, avec son épouse parfaite et ses trois enfants parfaits vienne raconter ma vie à notre petit frère, Loric. Comme toujours. Non, ma femme n’est pas là, elle n’a pas pu venir et je suis seul avec ma petite Marine. Et alors, qu’est-ce que cela peut bien lui faire ? Tandis que je me sens légèrement agacé, mon trésor vient vers moi pour me donner un bisou sur la joue. Comment réussir à lui dire que nous avons raté l’appel de sa mère ?

- Ce n’est pas grave, de toute façon, elle va pouvoir vous contacter !, tente de me rassurer Loric.

- Oui ! D’abord, elle appelle à quelle heure, maman ?

Et là, le drame se joue devant mes yeux. J’ai l’impression que je vais gâcher cette fête familiale à ma fille de huit ans. La prenant à part, je l’amène avec moi dans le salon, vide de toute âme, et pose un genou à terre afin d’être à sa hauteur.

- Ma puce, je ne sais pas comment te le dire mais…

- Maman va venir ?, s’exclame-t-elle, un sourire étiré aux lèvres et les yeux pétillants de joie.

- Non, ma puce. Et… nous avons raté son appel.

Marine ne dit plus rien. Le regard baissé, les poings serrés, elle semble comme mise en pause. Mais, je sais que notre petit volcan ne va pas tarder à entrer en éruption. Elle ressemble beaucoup à sa mère, à ce niveau-là. Spontanée, très réactive et surtout totalement explosive. Lorsque je tente de la prendre dans mes bras, elle me rejette aussitôt, en criant :

- Non ! Je ne t’aime plus !

Et je la vois se précipiter dans les escaliers, probablement pour se réfugier dans mon ancienne chambre.

- Laisse-la un peu, Pierre, me conseille mon père en me posant une main sur l’épaule, tandis que je me relève pour la suivre. Elle a juste besoin de digérer l’information.

J’acquiesce, tout en regardant les escaliers. Ça y est, j’ai bien peur d’avoir définitivement broyé le Noël de ma fille…

En attendant le Père Noël

Après avoir laissé passer la crise de larmes de Marine, je me rends dans la chambre pour qu’elle vienne manger. Elle ne répond pas et je rentre, la trouvant assise sur le lit, regardant ses petits chaussons en forme d’Olaf, de la reine des neiges.

- Comment vas-tu, ma puce ?

- Moi aussi, je voudrais avoir une maman comme mes copains et copines.

Je m’assois à côté d’elle et lui prends la main.

- Tu sais, maman t’aime de tout son cœur…

- Je sais, mais elle n’est pas là. Et en plus, on a raté son appel. Du coup, je pourrai même pas la voir…

- Elle revient dans deux jours, ma puce. Tu vas voir, ça va passer très vite.

- Mais moi, j’aurais voulu qu’elle soit là aujourd’hui !

La répartie de ma fille me rappelle mon épouse. Aussi têtues l’une que l’autre. Lorsqu’elles ont une idée en tête, impossible de les en décrocher.

- Elle m’avait dit qu’elle essaierait de revenir pour Noël…

- Oui, mais tu sais, ça ne dépend pas que d’elle… Il y a beaucoup de soldats et d’officiers qui souhaiteraient passer Noël avec leur famille…

- Oui, mais l’année dernière, maman était déjà pas là !

- C’est vrai… Allez, si on descendait manger ? Il est vingt heures et il faut que nous ayons fini avant d’aller à la messe pour laisser venir le Père Noël !

- J’ai pas envie d’aller à la messe… C’est chiant…

- Mais ! Qui t’a mis ce genre de mot à la bouche ?

- C’est Omar !

Je soupire, en pensant aux compagnons de ma femme, qui ne pensent pas toujours à contrôler leurs paroles quand elle discute avec nous. Ils sont habitués à vivre entre eux, et leur ambiance fraternelle est le plus important pilier pour mon épouse. Cependant, ils ne prennent pas forcément attention aux mots qu’ils emploient, que ce soit lorsque Camille nous appelle ou lorsqu’ils viennent à la maison.

- Contente ou pas, il va bien falloir sortir de la maison pour que le Père Noël ne passe !

-Mais
- Et c’est tout ! Allez, ou je te chatouille !

Sur cette simple « menace », ma chère petite Marine, dans son costume de Tiana (la seule princesse noire de Disney, qui lui ressemble beaucoup, d’après ses copines), sort en courant de la chambre, et je suis de loin ses tresses qui retiennent ses cheveux crépus.

- Allez, nous partons à la messe, les enfants !

On ne peut pas dire que l’annonce de ma mère fasse fureur auprès de ses quatre petits-enfants, mais nous parvenons tout de même à les habiller chaudement. Ma fille s’empresse de monter dans la voiture de Loric et Ralph, son époux, qui l’adorent, tandis que je vais conduire mes parents jusqu’à l’église.

Durant tout le trajet, qui pourtant ne dure que quelques minutes, ma mère ne cesse de me parler de mon épouse, et mon père de me demander pourquoi je ne l’ai pas rappelée. De mon côté, après avoir tenté d’expliquer une nouvelle fois que je ne peux pas contacter Camille comme je le souhaite, je tente de détourner la conversation sur ma petite princesse.

- Papa ! On va être en retard !

La voix aigüe de Marine, qui court autour de ses deux oncles, lorsque nous arrivons enfin à nous garer stoppe la discussion, et je la prends par la main pour entrer dans la petite église du village qui, comme à l’accoutumé au Réveillon, est presque remplie. Nous nous posons au milieu de la nef, non loin de voisins de mes parents. Lorsque le curé s’avance et l’orgue commence à jouer ses notes mélodieuses, je jette un regard sur ma fille, qui retient un rire. Décidément, sa mère a déteint sur elle… et j’en suis ravi.

*
*     *

Maman !

A la fin de la messe, il est minuit passé. Ma fille est encore bien éveillée, malgré les quatre heures de route et la journée accumulée, sans compter le repas fort copieux effectué par mes parents.

- Tu es prête, Marine ? Nous allons découvrir ce que le Père Noël a apporté chez papi et mamie !

- Moi, j’aimerais qu’il ait apporté un appel de maman…

Je prends ma fille dans mes bras, élevant son visage au niveau du mien, en soupirant :

- Oh, ma puce… Ne t’inquiète pas pour maman…

- Je ne m’inquiète pas, papa. C’est juste que j’aurais voulu la voir…

Je serre un peu plus fort ma princesse. Camille me manque énormément également et je m’en veux d’avoir raté son appel.

- Tu sais, maman trouveras surement un moyen de nous appeler demain.

- Pierre ! Camille ! Vous venez ? Les petits ont hâte de découvrir leurs cadeaux ! Et ils sont fatigués !

L’appel d’Adan nous coupe dans notre échange et je repose ma fille par terre pour me diriger vers la voiture, à côté de laquelle m’attendent mes parents, transis de froid.

- Je suis désolé, je vais mettre le chauffage.

- Ce n’est rien, fiston ! Le bien-être de Marine passe avant notre confort, me rétorque mon père.

- C’est quand même dramatique qu’une mère de famille ne puisse pas être présente aux côtés de sa fille le soir de Noël…

- Maman, c’est son travail !

- Mais pourquoi être militaire ? Elle aurait pu faire bien d’autres choses !, s’exclame-t-elle.

- Tu sais, si elle avait travaillé dans la restauration ou dans l’hôtellerie, ça aurait été pareil…

Ma mère ne répond pas, et je sais qu’elle cherche une réponse à ma phrase.

- La société actuelle est bien triste…

J’acquiesce en silence, pensant avant tout à ma fille, qui doit bavarder avec Loric et Ralph, tout en oubliant pas un seul instant que sa mère est en mission bien loin. Mes pensées s’égarent vers Camille, qui doit se trouver dans une tente, un bunker, un abri, qu’en sais-je, avec ses collègues et ses soldats, en grande partie masculin. Elle a énormément travaillé pour passer capitaine l’année dernière. Elle a dû se battre, casser les aprioris de ce monde à majorité masculine, mettre en avant toutes ses qualités physiques, intellectuelles, et de commandement. Elle a tellement donné pour nous apporter une stabilité économique, à Marine et moi, que je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être présente aujourd’hui. Quoi qu’en pense ma mère, je sais que mon épouse a tout fait pour venir, et que Marine sera ravie de la retrouver dans deux jours.

Une fois la voiture garée, nous entrons rapidement dans la maison, et les quatre enfants se précipitent vers le sapin, en dessous duquel le Père Noël a déposé tous ses cadeaux.

- Papa ! Regarde ! Il y en a pour maman aussi ! Et tiens, pour toi !

Je me retrouve rapidement avec plusieurs paquets dans les mains et, comme tout le monde en cette soirée, je déchire avec hâte les papiers cadeaux que les petits elfes ont mis tant de temps à confectionner.

- Regarde, papa ! J’ai eu la poupée que je voulais !

Je détaille avec curiosité la poupée vampire, que Marine aime tant, ainsi que les autres jouets qui lui ont été apportés. Dans le salon, auprès du sapin, règne une ambiance assez chaotique, entre les cris des enfants, les bruits de papiers arrachés, les rires, et le flash de l’appareil photo de mon père, qui nous donne à tous des étoiles plein les yeux.

- Han ! Elle a eu la poupée !

- C’est trop génial ! Maman, j’ai eu mon camion !

A cette petite phrase anodine, je vois l’éclat dans les yeux de ma petite princesse changer rapidement. Je devine immédiatement la déception qui l’emplit à ne pas pouvoir, elle aussi, montrer ses cadeaux à sa mère.

- Le jeu que je voulais !

- Marine ! Regarde ce paquet !, s’exclame mon père en me lançant un clin d’œil.

Grâce à son intervention, les yeux de ma fille redeviennent ceux d’une fillette. Les éclats des enfants et la présence de ma famille m’emplit le cœur de joie. Même si l’absence de mon épouse est pesante, la joie de ma fille est ce qui m’est de plus précieux.

Les plus jeunes sont partis dormir, le calme reprend peu à peu la maison. Je profite donc de cet instant de répit pour regarder mon téléphone. Aucun appel en vue. Il en est de même pour mon ordinateur, que j’allume à l’instant.

- Maman a pu appeler ?

- Non, ma puce. Mais elle le fera demain.

- Tu me réveilles, hein, papa ? Même si maman appelle à huit heures !

- Bien sûr, ma petite puce. Allez, il est très tard, il faut que tu ailles dormir.

Ronchonnant un peu, Marine accepte de monter avec moi dans sa chambre qui, après s’être mise en pyjama, entre dans le lit.

- Dis, papa, tu me raconterais une histoire ?

- Oui, ma puce. Même si tu es un peu grande pour ça !, lui répondis-je, en lui faisant un clin d’œil.

- Non, on n’est jamais trop grand !

- Tu veux quel conte ?

- La fée noire !

J’accepte et ouvre le livre de conte. Celui-ci est son préféré, que sa mère, à la peau couleur caramel foncé, adorait lui raconter quand elle était petite. Pas étonnant qu’elle l’ait choisi.

Alors que Marine s’est endormi depuis déjà quelques minutes, j’entends le vibreur de mon téléphone et suis surpris de constater que mon épouse m’appelle depuis son téléphone personnel. Me dépêchant, je descends rapidement les escaliers et décroche.

- Ma chérie ! Je suis tellement heureux de t’entendre ! Comment vas-tu ? Je suis désolé pour tout à l’heure, j’étais sur la route…

- Pas de problème, mon cœur. Tu es bien chez tes parents ?

- Oui, et toi ?

- Aussi.

Je reste un instant sans voix, ne comprenant pas ce que veut dire mon épouse.

- Par contre, je veux bien que tu m’ouvres. Il fait beaucoup plus froid ici que là où je suis en mission.

- Je… je…

Je me précipite vers la porte d’entrée et ouvre sur Camille qui, vêtue de sa tenue d’armée et sac à dos à ses pieds, me regarde de ses grands yeux foncés. Je l’enlace fortement, ayant besoin de savoir si elle est réellement présente ou s’il s’agit d’un mirage.

- Mais… comment ?

- C’est pour cela que je vous appelais hier. Pour vous informer que j’avais eu une permission !

- Marine va être tellement contente !

- Elle dort ?

- Oui, viens.

J’entraîne dans la maison mon épouse, et nous montons doucement les escaliers. Une fois devant la porte de mon ancienne chambre, elle semble hésiter un instant, craignant de troubler le sommeil de notre enfant. Puis, délicatement, elle pousse la porte et entre sur la pointe des rangers. Elle tend la main vers notre fille et lui caresse le front, avant de lui embrasser la joue.

Marine ouvre les yeux, et l’éclat que nous y voyons nous transcende aussitôt. Elle est surprise, mais la joie remplace très vite ce sentiment.

- Maman !

Notre fille autour du cou, Camille rit aux éclats et je la rejoins sur le lit de Marine. Finalement, ce Noël sera peut-être l’un des plus beaux.

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