SabrinaCatrain


- Allez !! S'il-te-plaît Edith !!

- NON!! N'insiste pas, je t'ai déjà dit mille fois que je ne viendrais pas avec toi apprendre ses chants stupides, entourée de petit vieux parce que c'est Noël... Pour moi ça ne change rien... m'énervé-je contre mon amie Bina.

- Franchement, t'es pas drôle... Tu n'imagines pas comme c'est un plaisir d'être devant les maisons et chantonner ces chansons, amenant un peu de joie et de chaleur dans les foyers, s'émerveille-t-elle, croyant me faire changer d'avis.

Voilà, plus d'une semaine qu'elle me travaille au corps, au sens figuré bien sûr, n'allez pas imaginer des choses, pour que je participe avec elle à jouer les ténors en chantant "Petit papa Noël" pour qui veut l'entendre. Non, mais franchement, qui s'émerveille encore de nos jours devant ces crétins qui se gèlent les miches sur le paillasson de leur maison.

Puis Noël ça se fête en famille et non pas faire le pingouin de happy feet...Ou le manchot peu importe, à s'égosiller et faire une envolée de canard avec nos voix de crécelle.

- Puis d'abord, il n'y a pas que des petits vieux...Blaireaute...me dit-elle en tirant la langue. C'est dommage, tu aurais pu faire la connaissance du beau Roger...

Je pars dans un éclat de rire en pensant à Roger Rabbit, allez savoir pourquoi, et elle croise ses bras, fronçant les sourcils, attend en tapant du pied que j'arrête de glousser.

- C'est bon ? T'as fini de faire la dinde ? me demande-t-elle.

- Hey !! Dinde toi-même, l'insurgé-je, irritée une fois de plus, cessant immédiatement de rire.

Je saisis mon sac à main et m'apprête à l'abandonner de la table de notre bistrot habituel. S'en est trop et je ne supporte plus son sarcasme. Tout ça parce que je refuse de l'accompagner...

Non, mais c'est un comble ?!!

- Quand tu arrêteras ton comportement de gamine capricieuse, tu m'appelleras. Tu connais mon numéro ? lui dis-je en colère avant de quitter la salle.

Elle me regarde comme deux ronds de frites et le mutisme s'est enfin occupé d'elle depuis ce début de soirée, mais ce fut de courte durée, lorsqu'elle hurle que je me trouve dans la lettre "D" de son répertoire, juste avant que je ne ferme la porte du bistrot.

La colère dû à notre échange s'insinue sur tous mes muscles et je bougonne dans ma moustache en avançant à pas francs sur les trottoirs verglacés. Puis tout s'accélère... Mon pied droit n'adhère plus au sol et je dérape en essayant de retrouver mon équilibre en balançant mes bras, mais la chute va être plus que douloureuse pour mon fessier et je me crispe encore plus croyant minimiser les dégâts.

- Hola !! Entendé-je derrière moi en même temps que je sens deux bras me soutenir pour éviter l'effondrement de mon popotin, mais l'inévitable arriva.

Mon fessier est amorti par un autre corps derrière mon dos et une plainte me percute le tympan d'une énième personne courant vers nous.

- Edith !! Roger ? Euh....RO.GER !!! entendis-je la voix chantonnante de Bina avec son air enjoué qui m'agace à ce moment précis.

Je vais l'étrangler, retenez-moi sinon je vais en faire de la charpie et la dinde fourrée que je suis, va la donner à bouffer au cochon.

- Bonsoir Sabrina, entendis-je d'une voix rauque la personne sur laquelle je suis assise.

Je sens le rouge me monter aux joues et tente désespérément de me remettre debout en m'accrochant comme je peux au blouson du type, mais il a été plus vite que moi. La situation gênante dans laquelle je me trouve à cet instant fini de m'achever sur mon triste sort. Je suis à genoux devant lui, mes mains s'agrippant à la ceinture de son pantalon alors que ma joue frotte sa cuisse musclée, parce que je continue de glisser sur mes genoux.

La Honte est un faible mot face à ce que je ressens, croyez-moi...

Deux poignes me soulèvent en un temps record et je suis de nouveau sur mes pieds, mes yeux se plantant dans un chocolat noisette que sont les iris de mon héro. La bouche bée devant cet homme poivre et sel, bavant littéralement comme un chien devant son morceau de sucre, me projette hors du temps, où toute vie humaine et surtout celle de Bina, disparaît autour de nous.

Je ne savais même pas qu'un mâle de se genre existait pour de vrai ou alors je suis tombée sur la tête et je suis en train de rêver, mais je ne crois pas que je pourrais imaginer une telle chaleur dégageant de ses mains sur les miennes.

Un George Clooney à la française et je suis sous le charme.

- Le monde est petit dis-moi, nous étions justement en train de parler de "toi" avec Edith !! Enchaîne mon amie.

- Et que lui disais-tu à cette charmante dame ? Sourit-il en posant ses lèvres sur le dos de ma main.

Il fait super chaud ou ce n'est que moi ?

- Je lui disais que nos chants de Noël étaient très enrichissants, émotionnellement parlant. Et du coup Edith nous accompagne ce soir pour découvrir le reste du groupe, lui dit-elle. N'est-ce pas ? me demande-t-elle et je la foudroie du regard, en me détournant du George... Euh... Roger...

- C'est gentil de venir nous soutenir Edith, me sourie-t-il.

Les lèvres incurvées vers le haut de Bina, rayonnante de sa victoire, finissent par avoir raison de moi et je capitule en affaissant mes épaules et soupirant silencieusement.

Roger passe mon bras sous le sien et nous partons tous les trois vers cette maudite salle où mes pauvres petites oreilles vont en prendre pour leur grade. Les décorations de Noël égaillent les murs et un sapin immense trône la pièce, habillé de guirlandes lumineuses et de petits objets en bois peint pendant sur les branches de l'épicéa. Un petit groupe de cinq personnes les attendaient autour d'un café pour certain et d'un chocolat chaud pour d'autre.

Bina se rue sur le chocolat et Roger me demande gentiment ce que je désire et lui dis bêtement la même chose que vous avec un sourire idiot. Je me gifle intérieurement, puis il revient avec un café latté entre les mains. Il me tend un gobelet et l'odeur fumante plait drôlement à mes narines et le goût est tout aussi doux sur mes papilles.

Une musique démarre en bruit de fond dans la salle et une voix commence un chant que je ne connais pas, puis elle est suivie d'une autre, jusqu'à ce que tout le monde se mette à chanter , accompagné d'un violon qu'une jeune fille joue merveilleusement bien.

"Oh ! quand j'entends chanter Noël

J'aime revoir mes joies d'enfant

Le sapin scintillant, la neige d'argent Noël mon beau rêve blanc
Oh ! quand j'entends sonner au ciel
L'heure où le bon vieillard descend
Je revois tes yeux clairs, Maman
Et je songe à d'autres Noëls blancs


La nuit est pleine de chants joyeux
Le bois craque dans le feu
La table est déjà garnie
Tout est prêt pour mes amis
Et j'attends l'heure où ils vont venir
En écoutant tous mes souvenirs


Oh ! quand j'entends chanter Noël
J'aime revoir mes joies d'enfant
Le sapin scintillant, la neige d'argent


Noël mon beau rêve blanc
Oh ! quand j'entends sonner au ciel L'heure où le bon vieillard descend Je revois tes yeux clairs, Maman Et je songe à d'autres Noëls blancs Je revois tes yeux clairs, Maman Et je songe à d'autres Noëls blancs"

Un frisson entier me parcourt le dos par autant d'émotion et de chaleur en les entendant prendre du plaisir à ce qu'ils aiment faire... Chanter Noël... Noël blanc...

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