Volta-Os/Travalia
Cela faisait neuf mois qu'elle errait dans les nuages, neuf mois que son ventre s'arrondissait, neuf mois qu'elle le suivait du regard chaque jour. Quand la voiture en contre-sens avait frappé son pare-choc avant elle n'avait pas réalisé tout de suite qu'elle allait mourir. C'est la tête sur le volant qu'elle comprit que l'odeur de fumée dans ses narines et le voile rouge qui tombait lentement sur ses yeux annonçaient sa mort prochaine. Elle avait mal dans tout son corps et son esprit dérivait vers son aimé: Tom. Il était au bal, il l'attendait.
Le nom de son fiancé mourut dans sa gorge et ses yeux brûlés par la fumée la piquèrent violement au contact des larmes salées. Tout cela disparut: la douleur, l'odeur du feu et le crépitement des flammes. Elle se trouvait maintenant devant la grande porte de la salle de réception, elle était fraîche et pimpante, comme elle l'était quelques minutes plut tôt. Elle poussa les portes et avait dansé comme jamais avec son rouquin, s'imprégnant de lui, une dernière fois.
Elle était morte en portant son enfant, elle était enceinte et n'avait pas pu le lui annoncer. Quand elle donna naissance à l'adorable petite brune elle était seule, elle n'avait pas ressentit de douleur, l'enfant n'avait pas crié. Tout se faisait dans le silence dans ce monde. Deux jours après la naissance elle se pencha un peu trop et tomba droit sur l'homme, un miracle. Ce fut le moment où l'enfant poussa ses premiers cris, elle n'oublierait jamais l'expression de Tom à cet instant.
-Célia ?
Elle aussi se mit à pleurer, ses ailes l'avaient aidée à ne pas s'écraser et se rabattaient dans un froissement. Elle serra le petit corps auquel leur amour avait donné vie tout en se collant à son fiancé, il l'entoura de ses bras qui avaient maigris et l'étreignit comme jamais il ne l'avait fait. Il avait caché son visage dans son cou mais elle sentait ses larmes couler le long de sa peau.
-Je n'ai cessé de te regarder de là-haut... Lui confia-t-elle.
-Je savais que tu ne pouvais pas disparaître ainsi... Affirma le roux en la regardant de nouveau dans les yeux.
Elle lui sourit, désolée: elle allait devoir repartir. L'enfant avait toujours sa place dans ce monde alors qu'elle avait été rayée de la carte. Elle voyait qu'au fond de lui il le savait alors elle se tut, elle prévoyait de rester au maximum avec lui et d'en profiter. L'enfant avait arrêté de pleurer et prit place dans les bras du jeune père qui la regardait avec curiosité.
-Comment elle s'appelle ?
-Je ne lui ai pas donné de nom... Choisissons ensemble! Sourit la brune.
Après une heure de discutions ils en arrivèrent au nom d'Alice: la chute des deux brune dans ce monde leur a fait penser à la chute d'Alice au Pays des Merveilles. Le nouveau-né dormait paisiblement et Tom l'observait et la couvrait déjà d'un regard paternel protecteur. Célia buvait la scène des yeux, elle devait ce tendre moment au tout Puissant et ne cesserait jamais de l'en remercier.
Malheureusement cette idylle devait prendre fin après cinq bonnes heures, elle devait rentrer. Aucun des deux fiancés ne voulait cela, mais aucun n'avait le choix non plus. Alice allait rester avec le roux alors Célia l'eut dans les bras durant les adieux, Tom les serrait fort et elle se remit à pleurer. Ayant comprit les intentions de leur propriétaire les deux ailes blanches se détendirent majestueusement en laissant voler des plumes.
Le dernier baiser fut déchirant pour eux deux, emplit de tristesse et de douleur. Le baiser poser sur le front de la petite aussi. Elle ne le quitta des yeux à aucun moment quand elle déploya ses ailes pour s'envoler, lui non plus. Il tenait fermement leur fille contre lui et avait les traites tirés, elle ne sentait plus les larmes couler tellement son visage était mouillé. Elle tendit la main et il fit de même, leurs doigts se caressèrent.
-Je t'aime. Tellement. Lui dit-elle, la voix entravée par ses sanglots.
-Moi aussi, ma chérie. Et je t'aimerai toujours! Lui cria-il.
Elle sourit avec un amour débordant et recula, il était temps. Elle fit battre ses ailes: une fois, deux fois. Elle les fit battre assez pour décoller. Elle envoya un dernier baiser à ses deux amours avant de disparaître dans les nuages, à jamais.
De retours dans ce monde monochrome elle ne cessa d'observer sa famille: sa fille grandissait bien et son rouquin avait appris à vivre avec son absence. Leur fille était spéciale, mais après tout elle venait de loin.
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